Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Environnement

Peut-on faire confiance à Enbridge et à ses « faiblesses » ?

Dans un communiqué émis ce matin, Équiterre et Greenpeace ont réitéré leurs inquiétudes concernant le projet d’Enbridge suite à la diffusion d’un reportage à la télévision de Radio-Canada révélant plusieurs faiblesses dans le pipeline Ligne9 d’Enbridge qui passe sous le terrain d’une résidente de la Rive-Nord de Montréal.

L’auteur est responsable de la campagne Énergie pour Greenpeace Canada.

Pour en revenir aux évènements, la résidente de Saint-André-d’Argenteuil était très inquiète suite à la découverte de ce qu’elle croyait être une possible fuite dans le pipeline passant à travers son terrain. Enbridge, ayant dépêché du personnel sous-traitant sur les lieux, lui a alors annoncé qu’il n’y avait pas une mais six faiblesses névralgiques sur à peine 200 mètres de pipeline ! (Ils n’avaient pas jugé bon de l’informer des résultats du sondage effectué au printemps.)

De nombreuses raisons d’être inquiets

Rappelons qu’Enbridge a été reconnue coupable et condamnée pour le plus grand déversement pipelinier de l’histoire des États-Unis où plus de 3 millions de litres ont été déversés au Michigan en 2010 (déversement toujours en cours de nettoyage trois ans après). Que cette compagnie a enfreint la réglementation de l’Office national de l’énergie dans 117 de ses 125 stations de pompage à l’échelle du pays.
Que ce même Office, dont le rôle est « de réglementer, dans l’intérêt public canadien, les pipelines, la mise en valeur des ressources énergétiques et le commerce de l’énergie », est chargé d’évaluer le projet et limite la participation du public, pourtant le premier concerné.

Ce projet va bouleversé beaucoup de choses, à commencer par la vie des résidents vivant dans le secteur où passe le pipeline. En Arkansas, tandis que certains résidents se plaignent de ne pas avoir été évacués et de souffrir de problèmes de santé liés au déversement du pipeline d’Exxon, survenu le 29 mars dernier, d’autres n’ont toujours pas pu réintégrer leur maison 2 mois après. La raison : c’est encore trop toxique.

En lançant sa campagne de publicités et relations publiques en faveur à l’arrivée des sables bitumineux et du renversement de la ligne 9, la Fédération des chambres de commerce du Québec a oublié de mentionner tous ces détails.

Minimiser les risques pour maximiser l’acceptabilité

Selon nous, Enbridge minimise les risques afin d’obtenir l’approbation de l’inversement de la ligne 9, mais ce sont les Québécois qui devront vivre avec les conséquences. Il est plus que temps que le gouvernement du Québec confirme les détails de l’évaluation environnementale qu’il entend mener maintenant qu’on parle de nombreuses faiblesses sur la ligne 9 au Québec. D’autre part, au lieu de faire des dons de milliers de dollars aux municipalités situées sur le tracé du pipeline (voir ces intéressantes cartes intéractives ici et ici - en anglais) et d’en investir des milliers d’autres en publicité, Enbridge devrait consacrer cet argent à sécuriser le pipeline qu’elle a abandonné entre Sarnia et Montéal-Est.

Patrick Bonin

Blogueur pour Greenpeace Canada. Il est aussi responsable de la campagne énergie-climat pour l’organisme.

http://www.greenpeace.org/canada/fr/

Sur le même thème : Environnement

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...