Édition du 17 décembre 2024

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Élections québécoises 2012

Pensez-vous vraiment voter pour Legault, Sirois et la CAQ ?

Le 24 janvier dernier, nous publions un article de Léo-Paul Lauzon sur la CAQ. En pleine campagne électorale, cet article est d’une actualité qui fait en sorte que nous le republions.

Dites-moi que vous n’êtes pas sérieux lorsque vous dites penser voter aux prochaines élections provinciales pour le tandem d’affairistes François Legault et Charles Sirois de la Coalition avenir Québec (CAQ). Encore une blague de votre part, bande de petits vlimeux. Vous m’avez bien eu. Faites-vous plaisir et votez donc Québec Solidaire !

Charles Sirois, le cofondateur de la CAQ, est, selon moi, l’archétype de l’arriviste qui est devenu milliardaire grâce à la privatisation en 1987 de la société d’État fédérale Téléglobe pour une bouchée de pain à Sirois et à Bell (BCE). Entreprise très rentable du temps qu’elle était publique, des décisions ridicules prises par Sirois ont mené ce joyau public à la faillite avec son lot de congédiements. Pas grave, Sirois s’est enrichi même en commettant gaffes sur gaffes avec Téléglobe, finalement reprise par la compagnie indienne Tata. Ce ne sont que des fonds publics après tout.

Puis, grâce à l’entreprise familiale National Pagette qu’il a vendu à Bell, un autre gigantesque incompétent, il a profité de la bulle technologique des années 1990 pour lancer comme un vrai timbré toutes sortes d’entreprises qui prétendaient vouloir concurrencer les gros ici et ailleurs. Toutes ces « gamiques » ont littéralement échoué en un temps record comme le démontre éloquemment le titre de ces quelques articles de journaux :

* Look (télédiffuseur par satellite) se place sous la protection des tribunaux (Le Devoir, 5 septembre 2001) ;

* Nasdaq désinscrit Microcell (Fido, téléphone cellulaire) (La Presse, 6 juin 2002). Fido a été vendu par après à la canadienne Rogers ;

* Télésystème Mobile International (TIW) marche vers sa liquidation. L’entreprise vend ses activités à Vodafone (Le Devoir, 16 mars 2009). TIW était présente au Royaume-Uni et en Europe de l’est et opérait dans le sans-fil et l’Internet.

Même si toutes ses business qui ont coulé à pic ont été reprises par des firmes étrangères, cela ne l’a pas empêché de clamer à l’Institut économique de Montréal cette autre ineptie : « Charles Sirois déplore les prises de contrôle étrangères de nos sociétés » (Journal de Montréal, 21 mai 2008). Avec Sirois, c’est n’importe quoi, n’importe quand !

Un autre affairiste qui fait écrire ses livres par d’autres mais qui les signe, comme Jacques Ménard de la Banque de Montréal, et qui tous deux donnent des conseils très particuliers et très intéressés sur comment gérer « efficacement » l’État. Monsieur Sirois est très mal placé pour prodiguer des conseils aux autres. Je lui suggère de faire rédiger un prochain livre très instructif qui pourrait s’appeler « Charles Lagaffe ». On se bidonnerait. Le monsieur a dit (Journal de Montréal, 5 avril 1999) : « Si les gouvernements ne changent pas, on file vers la ruine des citoyens ». Sur ce point, je suis entièrement d’accord avec vous « l’entrepreneur » que les journalistes qualifiaient dans le temps de génie visionnaire, rien de moins.

Effectivement, va falloir que l’État arrête de subventionner des parvenus comme lui qui carburent aux fonds publics, par le biais du gouvernement du Québec, de la Caisse de dépôt et placement, de la Banque de développement du Canada, des Fonds d’intervention économique et régionale (FIER), Investissement Québec, etc. Le 11 août 2002, le journaliste Rudy Le Cours de La Presse, en référence à Sirois, avait intitulé son article ainsi : « Le génie de la bêtise ». Rudy n’a jamais si bien dit.

Depuis, « Charles le conquérant », titre du texte de l’inégalable Nathalie Petrowski dans La Presse du 12 avril 1999, continue de sévir et de siphonner des deniers publics et des services publics. Ne pouvant concurrencer qui que ce soit, et surtout pas les étrangers, Sirois s’est recyclé comme d’autres comme lui dans les services publics et les patentes subventionnées. Il s’est lancé, tenez-vous bien, dans les cliniques médicales privées du nom de Plexo : « Yves Bolduc (ministre libéral de la santé) inquiet des liens de Sirois avec le secteur privé en santé » (Le Devoir, 8 décembre 2011).

Bolduc a raison, surtout que François Legault, son associé à la CAQ, prêche hypocritement pour la galerie pour un renforcement du système de santé public et feint d’être réticent à la santé privée. Faites-moi rire ! Bolduc devrait aussi s’inquiéter de l’ex-ministre libéral de la santé, Philippe Couillard, devenu lobbyiste pour les tenants de la santé privée. Puis dans un article du Devoir du 6 mai 2009 intitulé : « FIER : les cas de conflits d’intérêts apparents se multiplient », il est écrit que : « Télésystème, propriété de Charles Sirois et de sa famille, a profité des FIER (fonds publics) pour financer ses entreprises ». Ça, c’est bien du Sirois tout craché. Du temps qu’il était porte-parole du parti québécois à l’Assemblée nationale, François Legault, eh oui lui-même en personne, avait évoqué les possibles conflits d’intérêts et s’était montré scandalisé par les combines de Charles. Maintenant qu’il est jumelé à Sirois, Legault est muet comme une carpe.

Assuré que les cas de corruption vont se poursuivre allègrement avec le tandem Legault-Sirois. Aussi, « Charles Sirois est propriétaire de Zone 3 » (La Presse, 18 août 2006). Cé ben pour dire… une maison de production branchée directement sur les pompes à argent des gouvernements et il vient de recevoir (Le Devoir, 26 mai 2009) un petit 75 millions$ de rien du tout de la Banque de développement du Canada pour lancer un fonds de capital de croissance. Un autre ténor de Québec Inc. qui pète plus haut que le trou et qui se croit très brillant même s’il a « foiré » dans presque tout en dilapidant sur son passage des millions en fonds publics, des milliers d’emplois et des pertes financières dramatiques pour les investisseurs.

En 1995, dans son premier livre écrit par un autre, il avait mentionné qu’Internet était une mode passagère. Allô visionnaire ! Il avait aussi soutenu que l’intuition, bien plus que la planification stratégique, devait guider les entrepreneurs audacieux (Commerce, octobre 2001). Des entrepreneurs intuitifs et audacieux avec de l’argent public s’entend. Vraiment, ce gars là fait peur. Tiens, une autre perle émanant de notre bonze des affaires. En mars 2000, il a mentionné que « la fusion des grandes entreprises s’estompera lentement. À l’avenir, les grandes entreprises deviendront des constellations de petites entreprises ». Complètement crackpot. J’ai gardé la meilleure pour la fin, tel que signalé dans Le Devoir du 7 octobre 2008.

Parlant de la crise financière qui n’en finit plus de finir et de faire payer les populations innocentes, le lucide Sirois a dit : « ce n’est pas une mauvaise chose (sic) puisque cela va permettre au capitalisme de se purifier (sic) ». Même les républicains, les fanatiques du Tea Party et les preachers américains n’auraient pas accouché d’une telle stupidité. J’espère au moins avoir éclairé vos lanternes sur le numéro 2 et cofondateur de la Coalition avenir du Québec (CAQ). En passant, monsieur Sirois, le système capitaliste va peut-être se purifier comme vous dites, mais n’empêche que : « Les p.-d.-g. américains gagnent plus qu’avant la récession. Les patrons ont gagné 9 millions$ US en moyenne en 2010 (Le Devoir, 7 mai 2011). Pensez-vous encore mes amis vouloir vraiment voter pour la CAQ ?

Cet article est tiré du journal Métro Montréal 19 janvier 2012

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