Source : DGEQ
Le comté de Jean-Talon fut jusqu’à ce jour une « forteresse » libérale. Cette invincibilité est terminée. La CAQ surfe sur sa popularité nationale et sur l’impopularité du PLQ. Elle n’a pas grand mérite, tentant de mettre en sourdine ses politiques les plus controversées, notamment la réforme du PEQ. Le parti de François Legault obtient 9950 votes soit à peu de choses près ce que la CAQ a obtenu lors de la précédente élection générale (9706 votes). Elle a su maintenir la mobilisation de son électorat. Mais c’est tout ce qu’elle peut évoquer pour pavoiser. Le récent sondage montre un léger recul de la CAQ dans les intentions de votes et cette « victoire » peut constituer un avertissement d’un certain plateau atteint par le parti de la nouvelle droite nationaliste.
Le PLQ poursuit sa chute alors que le parti sans chef obtient 25,0% des voix (5595 votes), un creux historique dans ce comté. Dans les limites de ce qu’on peut tirer comme conclusions à partir des résultats d’une élections partielle, il est difficile de voir comment, dans un avenir prévisible, les libéraux pourront remonter la pente. Le PLQ perd sur sa droite fédéraliste au profit de la CAQ et une partie de sa base électorale semble encore sous le choc des reculs historiques qu’a connu le parti de la grande bourgeoisie québecoise.
QS avait de grandes ambitions lors de ce scrutin. On pouvait entendre qu’une victoire était possible.Un troisième député solidaire à l’Assemblée nationale était à portée de main. Au pire, une solide deuxième place. Puis il y eu d’abord l’affaire du candidat de la direction nationale qui proposait une personnalité de l’extérieur du parti, de l’entourage du maire de Québec Régis Labeaume. Puis le « potinage » autour des goûts vestimentaires de la députée de Taschereau et de son absence au congrès du parti, les polémiques soulevées par les décisions sur l’accession à l’indépendance, autant de distractions qui ont probablement porté ombrage à la campagne qui mettait les enjeux environnementaux au premier rang de sa campagne, notamment autour de l’enjeu du 3e lien Québec-Rive-sud. Résultats : une baisse de l’appui en terme de pourcentage (de 19,1% à 16,9%) et surtout au plan des votes (de 6515 en 2018 à 3888 en 2019). QS a été incapable de traduire les mobilisations contre les changements climatiques en votes dans les urnes. Et les mobilisations sociales qui devraient être la source de sa progression peinent à se concrétiser. Alors qu’il est un peu tôt pour les bilans officiels, QS devra se pencher sur les raisons de ces résultats décevants au risque qu’ils ne se reproduisent lors d’élections générales.
Le PQ quant à lui poursuit sa descente alors qu’il n’atteint même pas le seuil des 10% (9,3%). Le PQ connait une crise sans précédent et les résultats de cette élection partielle ne font que confirmer ce que plusieurs voient déjà : le PQ se voit marginalisé sur la scène politique qu’il a dominé épisodiquement au cours des 40 dernières années. La CAQ à sa droite et QS à sa gauche constituent les deux pôles qui lui tirent le tapis sous les pieds. L’espace dont il dispose pour se reconstruire devient de plus en plus étroit.
Cette élection partielle constitue un reflet de la situation des rapports de force politiques au Québec actuellement : la CAQ en tête alors qu’elle semble atteindre un plateau et subit les effets des récents cafouillages du parti de gouvernement notamment autour du PEQ, le PLQ qui poursuit sa descente dans les intentions de votes avec cette défaite historique, QS qui fait du surplace malgré une campagne dynamique et la marginalisation du PQ qui se poursuit. Tout ça dans un contexte où moins de la moitié de l’électorat s’est déplacé pour voter.
Un message, un commentaire ?