Édition du 12 novembre 2024

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Québec solidaire

Parité : le courage, c’est d’adopter une loi

On parle beaucoup de parité en politique ces temps-ci. Tant mieux, on n’en parlera jamais assez. Le directeur du Devoir, Brian Myles, a ajouté sa voix, il y a quelques jours dans ces pages, affirmant que la parité ne passe pas par la contrainte d’une loi, mais par le courage politique.

Sur le fond, je suis tout à fait d’accord avec M. Myles : il faut du courage pour en arriver à un tel changement. Mais justement, du courage, les partis traditionnels en manquent cruellement depuis des années. Tous les premiers ministres, y compris la première première ministre de l’histoire du Québec, ont eu l’occasion, au cours des 25 dernières années, d’instaurer le principe de parité au sein de leur conseil des ministres. Un seul l’a fait, Jean Charest, après l’élection de son gouvernement minoritaire en 2007. Cela aura duré 18 mois… Pour exister, la parité doit être plus qu’anecdotique.

Je note avec plaisir que Le Devoir se dit pour la parité, mais s’en remettre au « courage » des partis politiques ne doit pas devenir, encore fois, un prétexte pour pelleter par en avant un problème que nous traînons depuis trop longtemps.

Avant le courage vient la volonté. D’abord, vouloir changer les choses. Ensuite, prendre les moyens pour que le changement se produise. La volonté sans le courage confine à l’inaction ; le courage sans volonté, ce sont des voeux pieux. Or en ce moment, seul Québec solidaire passe de la volonté au courage, en proposant de faire de la parité une obligation, et non seulement un souhait.

Nous visons d’abord à imposer la parité au Conseil des ministres. J’ai récemment présenté un projet de loi en ce sens à l’Assemblée nationale. Le cabinet représente un symbole très fort, mais ce n’est, pour nous, que le début. Nous voulons aussi étendre la parité aux candidatures de tous les partis, ce que QS fait déjà. Nous y arrivons parce que nous nous sommes donné des règles strictes pour y parvenir.

Le directeur du Devoir note aussi, avec raison, que la pression populaire est un élément essentiel pour amorcer de tels changements. Cette pression existe déjà, comme le démontrait dernièrement un sondage Léger. Pour une forte majorité de Québécois et de Québécoises, la parité va de soi. Il serait donc normal que les élus en prennent acte et agissent en conséquence. Simple question de responsabilité : l’exemple, en de telles matières, doit venir d’abord de ceux et celles qui votent les lois au Québec.

Si le nombre de femmes élues à l’Assemblée nationale était en progression constante, on pourrait se dire : c’est plus lent que nous le souhaitons, mais tranquillement, nous approchons du but. Or, au Québec, c’est un pas en avant, deux pas en arrière. Certes, il y a plus de femmes élues à l’Assemblée nationale que dans les années 1960, 1970 et 1980, mais si on fait la moyenne des 30 dernières années (sept élections), la représentation des femmes stagne autour de 25 %, avec un modeste sommet à 33 % en 2012. Nous sommes donc loin de la parité.

Les pays qui ont atteint ou qui s’approchent de la parité ont joint le courage à la volonté en adoptant des mesures fortes et contraignantes. C’est le cas, notamment, du Rwanda, champion de la représentation féminine (64 %). « Ce n’est pas arrivé magiquement, c’est arrivé parce qu’ils ont instauré en 2003 des quotas de femmes pour les élections », expliquait l’an dernier Kate McInturff, chercheuse au Forum économique mondial.

On parle beaucoup de la parité en politique ces temps-ci. Tant mieux. Mais il y a longtemps qu’on en parle. Il est temps d’agir, maintenant, en vue des prochaines élections.

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