Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Non au 3e lien ! Oui à un réseau de transport structurant et gratuit !

Il est minuit moins une dans la lutte contre les changements climatiques. Nous n’avons plus de temps à perdre. Il faut dès maintenant investir massivement dans des projets de transport en commun accessible et gratuit. Ce financement est possible si les pouvoirs décident de taxer et imposer fortement les grandes entreprises et les super riches.

2 octobre 2020 | tiré d’Alternative socialiste
https://alternativesocialiste.org/2020/10/02/non-au-3e-lien-oui-a-un-reseau-de-transport-structurant-et-gratuit/

La revendication de projet de transport en commun accessible et efficace est aussi reprise par différents organismes et organisations politiques, notamment Québec solidaire (QS) au niveau provincial et Transition Québec dans la ville de Québec. Les hausses de tarifs et les baisses de service ont un impact important sur le porte-feuille des jeunes, des travailleurs et des travailleuses. Cette conséquence des politiques d’austérité nous pousse à nous défendre,comme au Chili l’an dernier, ou en France à pareille date. Au-delà des investissements ponctuels et des améliorations ciblées, les réseaux de transport en commun doivent être structurants pour les communautés, gratuits et accessibles pour la population à la grandeur du Québec !

Tramway vs 3e lien

Le dossier du Réseau structurant de transport en commun (RSTC), souvent nommé « projet de tramway », tout comme celui du 3e lien entre Québec et Lévis occupent l’espace public depuis quelques années. Ces deux projets auront des impacts majeurs sur l’aménagement du territoire dans la région. Par conséquent, ils auront un impact sur notre capacité à nous battre contre les changements climatiques. Toutefois, leurs impacts seraient diamétralement opposés.

À Québec, la création d’un réseau de transport structurant et gratuit répondrait aux besoins de déplacement des citoyennes et des citoyens, particulièrement celles et ceux qui sont captifs du transport en commun. Il améliorerait significativement la posture des villes de Québec et de Lévis face à la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Le développement d’un 3e lien autoroutier entre Québec et Lévis, lui, minerait directement ces efforts.

Le 3e lien : l’argent public pour le profit privé

Le 3e lien, projet phare de la Coalition avenir Québec (CAQ), est soutenu par la mairie de Lévis et par le parti municipal populiste de droite Québec 21. Il est également propulsé par les radios-poubelles de droite de Québec depuis des années. D’après eux, il faut un nouveau lien autoroutier entre les centres-villes de Québec et de Lévis à l’est, en plus des ponts de Québec et Pierre-Laporte à l’ouest. Ce tunnel, évalué à 4 milliards $ en 2016 (ce montant n’a pas été actualisé, il sera donc sans doute beaucoup plus élevé), atténuerait selon eux le trafic sur la rive nord et la rive sud du Saint-Laurent.

Il est vrai que l’ajout de nouvelles voies de circulation peut atténuer la congestion un certain temps. En revanche, au bout de quelques années, la nouvelle autoroute sera elle aussi congestionnée en raison du phénomène de demande induite. Pour réduire le trafic, il faut investir en transport collectif. De plus, le trafic a des impacts néfastes sur l’environnement, sur la santé des conductrices et conducteurs ainsi que sur celle des gens résidant à proximité de ces voies de circulation.

Le projet de 3e lien n’est pas un projet qui répond aux besoins de mobilité des résidents et résidentes de Québec et Lévis. C’est un projet qui a pour but de développer le potentiel des compagnies aux alentours de l’entrée lévisienne d’un potentiel tunnel financé par l’État québécois. Les députés conservateurs de la rive sud salivent à l’idée de faire profiter de ces largesses les firmes de leur circonscription au lieu de sobrement considérer la meilleure option pour satisfaire les besoins des travailleurs et travailleuses.

Le tramway : un projet qui va (plus ou moins) bon train

Quant à lui, le projet de tramway mis de l’avant par le maire de Québec Régis Labeaume, évalué à environ 3,3 milliards $, peut servir de colonne vertébrale pour l’ensemble du réseau de transport en commun à Québec. En plus d’un tramway et de deux lignes de trambus (trolleybus), de nouveaux parcours de Métrobus et de nouveaux stationnements incitatifs étaient prévus dans la couronne nord de Québec. C’est un projet qui pourrait changer le visage de la ville dans l’intérêt de la majorité de sa population.

Néanmoins, la ville a récemmentabandonné l’idée du trambus ainsi que certains aménagements rendant le transport collectif plus accessible dès que le projet a semblé coûter un peu plus cher que prévu. La ville préfère pour l’instant couper des arbres matures et rendre souterrain le passage de la basse-ville à la haute-ville plutôt que de faire compétition à la place de l’automobile.

Par son manque de vision, la ville diminue jour après jour l’envergure de son projet. Jusqu’ici, le projet demeure toujours une option valable pour réduire la pollution tout en combattant le modèle de l’autosolo sur lequel la ville s’est développée pendant les dernières décennies. Si la volonté politique de planifier la ville de Québec à l’échelle humaine manque à l’appel pour l’instant, nous appelons à renforcer le mouvement visant à mettre de la pression sur la mairie et sur les paliers de gouvernement afin qu’ils financent les projets de transport collectif.

Régler le problème de mobilité à Québec et à Lévis

La jeunesse, les travailleurs et les travailleuses doivent s’organiser pour faire tomber le projet de 3e lien autoroutier au profit d’un financement du transport en commun à Québec comme à Lévis. Avec les 4 milliards $ du budget prévu pour le 3e lien, nous pourrions :

  • Ne pas amputer le projet de réseau de transport structurant, entre autres choses, et conserver le trambus (700M$).
  • Rendre le Réseau de transport de la capitale (RTC), la Société de transport de Lévis et le traversier de Québec gratuits pour les passagères et les passagers pendant les 20 prochaines années (1.85G$).
  • Améliorer le transport collectif entre Lévis et Québec, que ce soit par autobus, par train léger, par tramway ou par un tunnel dédié uniquement au transport collectif (1.45G$)
  • Un projet de transport en commun global répond d’abord et avant tout aux besoins des gens, pas des compagnies capitalistes. Ces dernières feront tout pour éviter que l’argent soit ainsi dépensé, même si un service de transport en commun efficace et gratuit leur permettrait d’éviter des retards au travail ou encore des délais de livraison.

Par exemple, l’industrie automobile a un long passé d’influence politique. Les investissements en transport en commun peuvent constituer une attaque à leurs profits, spécialement aux États-Unis. Il est donc essentiel d’organiser la force de notre propre classe sociale afin de combattre cette influence.

Un vecteur de lutte, un vecteur pour gagner

La revendication d’un projet de transport collectif structurant et gratuit peut devenir un enjeu de conscientisation important pour les travailleuses et les travailleurs. C’est seulement par la lutte organisée qu’on forcera la CAQ à abandonner le projet de 3e lien. Le gouvernement a déjà décidé de ne pas écouter les experts qui sont tous défavorables au projet. C’est seulement par la lutte qu’on forcera la ville de Québec à aller plus loin que ne lui permet le jeu de la politique institutionnelle.

Les décisions du dernier Conseil national de QS alignent les astres pour que le parti fasse activement la promotion des transports collectifs gratuits, accessibles et de qualité – incluant la nationalisation du transport collectif interurbain – en mobilisant la population partout au Québec. QS devrait aussi former et mobiliser ses membres, en plus d’assumer un rôle de leadership sur la question. N’attendons toutefois pas que les choses bougent d’elles-mêmes avant d’agir. Les militants et militantes de terrain, en particulier les socialistes, doivent aider au développement du mouvement dès maintenant.

À Québec, le mouvement pour un transport collectif gratuit et structurant a le potentiel de se développer sur une base massive. Pour ce faire, nous devons l’enraciner dans les quartiers qui en ont le plus besoin tout comme dans les syndicats, les associations étudiantes et les organisations qui y sont favorables.

Nous avons l’opportunité de faire un gain réel pour notre environnement ainsi que pour notre santé physique et psychologique. En prévision des prochaines élections municipales, le développement d’une telle campagne pourrait même déboucher sur l’élaboration d’une plate-forme électorale militante et verte qui osera s’en prendre aux vrais pollueurs, les compagnies capitalistes et leurs élites politiques.

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