Une salle remplie, des candidates présentes au rendez-vous et des interprètes LSQ au travail n’ont pu empêcher un débat somme toute décevant.
Décevant, parce que certaines des candidates semblaient mal préparées ou n’avaient vraisemblablement pas pris connaissance de la plateforme féministe produite par le Groupe des 13. Décevant aussi, parce que certaines ne connaissaient que très peu les enjeux féministes et leur plateforme électorale.
Cette déception devant l’incapacité de la majorité des partis présents à articuler une approche féministe des enjeux sociaux, économiques, politiques et environnementaux, ne fait que renforcer le constat que l’égalité hommes-femmes et le féminisme occupent peu de place dans les engagements de la majorité des partis. L’approche intersectionnelle (ou l’intérêt pour l’égalité entre les femmes) quant à elle semble être une idée nouvelle pour certaines ou une idée à rejeter pour d’autres. Durant l’échange avec la salle, une candidate a tenu des propos symétrisant la violence des femmes et des hommes envers leur conjoint.e.
Les options féministes de chacune s’inscrivaient dans la vision globale des partis et de leurs priorités. Certaines ont, par exemple, exprimé leur confiance en l’autorégulation des marchés pour régler les inégalités. Elles ont alors cité l’exemple des emplois pour les femmes dans le Plan Nord. Certaines ont plutôt soutenu que l’État doit avoir un rôle important dans l’atteinte de l’égalité, d’autres ont privilégié une vision où les femmes s’organisent elles-mêmes sur le plan individuel, par exemple, en se présentant en politique.
La Charte a pris une certaine place tout comme des enjeux tels que les crimes d’honneur, l’identité québécoise, l’autodétermination des femmes, le rapport entre féminisme, état et religion. Sur la laïcité, trois candidates ont défendu avec vigueur une perspective plus proche de celle de la FFQ.
Tous les partis, à l’exception de Québec solidaire, avaient peu à dire sur la plateforme du Groupe des 13. Les grands partis semblent s’éloigner des préoccupations des groupes féministes et d’un rôle actif de l’État sur des dossiers tels que la précarité du travail des femmes, la conciliation travail-famille, la violence envers les femmes ou l’éducation sexuelle. Le PLQ et le PQ ne semblaient pas savoir ou avoir oublié que le Plan d’action sur l’égalité engage le gouvernement à réintroduire un programme d’éducation sexuelle à l’école. Autre déception !
J’ai été soufflée par le manque de responsabilité des trois grands partis sur les défis de justice sociale et de climat à notre époque. L’économie d’abord, les personnes et la terre ensuite ! Personne ne semble penser que c’est à nous de changer radicalement nos pratiques économiques et écologiques, même si les autres pays font peu en ce domaine.
De toute évidence, les solutions sur les grands enjeux de notre époque ne viendront pas de ces vieux partis. Par chance que la politique n’est pas juste une affaire d’élections ! Alors que nous n’avons de cesse interpeler les partis politiques pour qu’ils s’engagent envers les femmes et les féministes, aujourd’hui, je me sens fortement interpelée par l’absence de vision des partis ayant le plus de pouvoir. Pour la FFQ et les autres mouvements sociaux, cette situation pose une question importante : comment comptons-nous développer les contre-pouvoirs et les alternatives à une économie de la destruction ? J’ai déjà hâte au Congrès de novembre prochain et à la Marche mondiale des femmes en 2015 pour explorer plus à fond cette question.