Coup sur coup, en moins de deux semaines deux rapports présentés par des scientifiques démontraient l’urgence d’agir. D’abord, un groupe d’experts, qui à l’aide d’outils de recherche développés par la NASA, arrive à la conclusion que notre civilisation est en danger à cause des risques liés au changement climatique et des conflits qu’entraînera la raréfaction des ressources.
À peine une semaine plus tard le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a présenté des éléments de son rapport qui est le fruit de la collaboration de 300 scientifiques. Ce rapport démontre que nous sommes en voie d’atteindre un point de non-retour à cause des changements climatiques : la production alimentaire devrait en subir les contrecoups ; les bouleversements climatiques affecteront la croissance économique ; plusieurs écosystèmes subissent des changements irréversibles ; au rythme actuel de son exploitation il n’y aura plus de pêche commerciale dans les océans d’ici 2050… Toutes ces transformations créeront de nouveaux foyers de pauvreté et pourraient provoquer des conflits sociaux, voire des guerres, selon l’un de ces experts.
Tous s’entendent sur la nécessité de laisser dans le sous-sol les énergies fossiles le plus tôt possible. Or, à la sortie de ces rapports, aucun journaliste ne semble avoir posé des questions aux chefs de parti concernant ces enjeux. À l’exception de Québec solidaire, aucun parti n’a proposé un plan de sortie du pétrole. Comment expliquer un tel oubli ? Est-ce une négation de la validité de la science ? Est-ce plutôt, que par la frénésie du court terme et de l’immédiat relié à une campagne électorale, qu’on ne puisse pas soulever des enjeux à long terme ?
Au cours de cette campagne, nous aurions dû discuter de l’importance des mesures proposées pour sortir du pétrole. Il aurait fallu s’interroger si l’ensemble des partis s’approprie de cette question car, disons-le, à court terme, nous n’aurons d’autres choix que de décider de la voie de sortie du pétrole. Nous sommes les acteurs de notre propre désastre.
Pour le mouvement souverainiste, il y a là une opportunité de relancer cet idéal recherché par toute nation. Il y a un travail important à faire pour les souverainistes de lier la question environnementale à la question nationale. Le fédéralisme pétrolier du Canada est un frein important à ce nécessaire virage environnemental mais aussi à l’émancipation de la nation québécoise. S’il est un enjeu qui peut unir l’ensemble des québécois, qu’ils soient francophones, anglophones ou d’immigration récente, c’est bien celui de la sortie du pétrole car il correspond au défi de notre siècle. Le Québec a cette possibilité d’ébranler la confiance canadienne dans sa dépendance au pétrole, provenant des sables bitumineux de l’ouest canadien, en empêchant son exportation via le territoire québécois.
Il ne s’agit pas d’un piège tendu à nos compatriotes qui ne sont pas encore convaincus de la souveraineté, ni d’une stratégie électoraliste. Le Québec est la province canadienne, voire l’État en Amérique du nord, qui a le plus avantage à effectuer le virage vert en terme d’énergie renouvelable, d’expertise scientifique et d’infrastructure industrielle. Comme le disait un auteur, nous n’avons pas hérité la terre de nos ancêtres mais nous l’avons emprunté à nos enfants.
Pierre-Paul St-Onge
Candidat pour Québec solidaire dans la circonscription de Beauharnois