Édition du 28 janvier 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

Mark Zuckerber adhère complètement au mouvement MAGA. Meta met fin à la vérification des faits aux USA et ouvre la voie à plus de propos haineux

Pour parler de ces nouvelles politiques de Meta et de ce qu’elles signifient pour les États-Unis et dans le monde nous discuterons avec trois invités.es.

Democracy Now, 9 janvier 2024
Traduction, Alexandra Cyr

Nermeen Shaikh : Fin de la vérification des faits. C’est le message de Mark Zuckerberg : des changements majeurs sur Facebook, Instagram et Threads. Il souligne ces changements dans une vidéo publiée en ligne :

Mark Zuckerberg : Les dernières élections sont apparues comme un tournant culturel qui donne la priorité à la liberté de parole. Donc, nous allons revenir à nos racines et nous centrer sur la réduction des fautes, la simplification de nos politiques et la restauration de la libre expression sur nos plateformes. … Premièrement, nous allons cesser la vérification des faits et la remplacer par des notes de la communauté comme le fait X et en commençant par les États-Unis. Après l’élection de D. Trump en 2016, les médias n’ont cessé d’écrire à propos de la menace à la démocratie que constituait la désinformation. Nous avons essayé de bonne foi, de traiter ces préoccupations sans devenir les arbitres de la vérité. Mais les personnes affectées à la vérification des faits ont été trop biaisées politiquement et ont détruit plus de confiance qu’elles n’en ont créée spécialement aux États-Unis.

N.S. : (…) Selon, Nicole Gill, dirigeante de Accountable Tech, ce virage est « un cadeau à D. Trump et aux extrémistes dans le monde ». M.Zuckerberg à pris cette décision après avoir soupé avec D. Trump à Mar-a-Lago et après que Meta lui eut donné un million de dollars pour son assermentation. Mardi, Meta a aussi annoncé la nomination d’une de ses proches à son bureau de direction. Elle est la PDG de Ultimate Fighting Championship. D. Trump a louangé les nouvelles politiques de Meta :

D. Trump président désigné : Honnêtement, je pense que Meta et Facebook reviennent de loin. Je pense qu’ils reviennent de loin.

Amy Goodman : M. Zuckerberg a aussi fait d’autres annonces dont l’assouplissement des règles de publication de contenu sur Facebook et d’autres sites. Avec ces changements, les femmes pourront être désignées comme : « household objects ». La clientèle de Meta pourra encore une fois, dire que les homosexuels.les et les personnes transgenre souffrent de maladie mentale et plus encore.

Pour parler de ces nouvelles politiques de Meta et de ce qu’elles signifient pour les États-Unis et dans le monde nous discuterons avec trois invités.es.

À Manille aux Philippines, nous serons avec Maria Ressa, fondatrice, PDG et éditrice exécutive du site philippin indépendant, Rappler. Elle a gagné le prix Nobel de la paix en 2021 pour son travail à la défense de la liberté d’expression dans son pays. Elle publié, Stans Up to a Dictator : The Fight for Our Future.

Siva Vaidhynathan est l’auteur de, Antisocial Media : How Facebook Disconnects Us and Undermine Democracy. Il enseigne les études des medias et est le directeur du Center For Media an Citizenship à l’Unisversité de Virginie. Dans le Gardian, il a publié : Marl Zuckerberg a complètement adhéré au mouvement MAGA.

Et, à Doha, nous rejoignons Marc Owen Jones, assistant professeur des analyses de médias à l’Université Northwestern au Qatar. Il est aussi un expert en désinformation. Il est l’auteur de, Digital Authoritarianism in the Middle East : Deception, Disinformation and Social Media.

Nous commençons avec vous professeur Jones. L’autoritarisme numérique. Pouvez-vous nous dire comment l’annonce de M. Zuckerberg peu après sa rencontre avec D. Trump à qui il a donné plus d’un million de dollars pour son investiture et nommé une de ses proches à son bureau de direction, correspond à votre concept et ce que signifie exactement l’autoritarisme numérique ?

M.O. Jones : Oui, bien sûr. Merci de votre invitation.

Simplement exprimé, l’autoritarisme numérique est l’utilisation de la technologie numérique à des fins autoritaires. C’est fondamentalement anti-démocratique. Et je pense que ce que fait M. Zuckerberg actuellement, est l’indication que les États-Unis entrent dans une direction autoritaire. Essentiellement, il dit que l’entreprise qu’est le réseau social Meta se soumet aux désirs de l’élite politique.

Je pense qu’ici, une part de l’autoritarisme numérique, qui est très importante, se situe dans la notion de post-vérité. L’autoritarisme navigue sur l’absence de faits. Il navigue sur la guerre à la réalité. Pourquoi ? Hé ! Bien parce que les leaders de ce courant ne s’intéressent pas à la vérité qui peut être utilisée pour les attaquer, les discréditer. Comme nous le savons et c’est bien documenté, D. Trump est un des présidents et politiciens le plus menteurs de l’histoire. Leur dévolu se porte sur la réalité alternative, les faits alternatifs. La guerre faite aux vérificateurs.trices des faits concorde avec cela. Parce que ces leaders autoritaires veulent que le peuple les respecte, ait peur d’elles et d’eux. Fondamentalement, ce qui les intéressent c’est que le peuple voit le monde à travers leurs yeux et se soumette à leurs désirs, Je pense que c’est ce que représente cette décision de M. Zuckerberg. Il s’agenouille devant D. Trump et en plus procède à un don énorme.

Je pense que ce que nous devons aussi comprendre à propos de l’autoritarisme numérique c’est qu’il se présente au moment où nous utilisons de plus en plus les technologies numériques pour communiquer. Cette décision de M. Zuckerberg ne vise pas seulement à « prévenir la censure ». Le mot « censure » ici, est un euphémisme utilisé comme arme contre les minorités. Vous avez mentionné les femmes mais cela vise aussi les transgenre et les immigrants.es que M. Zuckeberg a lui-même a mentionné. Tout ça se sont des échos de la droite dure. Essentiellement, cela va permettre d’ouvrir ces plateformes numériques à ceux et celles qui veulent attaquer les minorités et leur faire mal. Il ne s’agit pas de diminuer la censure. Il s’agit d’augmenter la violence numérique contre les minorités qui est une image de la nouvelle Amérique autocratique et je dirais de plus en plus.

N.S. : Alors, Maria Ressa pouvez-vous nous donner votre réponse aux nouvelles politiques de Meta ? Vous avez dit que la décision de M. Zuckerberg mène « à un monde dénué de faits, un monde qui ira bien à un dictateur ». Donc, pouvez-vous répondre au propriétaire de Meta et nous dire ce que cela représente pour vous et particulièrement pour les Philippines, pour les médias sociaux pour le site de Meta aux Philippines ?

Maria Ressa : Premièrement, aux Philippines nous avons eu notre propre crise avec notre dictateur à partir de 2016. Je peux dire que nous étions en enfer avec notre Président précédent et maintenant nous sommes au purgatoire. Et j’ai le sentiment que les États-Unis s’en vont vers l’enfer.

Vite fait, je veux dire qu’ici, il ne s’agit pas d’un enjeu de liberté d’expression. Il s’agit d’un enjeu de sécurité. C’est exactement ce que nous venons d’entendre : maintenant, cette plateforme qui réunit 3,2 milliard de personne dans le monde vient de déclarer la liberté d’attaque contre les minorités. Elle n’est plus sûre pour personne. Nous avons appris ici aux Philippines, que ces manipulations insidieuses paralysent la volonté. Nous savons déjà partout dans le monde que cette plateforme est devenue un instrument pour les génocides. Au Myanmar, en Asie du sud-est. Meta y a expédié une équipe en concurrence avec les Nations Unies ce qui a mené à deux conclusions différentes. Ensuite, cette plateforme capture notre biologie et change nos réactions, nos peurs, nos rages et nos haines, elle change notre façon de voir le monde et la manière dont nous agissons.

L’interférence électorale. Ce que nous voyons en ce moment remonte à aussitôt que 2016 avec le Brexit. Le Royaume uni a imposé la plus importante amende à Facebook à ce moment-là parce que c’était l’équivalent d’une interférence dans les élections. Après cela, rien. Mais encore une fois, une partie des raisons pour lesquelles le monde est rendu là où il est, par exemple l’an dernier, 71% de notre monde était sous régime autoritaire, que nous élisons des leaders démocratiquement « illibéraux » c’est parce que notre système d’information, les réseaux sociaux, dont Facebook corrompt nos communications individuelles pour faire avancer l’agence.

N.S. : Maria, pourriez-vous nous dire spécifiquement, … Dans un endroit comme les Philippines presque 90% de la population utilise Facebook. Comment il est utilisé justement, pas seulement en terme d’affichage d’information mais comme moyen de communication et comment est-il devenu un vecteur de désinformation non seulement au Myanmar cet exemple que vous cité, mais aussi aux Philippines et ailleurs ?

M.R. : Très précisément, notre ancien Président, Rodrigo Duterte a répété la configuration de ce qui était une plateforme d’annonces et de marketing de Facebook pour des opérations d’information. J’ai été inondée d’au moins 90 messages haineux chaque heure ; la liberté d’expression pour étouffer la liberté d’expression. Par ailleurs, ces réseaux de guerre à l’information, réseaux de désinformation, changent notre histoire sous nos yeux. Ils ont installé les conditions pour l’élection de Ferdinand Marcos Jr. le seul fils de notre dictateur F. Marcos qui fut au pouvoir pendant 21 ans. Vous devez vous rappeler d’Imelda Marcos et de ses chaussures. Son fils Ferdinand a gagné haut la main les élections présidentielles parce que littéralement YuTude, Meta et Facebook ont fait subir aux Filipinos des opérations d’information disant que Marcos n’était pas un dictateur quand il a dépossédé le peuple du pouvoir en 1986, qu’au contraire il avait été le plus grand leader que les Philippines aient jamais connu.

A.G. : En 2021, les réfugiés.es Rohingya ont poursuivi Facebook de la compagnie Meta pour n’avoir pas fait cesser la campagne de discours haineux violente sur sa plateforme ce qui a contribué à l’assaut sanglant sur cette communauté musulmane par l’armée birmane en 2017 aussi connue sous le nom de Myanmar. Des cabinets d’avocats.es aux États-Unis et au Royaume Uni ont lancé une poursuite au nom de tous les Rohingya dans le monde dont ceux et celles dans les camps de réfugiés.es au Bengladesh. Les plaigants.es demandent 150 milliards de dollars en dommages. Les Nations Unies estiment qu’au moins 10,000 Rohingya ont été tués.es par l’armée birmane durant le génocide de 2017. Certains estimés parlent de deux fois ce nombre. Environ 730,000 autres personnes ont dû fuir leur pays. Je veux vous présenter une partie d’une vidéo produite par Amnesty international où un survivant du génocide s’exprime :

Sawyeddollah : Mon nom est Sawyeddollah. Je suis du Mianmar mais je vis au Bengladesh à Cox Bazar parce que je suis un déplacé de mon pays, le Mianmar. J’ai personnellement subit les discours de haine sur les réseaux sociaux qui se sont transformés en haine formelle. Sur Facebook, il y avait plusieurs choses différentes contre nous et le peuple du Myanmar s’est tourné contre nous. J’ai vu beaucoup de publications contre nous les Rohingya sur Facebook. Par exemple, je me souviens d’une qui disait : « Le taux de naissance de ces Bengali (Rohingya) est très élevé. Si ça continue comme cela, nous deviendrons leurs esclaves. En ce moment ils et elles sont nos esclaves. À l’action » ! Je savais que je pouvais rapporter ces propos haineux à Facebook. Je l’avais déjà fait mais pour toute réponse j’ai reçu : « Merci pour votre signalement. Cette publication ne porte pas sur les standards de votre communauté ».

A.G. : Je veux introduire Siva Vaidhyanathan dans la discussion. Il est l’auteur de Antisocial Media : How Facebook Disconnects Us and Undermines Democracy. Il est professeur à l’Université de Virginie. Je veux que nous traitions de cet enjeu de la haine. Jusqu’à quel point peut-elle devenir mortelle que nous prenions la Birmanie (Myanmar) ou les États-Unis en exemple. Je vais en donner quelquesuns : grosso-modo, 7 lesbiennes sur 10, ou gays ou bisexuels.les adultes ont fait face à du harcèlement en ligne. 51% de ces personnes ont été particulièrement visées avec des formes sévères d’abus en ligne. Environ un tiers des femmes de moins de 35 ans peuvent être harcelées sexuellement en ligne. Une étude appliquée dans 51 pays révèle que 38% des femmes ont personnellement subi du harcèlement en ligne. Professeur Vaidhyanathan pouvez-vous nous présenter le lien que vous faites entre cela et le titre de votre article dans The Gardian : Mark Zuckerberg has gone full Maga » ?

Siva Vaidhyanathan : Il faut être clair à propos de ce changement. Je suis ravi que vous ayez débuté la discussion en dépassant les États-Unis. Ce que M. Zuckerberg a annoncé l’autre jour, ne s’applique réellement qu’aux États-Unis dans sa réalité spécifique. Depuis 2017, Meta y a tenté d’au moins donner l’apparence qu’il prenait la modération au sérieux. Rappelons-nous la phrase utilisée pour décrire ce dont on parle : « la modération des contenus ». La vérification des faits n’a jamais fait partie de la formule. Ce n’est pas de la vérification de faits. Il s’agit de protéger les abonnés.es. Il s’agit de protéger les gens de choses comme le harcèlement, de protéger des groupes de campagnes et de mouvements des gens comme les citoyens de ma propre ville, Charlottesville en Virginie qui ont subi un flot de violence de droite à l’été 2017 par un mouvement qui était largement organisé à travers Facebook. M. Zuckerberg a comparu à de multiples reprises devant le Congrès y jurant qu’il faisait un bon travail aux États-Unis.

Nulle part ailleurs, sauf en Europe de l’ouest, les politiques, les procédures et les infrastructures, au-delà des États-Unis n’ont jamais suffi, n’ont été sérieuses. Comme pour toutes les autres compagnies numérique, l’attention se concentre sur les exigences légales des pays où elle opère. Donc, Meta n’a pas fait attention aux exigences de modération du contenu et à la protection des usagers.ères aux Philippines. De même en Inde, au Pakistan, au Cambodge ou en Ouzbékistan. Dans beaucoup d’endroits, la propagande coule à flot sur Facebook sans modération.

Donc, qu’est-ce que M. Zuckerberg change aux États-Unis ? Il se débarrasse d’un système très élaboré et couteux, le genre de manœuvre qui maintient les nazis à bord mais qui limite un peu le harassement par exemple, qui assure aux utilisateurs.trices américains.es une expérience qui ne soit pas horrifiante comme c’est possible sur X en ce moment. Il a agi contre ça.

Je pense qu’il est erroné de croire que c’est un geste de soumission à D. Trump ou d’un agenouillement devant lui. C’est plutôt le contraire. Aux États-Unis le gouvernement est soumis aux entreprises, spécialement celle-ci. M. Zuckerberg a toujours obtenu ce qu’il voulait du gouvernement américain. Il voit une opportunité d’en avoir plus avec l’administration Trump parce qu’il veut être capable de menacer et gagner la bataille contre Lula au Brésil qui a mis en place de fortes règles contre les médias sociaux. Le Brésil représente un des marchés les plus enthousiaste et potentiellement important pour la croissance de Meta. Que les États-Unis soient capables de faire valoir leur pouvoir pour que les régulations européennes soient limitées le préoccupe extrêmement également. Donc, il espère que la politique extérieure de D. Trump, pour irascible, en dehors des règles et imprédictible qu’elle soit, pourrait aider à limiter la volonté des régulateurs.trices européens.nes d’imposer des restrictions à son entreprise comme au Brésil d’en faire autant avec Facebook. Ce ne sont que des opportunités pas de la soumission. Il espère encore une fois que le gouvernement américain sera soumis à Facebook.

N.S. : Marc Owen Jones, pourriez-vous réagir à ce que Meta a déclaré à propos de la nouvelle forme de modération du contenu qu’il adopte ; à cette idée des notes communautaires qui existent déjà sur la plateforme X d’Elon Musk ? Pourquoi cette décision survient maintenant et quels seront ses effets ?

Marc Owen Jones : Je pense que ce système de notes communautaires, donc produites par des gens qui commentent en direct les publications en disant si c’est véridique ou non, est un vrai problème. Sur X, un certain groupe est impliqu avec plus ou moins des vérificateurs.trices consacrés.es. Ça ne marche pas et pour un certain nombre de raisons. Essentiellement, les gens ne corrigent pas les faits mais opposent leur opinion comme si c’était un fait. Résultat : nous ne recevons pas une vérification, en théorie une modération ; nous recevons cette relativisation de la vérité, les personnes ne font que répondre à des informations avec lesquelles ils sont en désaccord politiquement ou autrement et déclare leur opposition. Donc, vous êtes dans une situation où il ne s’agit même plus de vérification des faits mais bien d’une simple présentation d’une opinion alternative.

Ça va s’appliquer sur les plateformes de Meta quoique ça ne soit pas absolument sûr. Mais ça ne marchera pas. Mais il y a un autre facteur intéressant. D’abord, M. Zuckerberg en faisant cela va épargner de l’argent. Derrière l’idée des notes de la communauté, il y a l’idée que les abonnements pourraient augmenter et ainsi Facebook ferait plus d’argent.

Mais, fondamentalement, ça ne va que créer un espace où les gens vont pouvoir s’engager dans des débats de plus en plus litigieux. Il est très important de garder en tête que le système des notes communautaires implique qu’il y a des enjeux quant aux informations disponibles sur Facebook pour les enfants n’est-ce pas ? Nous ne savons pas non plus, ce que la plateforme met de l’avant, ce qui sera touché par les notes communautaires. Les plateformes fonctionnent avec un étalonnage vertical des publications qui permet aux utilisateurs.trices de s’engager dans des débats. Nous ne sommes pas dans une opération de liberté d’expression, nous sommes dans la liberté de la parole sur le marché. Le libre marché de la parole permet aux personnes ayant de l’autorité, de l’influence d’avoir une voix prépondérante sur Facebook que ce soit via des paiements ou les algorithmes qui décident de ce qui sera mis de l’avant et donc noté par la communauté.

Tout cela est vraiment important. Nous connaissons Facebook, tout ce verbiage à propos de la liberté d’expression est trompeur ; Facebook est reconnu avec ses tests pour promouvoir des contenus qui sont « mauvais pour le monde », le genre de contenu qui vous fâchera ou vous fera rire. Donc, la raison d’affaire de Facebook est de modérer les conversations publiques. Les notes communautaires ne sont qu’un écran de fumée devant la prétendue permission de la liberté de parole grâce à la vérification faite par les usagers.ères. Ce système ne fonctionnera pas il ne va que mener à de plus en plus de polarisation et va miner la démocratie en polluant le milieu de l’information avec de la désinformation idéologique.

A.G. : Professeur Vaidhyanathan, M. Zuckerberg a aussi annoncé mercredi que Meta déménageait ses équipes de modération de contenu en dehors de la Californie, au Texas en expliquant que ce transfert allait « aider à construire la confiance dans ce travail dans des endroits où il y a moins de préoccupation envers les biais de nos équipes ». Cela se passe après qu’Elon Musk fondateur des compagnies Tesla et SpaceX ait transféré ses incorporations du Delaware au Texas avec ses dirigeants républicains, du Sénateur Ted Cruz jusqu’à son gouverneur. Parlez-nous de ce que cela peut signifier comme vous nous expliquez que Meta endosse le mouvement MAGA.

A.V. : C’est purement symbolique. Les gens qui travaillent dans ces industries, en passant il y en aura de moins en moins, n’ont pas de préférence pour leur lieu de travail. Ils subissent tous le même entraînement, suivent les mêmes règles. Ce système de modération de contenu est très structuré.

La vraie question est à l’égard de ces milliers de travailleurs.euses sous contrat qui pour beaucoup se trouvent dans des pays de langue anglaise ou partiellement anglaise partout dans le monde. Ils et elles vivent par exemple en Inde ou au Philippines, reçoivent de petits salaires, sont obligés.es de visionner des heures et des heures d’horribles images et vidéos, de mutilation d’animaux, d’abus d’enfants, de violence terrible. Et voilà que la perte de leur travail devient leur avenir. C’était d’horribles emplois mais ces contrats vont être annulés.

C’est un petit groupe de travailleurs.euses américains.es qui vont devoir déménager au Texas et je ne sais pas trop ce qu’il veut dire à ce sujet. Il se peut même qu’il ne le fasse pas. Nous n’avons aucune raison de le croire. Personne ne va l’y obliger. Et je pense que ça ne veut pas dire grand-chose sauf un signal symbolique envers les Républicains.es ; c’est une sorte de cadeau. Mais je ne pense pas que ça va changer la façon de faire de Facebook de manière importante.

Ce qui va le faire par contre, c’est le passage aux notes communautaires qui vont aller à l’échec et Facebook et Instagram vont être inondés de discours haineux presque instantanément. Ça va devenir très déplaisant. La question qui va surgir est de savoir si ça va devenir déplaisant au point que les annonceurs vont commencer à faire pression sur Meta. Si cela se produit, ce sera le seul contre-pouvoir intégré au système qui pourrait faire surgir une correction de la politique. Ça ne me surprendrait pas. M. Zuckerberg n’a aucun principe en cette matière sauf ce qui est le mieux pour Facebook l’est aussi pour le monde. Tout le reste en découle.

N.S. : Alors, Maria Ressa et Siva, nous pouvons donc anticiper que ces plateformes vont être envahies par des discours haineux. Vous avez dit que vous feriez tout ce qui est possible pour « assurer l’intégrité de l’information ». Dites-nous, comment des individus et des organisations de nouvelles comme les vôtres peuvent donner l’assurance que tout y est vrai et que l’information a été vérifiée alors que ces sites vont être inondés de désinformation ?

M.R. : Mais, c’est déjà le cas. Cory Doctorow à utilisé cette expression : « the enshitification of the internet ». Au fait, je ne sais pas si vous avez vu Shrimp Jesus sur Facebook ? Que de la cochonnerie. Et Facebook nous dit qu’il va en publier encore plus.

Donc, je pense que le premier pas est de faire ce que nous avons fait jusqu’ici : collaborer, collaborer et collaborer. C’est avec #FactsFirstPH que nous avons pu nous emparer du centre de l’écosystème d’information de Facebook avec la collaboration d’environ 150 différents groupes. À sa base, 60 organisations de nouvelles qui travaillent ensemble. Mais, la vérification des faits ne va pas aussi vite, ne distribue pas aussi vite et ne se réponds pas aussi vite que les mensonges liés à la peur, la rage et la haine. Alors, que faisons-nous ? Il y a 60 organisations d’information qui font de la vérification des faits chaque jour. Mais l’autre niveau, c’est la société civile, les groupes, les Églises, les groupes d’affaires. Ce niveau est essentiellement attaché à la distribution. Nous l’appelons le réseau. Nous nous organisons pour que chaque personne dans ce réseau partage la vérification tous les jours et avec émotion.

Au troisième niveau se sont nos partenaires académiques. Nous offrons un tuyau de données vérifiées et chaque semaine, les universitaires … Parce que, à nouveau, qui sont les groupes attaqués ? Comme M. Zuckerberg l’a dit dans cette citation, ce sont les journalistes. Donc, comme notre crédibilité était constamment attaquée, les universitaires sont entrés (dans le jeu). Et chaque semaine qui nous a menés.es aux élections de 2022, les universitaires sont intervenus pour dire aux gens que ce que racontait Meta était contaminé, que les annonces à propos de qui détenait l’avance dans la course et qui devenaient virales l’était bien sûr.

Et finalement, notre dernier niveau est constitué des avocats.es de six cabinets légaux, de droite, du centre et de gauche, pour que la règle de loi soit protégée. Car, il n’y a pas de règle de loi sans intégrité des faits. Et deux ou trois jours avant les élections, nous nous sommes emparé du centre de l’écosystème d’information de Facebook.

Et voilà notre problème. Pour avoir les faits, vous devez travailler quatre fois, cinq fois plus intensément et collaborer toujours plus. Ce n’est qu’une solution intérimaire. C’est l’autre groupe qui a abdiqué ses responsabilités de protection du public, nos gouvernements démocratiques actuels, qui n’ont pas réussi à installer les instruments publics de protection, qui détient la solution à long-terme. Pour tout mettre ensemble : ce n’est pas un problème de liberté de parole, OK ? Facebook cherche l’argent et le pouvoir. Et le Président Trump lui a donné sa bénédiction. M. Zuckerberg se sent mieux maintenant. Peut-être que tout va s’arrêter là ? C’est ce qu’il y à voir en chemin. Ensuite il faudra que le capitalisme soit surveillé. Sans cela, Facebook va empocher encore plus d’argent. Cette compagnie fait 300 mille milliards de dollars par année aux dépends de la sécurité de ses utilisateurs.trices sur sa plateforme.

A.G. : Nous allons nous arrêter ici. M. Zuckerberg doit faire face à titre de PDG de Meta, au cours des prochains mois, sous l’administration Trump, à une comparution devant la FTC (organe de régulation des médias), à propos du fractionnement envisagé de Meta qui pourrait lui faire perdre des milliards.

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