Lester Brown, agroéconomiste et fondateur de l’institut Worldwatch ainsi que du Earth Policy Institute, lance un nouveau signal d’alarme sur les liens entre le réchauffement climatique et le prix des aliments. Les températures extrêmes, explique-t-il, auront un effet accélérateur sur la hausse des prix déjà constatée en raison de la croissance forte des pays émergents.
« Some of the factors feeding the rise in food prices — floods in Australia, last summer’s drought in Russia, and bad weather in South America – are temporary. [...] if you’re looking at next year or a few years out, the trading range has shifted higher on emerging market demand, lower inventories and biofuel policies that are adding a new layer of demand onto the market. Sadly, the extreme weather we are seeing is not a “temporary” phenomenon. »
Il cite comme exemple la période de chaleur extrême en Russie, l’été dernier, qui a détruit un tiers des récoltes et conduit ce pays à bannir les exportations de grains jusqu’à la fin de la récolte de 2011. Mais depuis, les prix de plusieurs aliments n’ont cessé d’augmenter. « Il y a eu plusieurs vagues de hausses des prix », explique Natalia Orlova, économiste de la banque moscovite Alfa Bank. « D’abord, ceux du pain et du sarrasin, puis celui du lait et maintenant celui de la viande. »
Dans ce contexte d’événements climatiques extrêmes, le Bengladesh a aussi vu le prix du riz augmenté de 8 % en décembre et l’Inde le prix des oignons de 80 %. Selon plusieurs observateurs, l’augmentation du prix des aliments ne seraient pas étranger à la force du mouvement de contestation qui a récemment déferlé sur le Moyen-Orient. Rappelons que dans un geste désespéré pour conserver le pouvoir, le président déchu de la Tunisie avait baissé le prix du sucre, de l’huile à cuisson et d’autres produits alimentaires. Mais il était déjà trop tard pour lui.
Mais selon l’index des prix de la FAO, publié jeudi 3 février à Rome, les prix ont augmenté de 3,4% par rapport à décembre 2010 pour atteindre 231 points sur l’index établi par la FAO, « le plus haut niveau depuis que la FAO a commencé à mesurer les prix alimentaires en 1990 », indique l’organisation onusienne.
Pour la FAO, c’est l’ensemble des prix alimentaires qui ont enregistré une hausse importante en janvier, à l’exception de celui de la viande qui est resté inchangé. Ce sont les pays à faible revenu qui risquent de rencontrer de sérieux problèmes pour financer leurs importations alimentaires et pour les foyers pauvres qui dépensent une large partie de leur revenu dans la nourriture.