Édition du 19 novembre 2024

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Planète

Les changements climatiques nécessitent une intervention sans compromis

Au moment même où la dernière vague de froid intense frappait l’Amérique du Nord, le Climate Change Institute de l’Université du Maine soulignait que la température moyenne de la Terre s’était accrue de 0,5°C par rapport à la normale. Dans l’Arctique, cet écart était de 3,4°C.

Les premières évaluations pour 2017 donnent tout autant à réfléchir : 2017 a été la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée (après 2016), et la plus chaude qui n’ait pas subi l’influence d’un épisode El Niño.

Les inondations et les sécheresses catastrophiques, les vagues de chaleur, la fonte de la calotte polaire, les feux de forêt et les températures extrêmes atteignant la limite de la tolérance humaine sont aujourd’hui devenus des événements banals.
L’Amérique du Nord a connu cette année un flux constant d’événements spectaculaires. La saison des ouragans dans l’Atlantique a battu des records : la plus longue série de tempêtes tropicales se transformant en ouragans, trois grands ouragans qui ont touché terre, des pluies d’une intensité jamais enregistrée auparavant, la plus longue durée observée pour un ouragan dans l’Atlantique, et le passage le plus rapide de la catégorie 1 à la catégorie 5.

Tempête exceptionnelle, l’ouragan Ophelia, le plus puissant de l’est de l’Atlantique, a remonté vers le nord pour frapper les îles Britanniques.

Sur les côtes nord-américaines du Pacifique, les feux de forêts ont causé des dévastations rappelant les incendies de Fort McMurray, mais à une échelle plus grande encore. Pendant des semaines, des centaines de kilomètres ont été pollués par la fumée et les cendres, avec la contamination de l’air et les risques sanitaires qui les accompagnent.

Sur le troisième littoral du Canada, l’Arctique, le réchauffement est si rapide que les scientifiques déplorent la disparation irrémédiable de l’Arctique gelé comme on le connaissait. Le Canada sera l’un des premiers pays à composer avec des réfugiés climatiques : les Inuits ont déjà du mal à survivre dans un écosystème de plus en plus méconnaissable.

À l’échelle mondiale, le secteur des assurances a dû verser des compensations records suite à ces événements. Aux États-Unis seulement, les dommages ont dépassé pour la première fois 300 milliards de dollars ($US). Et ces chiffres sont peut-être sous-estimés, du fait que plusieurs îles des Antilles ont été presque entièrement détruites, causant des pertes de vies humaines.
Les scientifiques peuvent aujourd’hui affirmer avec certitude que, à des degrés divers, les changements climatiques ont exacerbé ou favorisé l’apparition de tels phénomènes.

C’est sans doute l’attention médiatique suscitée par ces événements tragiques qui a amené nos gouvernements à faire de beaux discours sur les changements climatiques et à élaborer des plans de lutte nationaux et provinciaux débordant de bonnes intentions. Malheureusement, aucun de ces plans n’a passé le test des vérifications objectives de leur mise en œuvre, de leur rigueur et de leur pertinence (menées par exemple par le vérificateur général du Canada).

En fait, nous sommes tous (les gouvernements et bien des gens) comme des patients qui viennent de recevoir un diagnostic de pré-diabète. Nous sommes conscients de la gravité de notre état, mais espérons que la fréquentation du gymnase nous permettra d’éviter le pire sans avoir à changer vraiment notre mode de vie et notre régime alimentaire.

Apparemment, nous, les humains, sommes programmés pour valoriser notre confort à court terme aux dépens de nos intérêts à long terme. En souhaitant que tout ira pour le mieux, nous résistons au changement même lorsque nous sommes confrontés à la réalité d’un danger.

La physique du climat nous montre clairement que nous ne pouvons plus nous permettre de brûler tous les combustibles fossiles que nous produisons à l’heure actuelle sans risquer de nous autodétruire. De grandes institutions, comme la Banque mondiale, en ont pris acte et ont décidé de ne plus financer les projets d’exploitation de combustibles fossiles.

De nombreux économistes de renommée mondiale ont récemment indiqué clairement qu’il n’y a plus de place pour de nouvelles infrastructures liées aux combustibles fossiles et que, en conséquence, il n’y a plus lieu de continuer à y investir.

Et pourtant, malgré ces constats des scientifiques et des économistes, les plans canadiens de lutte contre les changements climatiques, sauf celui du Parti Vert, prévoient toujours la croissance de l’exploitation des sables bitumineux, la construction de pipelines pour le transport du pétrole et du gaz non conventionnels et de nouveaux terminaux pour le GNL, et le recours à la fracturation hydraulique.
Les gouvernements doivent prendre acte qu’il n’y a plus de place pour de nouveaux projets de développement des combustibles fossiles et qu’il nous faut en freiner rapidement et radicalement la consommation.

Pour en revenir à l’exemple de notre patient diabétique, ce n’est pas en éliminant uniquement un facteur de risque que l’on va éviter la maladie. Nos plans de lutte contre les changements climatiques doivent insister sur la nécessité de modifier nos comportements autodestructeurs, même s’ils sont profondément ancrés en nous, faute de quoi tous les autres volets risquent fort d’échouer, car les citoyens ne sont pas prêts à modifier leurs habitudes et leur style de vie, et l’avenir des entreprises sera problématique.

Mais si le gouvernement définit clairement les enjeux, les citoyens comme les entreprises vont se rendre compte que les changements et les investissements nécessaires pour sauver la planète peuvent aussi être sources d’emplois, de prospérité, de santé et de bonheur.

Selon la revue Nature, les modèles climatiques les plus précis sont aussi ceux qui prévoient la hausse des températures la plus forte et la plus rapide. Cela veut dire que même les plans conçus pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sont insuffisants, et que, faute de programmes plus sérieux, la hausse des températures va atteindre des niveaux dangereux.

Il ne reste que quelques années pour modifier cette trajectoire.
Espérons que les partis politiques vont enfin s’engager à faire face à cette réalité et nous amener vers une « nouvelle normalité ».

Jim Emberger, porte-parole de l’Alliance anti-gaz de schiste du Nouveau-Brunswick / New Brunswick Anti-Shale Gas Alliance.

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