Alors que de nombreuses décisions importantes étaient reportées du fait de délégués devant quitter la conférence pour prendre un avion, un organe subsidiaire pour les peuples autochtones a été créé en vertu de l’article 8J de la Convention.
D’après les Nations Unies, cette entité constituera un espace permanent pour les peuples autochtones et communautés locales, qui leur permettra de participer aux prises de décisions relatives à la biodiversité. Malgré l’importance cruciale de renforcer l’implication des peuples autochtones dans les décisions ayant un impact sur leurs territoires (où se trouve la majeure partie de la biodiversité mondiale), il reste à déterminer si cette initiative améliorera réellement le respect de leurs droits humains. Aucun accord n’a été trouvé sur le mécanisme de financement et le suivi du Cadre mondial de la biodiversité, notamment en ce qui concerne la Cible 3, qui représente actuellement la plus grande menace pour les vies et les terres des Autochtones.
Dans l’ensemble, on n’observe aucune remise en question du statu quo, à savoir le vol de terres autochtones au nom de la conservation et l’appropriation des fonds pour la biodiversité par l’industrie de la conservation.
Quelques exemples d’échecs de la COP16
• Mise en œuvre : Les délégués n’ont même pas réussi à se mettre d’accord sur les modalités de financement de la mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité.
• Financement : Des délégués du Sud global ont exprimé leur mécontentement, car les fonds annoncés pour le financement du Cadre sont tout à fait insuffisants.
• Répartition : Des délégués du Sud global ont exprimé un mécontentement justifié sur le fait que de grandes organisations du Nord (telles que le WWF) s’approprient le peu de fonds mis à disposition via le Fonds du cadre mondial de la biodiversité, mis en place sous l’égide du Fonds pour l’environnement mondial, en 2022 (voir le briefing presse de Survival à ce sujet).
• Négligence des besoins des pays les plus biodivers : La plupart des pays détenant la majeure partie de la biodiversité mondiale ont demandé la création d’un nouveau fonds dédié. En réponse, 160 millions de dollars supplémentaires ont été promis par plusieurs gouvernements occidentaux, mais ceux-ci insistent pour qu’ils soient alloués via le Fonds du cadre mondial de la biodiversité, et ce malgré une forte opposition à ce mécanisme.
• Non-protection des droits humains : Aucun accord n’a encore été trouvé en ce qui concerne le plan de suivi des projets financés par le Fonds du cadre mondial de la biodiversité. Les propositions actuellement sur le table n’incluent aucune mesure permettant de garantir le respect des droits des peuples autochtones. Or, la protection des droits humains des Autochtones est essentielle, car des initiatives sont prises pour quasiment doubler la surface des Aires protégées dans le monde. En effet, trop souvent, dans de nombreuses parties de monde, les zones de conservation sont militarisées et les peuples autochtones chassés de leurs terres, ce qui constitue une violation de leurs droits humains.
Fiore Longo, directrice de la campagne Décoloniser la conservation de la nature de Survival International, a déclaré : “La COP16 a montré une fois encore que le pouvoir de l’industrie de la conservation et des gouvernements prenait le pas sur les véritables besoins de notre planète. L’urgence à agir pour protéger la biodiversité est réelle, mais ces acteurs continuent de proposer de fausses solutions et entravent tout véritable changement. […] Si nous voulons sauver notre planète, nous devons en finir avec la stratégie consistant à maintenir le statu quo et à accroître la monétisation ou le pouvoir des grandes organisations… Nous avons besoin de tout le contraire ! […] Nous avons particulièrement besoin de respecter et reconnaître les droits territoriaux des peuples autochtones.”
Les crédits biodiversité
Sans surprise, la COP16 a répondu aux attentes des partisans de la privatisation et de la monétisation des programmes de conservation.
La puissante coalition composée du Groupe consultatif international sur les crédits biodiversité (IAPB), de la Biodiversity Credits Alliance et du Forum économique mondial ont présenté des « principes de haute intégrité » n’ayant d’intègre que le nom. En effet, ces principes comprennent de nombreux points problématiques, dans la mesure où ils permettent la compensation et la vente de crédits avant tout constat d’impact positif.
Des organisations de la société civile ont fait part de leurs vives préoccupations quant à cette initiative vouée à l’échec, mais n’ont pas pu l’empêcher.
Des efforts conséquents seront donc nécessaires pour sensibiliser aux dangereuses conséquences de ces mécanismes sur les vies et les terres des peuples autochtones (voir le rapport de Survival sur les défaillances du Fonds du cadre mondial de la biodiversité).
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d’aide financière à l’investissement.
Un message, un commentaire ?