Un phénomène en expansion
En août dernier, selon les données colligées par AirDNA, 2427 logements ou chambres étaient offerts en location à des touristes sur la plateforme Airbnb. Du nombre, 1552 étaient des logements entiers. Plus de 70 % de ces logements sont situés dans l’arrondissement La Cité-Limoilou.
Dans les quartiers centraux, 2,2 % du stock de logements est offert aux touristes sur Airbnb. L’ampleur du phénomène dans le Vieux-Québec – Cap-Blanc – Colline Parlementaire (4,6 % des logements privés sont sur Airbnb) est bien connue, mais la problématique dépasse les frontières de ce quartier. Dans les quartiers adjacents, Saint-Jean-Baptiste (3,2 %) et Saint-Roch (2,8 %), et même dans des quartiers historiquement moins touristiques comme Saint-Sauveur (1,5 %) et Limoilou (1,4 %), la proportion de logements entiers mis en location sur Airbnb est également importante.
Une activité lucrative
Dans les quartiers centraux, 58 % des logements entiers loués sur Airbnb ont un taux d’occupation élevé (c’est-à-dire qu’ils ont été loués 76 jours et plus lors de la dernière année). En moyenne, ces derniers ont été réservés 159 nuits l’an dernier et ont rapporté un revenu annuel d’un peu plus de 23 000 $ à leur hôte. Force est de constater qu’une majorité des hôtes utilisent des logements pour en faire une activité commerciale lucrative.
Des conséquences dans les quartiers
La prolifération des logements réservés aux touristes n’est pas sans conséquence pour les résidentes et résidents. Le retrait d’unités de logement du stock locatif entraîne une pression à la hausse sur le prix des loyers. Des locataires sont évincés de leur logement ou subissent des pressions parce que leurs propriétaires veulent relouer à gros prix à des touristes. Le va-et-vient incessant dans les immeubles et dans les quartiers résidentiels, le bruit, la perte des liens de voisinage nécessaires au sentiment de sécurité sont également des exemples qui contribuent à l’effritement du tissu social.
Illégalité à combattre
Selon le répertoire des établissements touristiques de la Corporation de l’industrie touristique du Québec, seulement 72 résidences pour tourisme détiennent les attestations obligatoires sur le territoire de la Ville de Québec. On peut donc conclure qu’entre 90 % à 95 % des locateurs Airbnb à Québec agissent dans l’illégalité.
La Ville de Québec doit agir promptement. Dès maintenant, elle doit s’attaquer à la problématique en utilisant les pouvoirs dont elle dispose et en se dotant des ressources nécessaires pour faire respecter les règlementations. La mise en place d’un comité de travail sur l’hébergement touristique ou encore l’adoption d’un moratoire sur l’usage de résidence de tourisme (dont la portée se limitera au Vieux-Québec, Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste) ne suffisent pas.
Les discours doivent faire place aux actes. L’hôtellerie illégale ne doit plus être tolérée. Ses conséquences dans les quartiers se font déjà trop sentir. La Ville de Québec aura-t-elle enfin la volonté politique de se mettre à la tâche ?
Jonathan Carmichael, Bureau d’animation et information logement (BAIL)
Marie-Ève Duchesne, Comité populaire Saint-Jean-Baptiste
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