16 janvier 2023 | tiré de pivot.quebec
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Dossier : Privatisation de la santé : un contrat à la fois
Lisez la suite du dossier :
Des agences privées de placement en santé toujours très présentes malgré les promesses
Agences privées de placement en santé : une fausse solution coûteuse
Les agences privées de placement à la conquête des services sociaux
Des agences privées qui dictent leurs conditions, Déreck Cyr en a été témoin. Le président du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (SIIIAL), affilié à la CSQ, raconte que le syndicat a dû intervenir, car les infirmières provenant d’une agence privée refusaient d’aller en zone rouge, où étaient hospitalisées les personnes atteintes de la COVID-19. « Les agences avaient dans leur contrat qu’elles n’étaient pas obligées d’y aller », déplore-t-il.
Les agences privées de placement de personnel prennent une place importante dans le réseau de la santé. Ces agences offrent des salaires alléchants et des conditions de travail avantageuses. En même temps, l’omniprésence de celles-ci coûte cher, draine le personnel du réseau public, déséquilibre les équipes de travail et peut même affecter la qualité des soins.
Malgré le désir exprimé par le ministre de la Santé, Christian Dubé, de réduire le recours au personnel d’agences, il persiste. Et dans certains secteurs comme les services sociaux, il augmente. Les agences privées de placement de personnel sont-elles une solution, ou font-elles partie du problème ? Pivot s’est penché sur la question.
On voit aussi ce type d’exigences au niveau des horaires, rapporte le président du syndicat lavallois : des agences privées refusent de travailler sur des quarts de travail défavorables, au détriment des employées du réseau public.
Des remplacements sur des quarts de jour sont régulièrement donnés à du personnel provenant d’une agence privée « alors que le poste devrait aller à l’infirmière qui travaille de soir ou de nuit », explique Déreck Cyr. Le CISSS justifie cela en affirmant que l’employé·e indépendant·e ne veut pas travailler de soir ou de nuit, « alors on ne donne pas [le poste de jour] à [l’infirmière] de soir, parce qu’on veut la garder là, et on le donne à l’infirmière d’agence. [Le syndicat] doit souvent intervenir », dit-il.
La situation n’est pas unique à Laval. Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal rapporte avoir eu des échos de situations où son CIUSSS avait besoin de main-d’œuvre pour l’urgence, mais se faisait répondre par les agences que leur personnel voulait des postes de jour, en CLSC.
Les services comme la salle d’accouchement et l’urgence, où il est très difficile de contrôler l’achalandage, sont ceux qui vivent le plus de manque d’effectifs et où le recours au temps supplémentaire obligatoire (TSO) est le plus fréquent, soulève Denis Cloutier. « C’est pour cela que les agences n’y vont pas », observe-t-il.
La situation décrite par les représentants syndicaux des infirmières du CISSS de Laval et du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal est confirmée par l’étude des rapports financiers annuels de ces établissements.
Pivot a comparé les pourcentages d’heures effectuées par les employé·es du réseau et par le personnel venu des agences privées dans trois programmes au cours des trois dernières années.
On note que la main-d’œuvre indépendante, terme employé pour désigner le personnel des agences, est beaucoup moins présente à l’urgence que dans les deux autres programmes où les horaires sont surtout de jour.
Il déplore aussi que les mesures annoncées jusqu’à maintenant par le gouvernement Legault pour freiner le recours au TSO n’ont pas l’envergure nécessaire pour enrayer le problème.
« Moi aussi, je veux mettre fin au TSO, je veux la paix sur la terre », ironise-t-il, « c’est facile d’avoir des souhaits de bonne volonté, mais qu’ils mettent les fonds et les mesures avec l’envergure nécessaire pour changer la situation. »
Déreck Cyr est catégorique : le gouvernement « pourrait simplement faire une loi au Québec disant que les agences privées ne peuvent plus exister et 2300 infirmières reviendraient dans le réseau public ». Son syndicat revendique ni plus ni moins que l’abolition totale des agences privées de placement.
L’association des Entreprises privées de personnel soignant du Québec (EPPSQ) n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.
Le CIUSSS de l’Est-de-Montréal a dit n’avoir personne pour commenter. Après avoir d’abord accepté une demande d’entrevue, le CISSS de Laval s’est retiré sous prétexte que la personne responsable n’était pas disponible. Le CISSS a refusé de nous dire pour combien de temps.
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