Je ne répéterai pas non plus ce que j’ai dit et que j’ai entendu de bien des militants à l’effet que le PQ est largement responsable de cette débâcle. Pas seulement la consternante campagne électorale qu’ils ont fait à date (mon petit côté méchant me fait espérer que certains « spins » et « éminences grises » seront punis pour avoir été aussi pourris). Mais aussi parce que ce Parti est en déclin depuis plus de 20 ans, qu’il ne s’est jamais renouvelé, qu’il est tombé dans la « p’tit gestion » électoraliste et qu’il a été lui-même contaminé par les pratiques de corruption, de manipulation et de malgestion.
Malgré tout cela, des gens de bonne volonté se disent, « bouchons-nous le nez et votons pour le PQ pour bloquer le PLQ ».
Je peux comprendre, mais je ne suis pas d’accord. Le temps est venu de changer de chemin, un peu comme le tournant des années 1960. Il faut passer à autre chose et ce passage ne sera pas facile. Il sera même coûteux et risqué. C’est obligé parce que le PQ, comme le dit l’expression, a fait son temps. Plus encore, il a atteint le point de non-retour. Il est condamné à l’échec, et il nous condamne à l’échec. Si jamais le vent tourne et le PQ est réélu, il fera la même chose. Il dira une chose et fera l’autre. Il va parler d’équité sociale et il va couper l’aide sociale. Il va parler de protéger les familles et il va augmenter les frais de garderie et les tarifs de l’hydro. Il va parler de responsabilité sociale et il va donner le feu vert aux pétro-voyous et aux bandits en cravate qui se présentent comme des entrepreneurs. Pas une fois lors du deuxième débat, Marois a pu répondre à Françoise sur la grossière iniquité fiscale.
Pour les nostalgiques des referendums, jamais le PQ ne bougera sur cela, à moins qu’Ottawa ne croule sous sa propre incompétence (ce qui n’est pas totalement impensable). Il n’affrontera pas les fédéralistes, et surtout pas l’establishment canadien et québécois qui à part une poignée de PKP, sont tellement contents de vivre sous le ciel du fédéralisme canadien.
C’est dommage pour Pauline, c’est dommage pour ceux et celles qui y croient encore, mais fondamentalement, « The game is over » …
Que faire alors ?
Un vote pour QS le 7 avril peut être le début d’une ressaisie, je n’ose pas dire, de la « longue marche » qui nous attend. C’est à QS que revient l’initiative de reconstruire un projet populaire, audacieux et en même temps réaliste. L’audace est au rendez-vous, surtout en direction de l’économie verte et de la remise en état d’un appareil juste et efficace en matière de santé et d’éducation. De l’audace, il en faudra pour affronter les corporations de médecins terriblement réactionnaires, les grandes compagnies pharmaceutiques, l’establishment universitaire globalement de droite, sans compter le monde perverti des associations patronales et l’État fédéral, le seul véritable État dans ce pays.
Du réalisme il en faudra aussi, ne pas tout faire en même temps, savoir tendre la main et faire des alliances et des compromis. Il faudra ré-imaginer bien des choses, y compris le grand projet d’émancipation nationale, impensable si on ne peut se joindre aux 25 % de non-francophones, et si on n’a pas une base d’alliés du côté canadien. Cela ne sert à rien de se pêter les bretelles. Une bataille aussi gigantesque ne se gagne pas avec des discours grandiloquents.
Alors en attendant, il faut comme le dit l’expression « faire sortir le vote » le 7 avril, et convaincre ses voisin-es, ses ami-es, ses collègues que le vrai vote stratégique, c’est celui-là, car c’est de là qu’on pourra recommencer ce qui a été arrêté depuis 25 ans.