Édition du 17 décembre 2024

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Le retour à l’austérité, non merci !

L’attitude du gouvernement de la CAQ, qui laisse entrevoir des mesures d’austérité au cours des prochaines années, est déplorable. Le ministre des Finances, Eric Girard, a annoncé dans sa mise à jour économique de novembre un gel des embauches et des coupures importantes dans les budgets des ministères et organismes afin de récupérer des milliards de dollars. Cela minera inévitablement l’ensemble des services publics.

Pour faire face à la pandémie, tous les gouvernements ont eu à dépenser beaucoup plus que prévu cette année. Nos services publics sont le plus grand outil de solidarité à notre disposition et c’est leur rôle de protéger coûte que coûte leurs citoyens à travers cette crise. Inévitablement, pour le gouvernement du Québec, ces dépenses supplémentaires vont engendrer un déficit substantiel pour quelques années. Il faut absolument éviter que cela signifie un nouveau retour à l’austérité.

Malheureusement, le cadre législatif entourant l’équilibre budgétaire et le Fonds des générations est très limitant pour le gouvernement. La Loi sur l’équilibre budgétaire n’a pas été conçue en prenant en considération une crise comme celle que nous traversons. Par exemple, malgré une pandémie d’une ampleur sans précédent depuis plus d’un siècle, elle oblige le gouvernement à corriger les déficits encourus pour lutter contre la pandémie en seulement cinq ans.

L’obligation de tenir compte des versements au Fonds des générations dans le calcul du solde budgétaire est une autre contrainte inadaptée à la crise actuelle. En effet, comme le versement au Fonds des générations est une obligation légale, le budget doit dégager un surplus équivalent au versement prescrit au Fonds des générations avant de considérer être techniquement en équilibre. C’est donc dire que l’on pourrait, dans les faits, avoir un budget réellement équilibré, mais être tout de même obligés de couper dans les services publics pour l’exigence de la Loi. Tant qu’elle n’aura pas été modifiée, cette situation perdurera, même s’il y avait consensus au gouvernement et dans la population pour un réinvestissement dans les services publics.

Inévitablement, si les perspectives de croissance économique ne se révèlent pas être à la hauteur de ce qui est prédit par le ministre des Finances dans les prochaines années et que celui-ci tient, à tout prix, à revenir à un équilibre budgétaire d’ici 5 ans et à maintenir les versements au Fonds des générations pour se conformer à la Loi, il devra proposer une augmentation substantielle des revenus de l’État ou un retour à l’austérité.

L’autre possibilité, c’est d’accepter que la nature inédite de la situation actuelle fasse en sorte qu’il est souhaitable d’assumer des déficits raisonnables pour quelques années supplémentaires plutôt que de revenir à l’austérité. Nous sommes convaincus, comme plusieurs autres acteurs sociaux et de nombreux économistes, que nous pourrions sans problème modifier le cadre légal pour nous donner la flexibilité de nous adapter au nouveau contexte. C’est un scénario qui serait tout à fait soutenable pour le Québec puisque sa dette demeure sous contrôle et que les taux d’intérêt devraient rester très faibles dans les années à venir.

Le sous-financement chronique des services publics et des infrastructures publiques est une forme de dette laissée aux futures générations. La dette écologique en est une autre. Il est largement préférable d’accepter de garder ces deux formes de dettes sous contrôle et de revenir un peu plus tard à l’équilibre budgétaire.

Christian Daigle, président général du SFPQ

Christian Daigle

Christian Daigle est élu à la présidence générale lors du 28e Congrès du SFPQ en avril 2016. Avant son élection à la présidence, Monsieur Daigle a occupé plusieurs fonctions au sein de la structure syndicale, et ce, depuis près de vingt ans, autant au palier local, régional, que national. Il a été vice-président d’avril 2005 à avril 2016 et a milité au sein du Comité national des jeunes (CNJ) de 2000 à 2005. Avant cela, il a œuvré au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale comme agent d’aide socioéconomique dans la région de Québec – Chaudière-Appalaches. Monsieur Daigle est responsable des dossiers suivants :

 Présidence générale

 Coordination générale des services

 Porte-parole officiel du Syndicat

 Comité de coordination générale

 Demandes d’appui et d’aide financière

 Relations avec les personnes représentantes régionales et les régions

 Relations et représentations auprès des autres organisations syndicales

 Relations publiques, médiatiques et réseaux sociaux

 Représentation auprès des autorités politiques et administratives des employeurs

 Représentation auprès des instances syndicales internationales

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