Édition du 17 décembre 2024

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Canada

Le conseil d’administration de la Banque de l’infrastructure est pro-privatisation

Le gouvernement Trudeau vient de dévoiler la composition du conseil d’administration de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) et la majorité de membres du conseil ont des liens avec les acteurs du monde de la privatisation et du financement privé.

Au printemps dernier, les libéraux ont présenté un projet de loi afin de créer cette banque. La Loi sur la Banque de l’infrastructure du Canada interdit aux représentants des municipalités et des gouvernements fédéral et provinciaux de siéger au conseil d’administration. Pourtant, les libéraux ont confié 35 milliards de dollars en fonds publics à la BIC. De plus, la nouvelle banque va jouer un rôle clé dans de nombreux grands projets d’infrastructure publique. Ce déséquilibre patent en faveur du privé, les libéraux n’en font aucunement mention dans la communiqué de presse qui vante la composition du conseil d’administration.

En mai, le SCFP prévenait le gouvernement contre le risque de confier le contrôle de la BIC à un conseil bourré de représentants des banques et du secteur financier, les secteurs qui profiteront directement de la nouvelle banque.

Le Globe and Mail rapporte que plusieurs membres du conseil d’administration ont des liens avec les libéraux et sont donateurs du Parti libéral et du Parti conservateur.

Deux des dix administrateurs, Bruno Guilmette et Michèle Colpron, entretiennent des liens directs avec le secteur des caisses de retraite. Le SCFP s’oppose à ce que les caisses de retraite tirent profit des PPP et des autres formes de privatisation.

Plusieurs autres administrateurs sont en lien étroit avec des projets de privatisation. Jane Bird a participé à Canada Line, un projet de train rapide réalisé en PPP à Vancouver. Le gouvernement Trudeau présente la Canada Line comme une réussite, mais elle constitue en fait un exemple parfait de ce qui tourne mal quand l’État confie les infrastructures publiques à des intérêts privés. À Vancouver, les grandes décisions ont été prises en fonction des profits plutôt que des besoins de la population.

James Cherry a été PDG de l’autorité aéroportuaire du Grand Montréal. Il a milité en faveur de la privatisation des aéroports. Récemment, il est entré au conseil d’administration du Centre universitaire de santé McGill, un PPP montréalais. Le gouvernement fédéral étudie la possibilité de privatiser les aéroports, mais il refuse de rendre publics l’analyse qu’il a commandée ou les détails de son plan.

D’autres membres du conseil d’administration de la BIC travaillent pour des entreprises financières privées, des cabinets d’avocats spécialisés dans les PPP ou possèdent des compagnies qui sont susceptibles d’agir comme sous-traitant dans le cadre de projets en PPP.

Deux administrateurs ont déjà travaillé avec SaskPower et sur le projet hydroélectrique de Muskrat Falls à Terre-Neuve-et-Labrador. Or, la BIC ciblera particulièrement les services d’utilité publique.

Elle ciblera aussi la privatisation du transport collectif. Un des administrateurs a travaillé chez Metrolinx, l’agence ontarienne responsable des transports en commun dans les régions de Toronto et de Hamilton. Les grands projets d’expansion gérés par Metrolinx ont été réalisés en PPP. L’ex-numéro un de l’agence, Bruce McCuaig, est maintenant conseiller principal à la BIC.

La composition du conseil d’administration de la BIC est presque complétée. Il reste à annoncer l’identité de son PDG, mais il est d’ores et déjà clair que la banque favorisera exclusivement les projets de privatisation à coût élevé. Cela va à l’encontre du programme électoral des libéraux et des lettres de mandat données aux ministres qui promettaient la création d’une banque qui aiderait les municipalités en leur offrant des prêts à faible coût.

Parallèlement au dévoilement de la composition du conseil d’administration de la BIC, le ministère fédéral des Finances annonçait l’émission d’obligations à long terme à un taux d’intérêt de 2,25 pour cent. Comme le souligne l’économiste du SCFP, Toby Sanger, il n’y a aucune raison, quand le gouvernement peut emprunter à 2,25 pour cent sur 50 ans, de laisser la BIC utiliser un financement privé qui fera doubler la facture des projets. À moins que le véritable objectif soit de permettre aux prêteurs de réaliser d’importants profits.

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