Pourquoi une grève chez Postes Canada ?
Le 11 septembre dernier, les travailleuses et travailleurs urbains et ruraux de Postes Canada se sont dotés d’un mandat de grève afin de pousser leur employeur à négocier sérieusement et à écouter leurs revendications légitimes, les négociations se faisant en présence d’un conciliateur depuis le mois de juin.
Au premier chef de ces revendications, on retrouve la sécurité d’emploi, la santé et sécurité au travail, la reconnaissance du temps de travail et une garantie d’heures minimales par semaine. Le syndicat estime que l’employeur n’offre rien de satisfaisant sur chacun de ces points.
Si ces revendications vous semblent familières, c’est qu’elles ressemblent beaucoup à celles des travailleuses et travailleurs de la Société des alcools du Québec, également en conflit de travail avec une société d’État.
Tout ça, c’est sans compter l’exercice d’équité salariale que l’arbitre Maureen Flynn a imposé à Postes Canada en raison des iniquités salariales importantes qui avaient cours au sein de la société de la Couronne. En fait, le président national du Syndicat des travailleuses et travailleurs des postes (STTP) résume bien la situation : « pendant des décennies, Postes Canada a traité les facteurs dans les régions rurales et suburbaines [majoritairement des femmes] comme des travailleurs de deuxième classe ».
Il faut aussi comprendre que Postes Canada a été la cible de beaucoup de restructurations et de compressions sous le règne des conservateurs à Ottawa et que cela a teinté les dernières négociations de ses personnes salariées et leurs relations avec leur employeur.
Une loi spéciale, c’est injustifiable
En imposant par une loi spéciale un retour au travail des travailleuses et travailleurs des postes et en éliminant leur rapport de force en niant leur droit de grève, on les empêche de faire ce qu’ils font depuis des années : revendiquer une amélioration des services.
Les travailleuses et travailleurs des postes savent bien que la livraison de colis qu’entraîne la hausse du commerce en ligne est importante. C’est pourquoi ils veulent s’assurer que les conditions de travail des gens à qui l’on confie ces livraisons soient adéquates et qu’ils puissent les livrer dans les temps, en bon état et de façon sécuritaire.
Le STTP souhaite également que Postes Canada élargisse sa gamme de produits en offrant, notamment, des services bancaires aux communautés mal desservies par les institutions financières. Une proposition qui serait bénéfique pour les citoyennes et citoyens, et les petites entreprises des régions éloignées.
Le droit de grève est protégé par la Charte canadienne des droits et libertés. Un gouvernement qui se vante de placer les droits et les libertés de la population canadienne, comme celui de monsieur Trudeau, ne peut écouter les appels à la loi spéciale. Le gouvernement aurait avantage à envoyer des signaux importants afin de mettre de la pression sur les dirigeants de Postes Canada pour qu’ils tiennent compte des revendications légitimes de ses travailleuses et travailleurs.
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