Sur le plan militaire, il est clair que les milliards supplémentaires qui seront consacrés à l’armement sont une réponse aux pressions états-uniennes. Il n’y a pas d’autres raisons politiques, militaires ou humanitaires. Le Canada n’a rien à défendre si ce n’est les aventures impérialistes du big brother. L’armée canadienne est et restera un supplétif faiblard des offensives américaines dans cet arc-des-crises qui a explosé depuis 2003. D’ailleurs, il était à peine question dans les discours de la semaine passée des forces d’interposition de l’ONU (les « casques bleus ») qui ont été délaissées depuis Harper. De toutes les manières, l’efficacité des Casques bleus est maintenant connue pour ce qu’elle est, une misérable farce, quand elle n’est pas elle-même une partie des problèmes, comme on le constate en République centrafricaine.
Sur le plan de l’aide au développement, les « annonces » de Biveau étaient une litanie d’idées moralistes, sans stratégie et surtout sans moyens. Parler d’interventions pour défendre les droits des femmes sans prendre la peine de réorganiser et de refinancer les programmes d’aide frise la malhonnêteté. Ce n’est pas pour dire que le développement international servait à grand-chose ces dernières années. Depuis l’époque de Gérin-Lajoie (les années 1970) où il y avait une tentative de répondre aux intérêts du tiers-monde, cette politique d’aide a été « ajustée » en fonction des objectifs déterminés à Washington et gérée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Les ressources consacrées au développement à la base étaient toujours minimes pendant que la politique canadienne feignait de respecter les objectifs du millénaire. Les crises humanitaires étaient gérées en fonction d’impératifs politiques. Aujourd’hui, les capacités à ce niveau sont encore plus rétrécies.
Face aux États-Unis, le Canada est aujourd’hui coincé dans le mur. Par rapport aux négociations sur le libre-échange, le gouvernement canadien entend « avaler la pilule » et accepter les modifications aux échanges qui se feront au bénéfice des États-Unis, quitte à sauver la face avec des accommodements mineurs. En choisissant la voie de l’intégration quasi-totale de l’économie canadienne à celle des États-Unis, Brian Mulroney (l’initiateur) et les gouvernements qui lui ont succédé (libéraux et conservateurs) ont accepté la subordination qui répondent aux volontés du 1 % au Canada, sachant qu’éventuellement, cette intégration se traduirait par des impacts négatifs pour le 99 %.
À l’époque des Pearson et des Trudeau, le Canada avait une utilisé marginale en tant que « courtier » entre les grands, et notamment entre les superpuissances. Washington utilisait le Canada pour faire semblant qu’il voulait la paix au Vietnam ou au Moyen-Orient. Les relations diplomatiques établies par le Canada avec Cuba ou la Chine faisaient totalement l’affaire des États-Unis qui se servaient d’Ottawa comme une « antenne » à bon marché. Quand le temps des négociations sérieuses arrivait, le Canada était sorti de la salle. Au total, ce rôle de bon « courtier » n’a plus de sens et le simulacre de la puissance « moyenne » (« soft power » dans le jargon), imbue de principes humanitaires, n’est que de la fumée dans le vent.
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