Selon Jean Laporte, responsable de l’enquête, l’« industrie [pétrolière] en pleine expansion dont les trains transportaient de plus en plus de pétrole d’un bout à l’autre du pays et de l’autre côté de la frontière [américaine] n’était tout simplement pas surveillée ». Le laxisme en matière de sécurité chez Transport Canada a permis l’augmentation du dangereux transport du pétrole par train, et ce, même après le désastre de Lac-Mégantic.

Le gouvernement fédéral au banc des accusés

Selon le BST :

–  « Transports Canada n’a pas exercé une surveillance réglementaire adéquate pour s’assurer que les risques connexes étaient bien gérés.

–  Le bureau de la région du Québec de Transports Canada n’a pas assuré un suivi pour veiller à ce que les lacunes de sécurité qui se répétaient à la MM&A soient analysées et corrigées efficacement, de sorte que des pratiques dangereuses se sont perpétuées.

–  Le nombre et la portée limités des vérifications des systèmes de gestion de la sécurité effectuées par [...] Transports Canada, ainsi que l’absence d’une procédure de suivi [...] ont contribué au fait que des faiblesses systémiques du système de gestion de la sécurité de la MM&A n’ont pas été corrigées. » (p. 150)

Le rapport du BST accuse gravement Transport Canada qui a été incapable de protéger le public face à une compagnie reconnue pour son laxisme en matière de sécurité, qui de surcroit, transportait de plus en plus de matières dangereuses.

Le gouvernement se défile, aveuglé par son désir d’expansion de la production pétrolière

Malgré la sévérité du rapport du BST, les émissaires du gouvernement Harper n’ont pas reconnu leur responsabilité dans la tragédie et ont jeté tout le blâme sur la MMA ! En conférence de presse, la ministre Raitt a également refusé de voir l’augmentation de la production et du transport du pétrole comme étant un problème.

Or, on ne peut dissocier l’augmentation de la production de pétrole dans l’ouest de l’augmentation du transport par train (et par pipeline). Selon le rapport du BST (p.105), les chargements de pétrole brut transportés par les compagnies ferroviaires sont passés de 500 wagons en 2009 à 160 000 en 2013. Une augmentation de 28 000%. Toujours selon le BST, « en Amérique du Nord, quelque 1,0 million de barils par jour (b/j) de pétrole brut sont transportés par train à l’heure actuelle, et on s’attend à ce que la quantité totale de pétrole brut transporté par train atteigne 4,5 millions b/j au cours des 10 prochaines années » !

Que ce soit par train ou par pipeline, l’augmentation du transport du pétrole, dont une bonne partie à des fins d’exportation, menace les communautés et le climat planétaire. L’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) compte d’ailleurs sur le laxisme du gouvernement fédéral pour augmenter le transport du pétrole par train et pipelines et ainsi permettre un doublement de la production pétrolière dans l’ouest. Le graphique suivant montre l’augmentation de la production prévue d’ici 2030 ainsi que les projets de transport par trains et pipelines qui l’accompagnent…Ainsi, si rien n’est fait, la production de pétrole des sables bitumineux passerait de 1,9 million de b/j à 4,8 millions de b/j d’ici 2030.

Les énergies vertes : véritables solutions aux pipelines et aux trains

Il est temps que le gouvernement fédéral mette la sécurité des communautés avant les profits des compagnies pétrolières et ferroviaires, sinon nous assisterons à d’autres tragédies. La solution réside dans les alternatives vertes et non dans l’ajout de nouvelles infrastructures de transport par pipelines et par train. Il ne tient qu’à nous, de s’assurer que nos gouvernements le comprennent…