Karl Nerenberg, rabble.ca, 28 mars 2018
Traduction, Alexandra Cyr
Plus d’Ontariens.nes pensent voter contre M. Ford que pour lui. Une grande partie de ce groupe ont peur de lui et ne lui font pas confiance. Mais, ceux et celles qui sont contre lui sont divisés.es en 3 trois camps ; les Libéraux de Mme Wynne, les Néo démocrates de Mme Horvath en proportions plus ou moins grandes et, dans une moindre mesure, les partisans.es du Parti vert.
Nous sommes toujours dans le système électoral ontarien qui permet que la distribution de moins de 40% du vote dans les comtés donne 50% des sièges. De fait, si la tendance actuelle se maintient, M. Ford et ses candidats.es décrocheraient une importante majorité le 7 juin prochain.
Donc, le système donnerait 100% de la majorité à un parti qui n’aurait obtenu que moins de la moitié des votes. Pire encore, dans ce cas, le Parti gagnant serait le 2ième choix de presque tout le monde. Cela voudrait dire qu’un gouvernement Ford n’aurait même pas l’accord tacite de la majorité de l’électorat qui aurait voté pour les autres Partis.
Nous sommes encore loin des prochaines élections fédérales, mais des sondages montrent que la même chose pourrait s’y produire. Ces sondages montrent que si les élections avaient lieu aujourd’hui, nous pourrions nous retrouver avec un gouvernement conservateur avec son chef, M. A. Sheer, la simple réincarnation de S. Harper.
C’est notre système électoral archaïque et dépassé qui génère ces résultats apeurants.
La droite unie contre le centre-gauche divisé
Antérieurement, quand les Libéraux et les Progressistes conservateurs se situaient proche du centre politique, passer de la majorité de l’un à l’autre n’avait pas beaucoup de conséquences. Ces temps sont terminés. Le Parti Progressiste conservateur de l’Ontario et son ancien chef et Premier ministre Mike Harris et leurs cousins, les réformistes du Parti conservateur fédéral de S. Harper, sont devenus des Partis de droite dure, du style républicain américain.
Les deux s’opposent à toutes mesures environnementales dignes de ce nom, dont la fabuleuse taxe sur le carbone, plaident pour un système fiscal à l’avantage des possédants.es, diabolisent des mesures comme l’aide sociale pour les pauvres, sont contre les syndicats spécialement dans le secteur public, n’accordent aucune attention aux droits et revendications des peuples des Premières nations, sont en faveur de la privatisation des soins de santé et d’autres services publics. Ils sont sympathiques aux conservateurs sociaux qui veulent éliminer l’éducation sexuelle et en finir avec le droit à l’avortement.
Les Conservateurs fédéraux sont aussi hostiles aux réfugiés.es même à ceux et celles qui s’enfuient de Syrie et d’autres champs de bataille. Ils soutiennent les attaques contre le traité sur le nucléaire intervenu avec l’Iran comme le font Ms. Trump et Netanyahu.
Donc, en ce moment, si les élections devaient porter les Conservateurs au pouvoir, ce serait un énorme bond dans la désarticulation (politique). Mais il ne s’agirait pas pour autant d’un changement majeur dans l’opinion publique. Ce serait le résultat de notre mode de scrutin qui tend à traduire de petites modifications dans le vote populaire en très grands impacts dans le nombre de sièges.
L’Ontario à fait un bien mauvais coup en 2007 dans sa tentative de modifier le mode de scrutin. À ce moment-là, une assemblée de citoyens.nes à proposé un système proportionnel mixte, dans lequel la vaste majorité des candidats.es auraient été élus.es comme cela se fait en ce moment, par la majorité des voix exprimées. C’était une proposition bien minimale.
Mais l’exercice était mal financé et les responsables ne se sont pas décarcassés.es pour éduquer le public à propos de ce nouveau système. En plus, les médias dominants étaient férocement contre la réforme. Le fait que le nouveau mode de scrutin aurait légèrement augmenté le nombre de députés.es est devenu un enjeu majeur. Tous ceux et celles qui étaient contre ne cessaient de répéter sur un ton hystérique : « Donc nous allons avoir plus de politiciens.nes ». La proposition est morte de sa belle mort.
Les experts libéraux doivent battre leur coulpe
Nous avons eut l’impression que nos chances étaient meilleures au fédéral, quand en 2015, J. Trudeau à pris le pouvoir avec les Libéraux. Mais, pendant un moment il a tergiversé pour ensuite décevoir tous ceux et celles qui avaient cru à sa promesse répétée.
Quand, finalement il a décidé, l’an dernier, de rejeter tout projet de réforme du mode de scrutin, il a fait un commentaire laconique disant qu’il : « n’était pas obligé de cocher une case dans le programme électoral ». Mais l’exercice s’annonçait bien plus important que de cocher une petite case. La réforme électorale était un enjeu majeur pour lui et son Parti. C’était le centre du programme de réformes démocratiques des Libéraux et donc une partie significative de leur plateforme électorale.
En 2017, il est apparu que le grand nombre de gens qui insistaient pour cette réforme du temps du Premier ministre Harper, n’en voyaient plus tellement l’importance. Quand votre candidat gagne, le système électoral est parfaitement acceptable, semble-t-il.
En ce moment, en Ontario, nous pouvons observer de nombreux appels au votre stratégique pour empêcher D. Ford de gagner. Petit problème toutefois : pour qui voter quand tous les opposants à M. Ford sont à égalité ?
Il est bien trop tard pour changer quoi que ce soit au système électoral ontarien. Et à Ottawa, il paraîtrait peu stratégique pour les Libéraux de rouvrir ce projet. Mais là, il n’est pas nécessairement trop tard. Théoriquement, il y aurait suffisamment de temps pour le faire d’ici la prochaine élection. Mais ne comptez pas là-dessus.
Il doit bien y avoir, parmi les jeunes prodiges Libéraux.ales un certain nombre qui battent leur coulpe pour avoir raté une si belle occasion de nous doter d’un système électoral pour juste.
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