Plusieurs militants et militantes de longue date de la gauche américains , ont participé à l’initiative, comme Cornel West (militant des droits civiques, coprésidant du DSA-Democratic Socialists of America, et professeur à l’Université de Harvard), Mike Gravel (ex-sénateur de l’État de l’Alaska et fondateur de l‘Initiative nationale des citoyens et citoyennes pour la démocratie directe), Chase Iron Eyes (autochtone et cofondateur du média « Last Real Indians (derniers vrais autochtones), Hamich Jodal (cofondatrice des délégué-e-s musulmans et musulmanes aux Congrès démocrate), Chris Hedges (militant de gauche, auteur et surement le plus critique du capitalisme américain) et Dany Glover (acteur bien connu, pro Black Lives Matter, et longtemps militant pour les droits civiques). Il y avait aussi plusieurs leaders syndicaux et des représentants et représentantes des différents groupes minoritaires visible et invisible, des travailleurs et travailleuses, et surtout des progressistes qui ont quitté le Congrès des démocrates avec une grande déception.
Dans sont discours, Chris Hedges n’a pas minimisé ses mots pour condamner les démocrates et les républicains d’avoir détruit le rêve américain pour les travailleurs et les travailleuses, en soulignant que les deux partis sont basés sur l’hypocrisie et le mensonge. D’autres intervenants, comme Nick Bana, organisateur pour la campagne de Sanders en 2020, ont aussi critiqué Bernie pour avoir soutenu Hillary Clinton en 2016 et surtout pour son soutien à Joe Biden en 2020. L’ensemble des intervenants et intervenantes ont dit qu’il fallait cesser de soutenir les démocrates, que le temps était venu de fonder un véritable parti du peuple.
Dans mon nouveau livre qui doit sortir d’ici dix jours, j’ai tenté de démontrer que la gauche socialiste américaine doit arrêter de penser que le populisme est uniquement une stratégie viable pour la droite et de l’extrême droite. Le Parti républicain est devenu, sous la tutelle de Donald Trump, un parti d’extrême droit et populiste. J’ai aussi tenté démontré, par différents exemples, que le populisme était enraciné dans la constitution américaine, et dans les luttes ouvrières, qui ont traversé l’histoire de ce pays. En scrutant l’histoire du mouvement ouvrier américain, nous constatons que le populisme n’est pas étranger à ce mouvement et trouve même ses racines dans la Révolution américaine.
La fondation de ce parti du people le 30 août dernier, nous rappelle un parti populiste qui a été formellement crée en 1890, par l’union entre les cultivateurs du Midwest et les travailleurs et les travailleuses des différents syndicats dans l’Est et du Midwest. Le nouveau Parti du peuple constitue non seulement un retour à ce parti populiste du 19e siècle, mais aussi un renvois à la longue tradition du populisme aux États-Unis, qu’on peu associer à la Shays Rebellion aux Massachusetts de 1786-1787 et à la Wiskey Rebellion en Pennsylvanie de 1791-1794. C’est un retour aux fondements mêmes de la révolution américaine.
En 2018, Chantal Mouffe a lancé un appel pour le développement d’un populisme de gauche. Son livre a mené plusieurs à questionner l’idée d’un populisme de gauche en invitant plutôt à un retour vers le social libéralisme à la John Maynard Kyenes. Néanmoins, la balle était lancée dans le camp de la gauche, et nous verrons si les socialistes sont prêts et prêtes à entamer la question.
Mais la question qui est devenue urgente à débattre c’est la suivante : est-ce que le Parti du peuple, qui viens d’être fondé, peut faire mal au Parti démocrate. Plusieurs progressistes à l’extérieur du Parti démocrate ont commencé à faire circuler l’idée qu’il faut voter Joe BIden à tout prix. La logique derrière cette position est que Trump est un fasciste, et avec sa réélection, les États-Unis sombreraient dans le fascisme. Certes, Trump est un autoritaire et un antidémocrate, mais le fascisme est toute autre chose. Le mot « fasciste » continue toutefois à circuler dans plusieurs cercles progressistes qui le poussent très fort comme stratégie pour battre Trump.
L’idée que le fascisme est une menace n’est pas nouvelle aux États-Unis. Dans les années 1930, en pleine crise économique et sociale, plusieurs groupes populistes d’extrême droite prônaient cette idéologie. Il y avait même des émissions de radios à travers le pays comme le Père Coughlin, prêtre catholique qui avait un programme aussi populaire que celui de Franklin Delano Roosevelt. Le grand écrivain de l’époque, Sinclair Lewis, a écrit « It Can’t Happen Here », un roman qui montre comment un président élu réussit à changer la Constitution et à établir le fascisme aux États-Unis. Ces débats existent donc depuis longtemps aux États-Unis.
Cette élection présidentielle a fait surgir plusieurs débats idéologiques et a mis en lumière l’importance d’une stratégie politique. La situation est difficile pour la gauche, qui est encore fragile, et sans mouvement. Mais c’est aussi dans des moments difficiles que la gauche a été capable historiquement de se solidifier et d’aller de l’avant. Ceci est facile à dire et à écrire, mais la situation à laquelle la gauche fait face est aussi fragile pour le peuple américain.
C’est sur que nous pouvons crier pour ‘l’unité de la gauche’ mais l’histoire des années 1960 et 1970 est là pour montrer qu’une telle tâche n’a jamais été facile aux États-Unis. Un pays très régional, où la mosaïque culturelle demeure malheureusement très divisée, même si nous percevons un début d’unité avec les confrontations à Portland. Ceci n’est pas chose facile pour les États-Unis. La lutte pour les droits civiques nous a permis de constater le manque d’unité parmi le « leadership » de la communauté afro-américaine.
La lutte aux États-Unis exige une stratégie à long terme, mais demande aussi des tactiques à court terme. C’est la raison pour laquelle je termine mes blogues avec les deux mots suivants :
Lotta Continua
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