Nous pourrions facilement souscrire à tous ces objectifs mais il faut aboutir à des mesures concrètes en identifiant clairement les causes de ce phénomène qui touche un trop grand nombre de personnes. Il faut aussi faire le lien de cette situation dramatique avec d’autres réalités telles que la pauvreté, la rareté de logements économiquement accessibles, l’état de santé des personnes, les limites qu’imposent certains handicaps, pour n’en citer que quelques uns.
C’est donc l’ensemble des problèmes humains que génère la société qu’il faut avoir à l’esprit lorsqu’on aborde l’itinérance qui ne cesse de croître dans l’ensemble du Québec. Pour régler les situations inacceptables qui privent trop de nos concitoyennes et concitoyens de leur droit à une vie décente et agréable, l’un des obstacles majeurs est celui de l’appropriation de la richesse par une minorité d’individus.
Nous reconnaissons qu’il ne sera pas possible de transformer la société facilement mais il importe d’intervenir d’urgence sur les problèmes les plus criants comme l’itinérance et la pauvreté. C’est dans cet esprit que nous appuyons les propositions suivantes :
• La Ville doit jouer un rôle plus énergique pour changer les choses par un soutien aux
personnes démunies ainsi qu’à celles qui ne disposent pas des ressources économiques suffisantes pour vivre convenablement articulièrement par :
– une augmentation significative du soutien financier aux groupes d’aide aux personnes fragilisées par la pauvreté, leur état de santé, un handicap, l’itinérance, le chômage, la difficulté de se loger ... ;
– sa contribution concrète à combattre les préjugés à l’égard des personnes dans une
situation de pauvreté, qu’elles soient assistées sociales ou vivant dans la précarité avec un faible revenu, par un programme d’intervention dans tous les milieux, en fournissant aux conseils d’arrondissement et de quartier des moyens d’intervenir auprès des citoyennes et citoyens pour éliminer les préjugés à l’égard de ces personnes ;
– des mesures d’aide aux personnes en situation ou à risque d’itinérance et aux groupes qui interviennent pour les aider à survivre et surtout sortir de leur situation difficile ;
– des aménagements urbains tenant compte des personnes handicapées et de la présence des personnes itinérantes ;
– de nouveaux projets de logements pour répondre aux besoins des personnes qui ont de la difficulté à se loger par un financement accru de l’OMHQ (Office municipal
d’habitation de Québec) ;
– des interventions auprès des paliers gouvernementaux supérieurs afin que les
politiques sociales comme Accès Logis soient renforcées ;
– des opérations régulières et fréquentes de sensibilisation des citoyennes et des
citoyens sur la diversité humaine que l’on trouve dans notre ville en invitant
l’ensemble de la population d’adopter une attitude de respect pour toutes les
personnes vivant une situation difficile.
Dans le but de faire de Québec une ville plus inclusive nous proposons de :
– favoriser l’acceptation sociale de toutes les personnes en situation ou à risque
d’itinérance à partir du principe que « l’espace public appartient à tous » ; (voir RAIIQ
: http://raiiq.org/index.php)
– interdire les fermetures de maisons de chambre, fermetures qui sont susceptibles
d’affecter gravement les personnes à risque d’itinérance qui se retrouveront sans
ressources pour se loger ;
– s’assurer que les interventions policières soient respectueuses des personnes,
particulièrement celles en situation d’itinérance ;
– contribuer à la réinsertion sociale des personnes judiciarisées ; ( Alter Justice :
https://alterjustice.org/ )
– faciliter l’aide aux personnes ayant des problèmes de santé mentale ;
Pour conclure
Le collectif La ville que nous voulons encourage la Ville de Québec à s’inspirer de nos
réflexions et propositions pour rédiger la version préliminaire prévue pour juin 2023. Nous invitons également la Ville à relire le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels auquel le Canada et le Québec ont adhéré. Ce document implique le respect des droits reconnus par les signataires. L’un des droits concernés est celui « de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et logement suffisants, ainsi qu’à une amélioration constante de ses conditions d’existence » (article 11 du Pacte)1
Collectif La ville que nous voulons
villequenousvoulons@reseauforum.org
Québec, 10 avril 2023
***************************
Qui sommes-nous ?
Nous sommes un groupe de militantes et de militants qui veulent intervenir sur les enjeux majeurs auxquels notre société est confrontée : réchauffement climatique, inégalités sociales et économiques, aménagements axés en fonction des projets des promoteurs, démocratie déficiente, pour ne citer que les plus criant. De nombreuses
organisations sociales agissent à longueur d’année pour défendre les intérêts de la population avec des succès mais aussi avec des difficultés dues à une vision dépassée du pouvoir municipal actuel qui piétine sur les questions urgentes comme le transport collectif, la construction de logements sociaux, l’aménagement viable et une
densification intelligente sur l’ensemble du territoire, la protection des terres
agricoles présentes à Québec, etc.
Nous croyons nécessaire de proposer une stratégie de lutte sociale à partir de maintenant afin de prendre part concrètement aux débats sociaux et politiques par des interventions qui concernent la ville, la vie urbaine, la démocratie, le poids des promoteurs, la présence d’institutions fédérales qui choisissent unilatéralement leurs projets, etc.
Un message, un commentaire ?