Édition du 28 janvier 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Débat sur l’indépendance et les droits autochtones

Le droit international est incontournable

C’est devant une salle comble au centre Saint-Pierre à Montréal que s’est tenu le 15 janvier dernier le quatrième débat d’une série conjointement organisée par le Mouvement Québec Indépendant et la revue Action Nationale, série qui s’intitule « Penser le Québec Indépendant.

Ce débat portait sur « Les droits autochtones dans un Québec Indépendant ».
Comme c’est la coutume maintenant, le débat était précédé d’un article substantiel paru dans la revue l’Action Nationale, article signé par le constitutionnaliste renommé André Binette. Le débat s’est ouvert sur sa présentation fouillée, détaillée et surtout très claire ce qui n’est pas peu dire compte tenu de la complexité du sujet. André Binette a la très bonne habitude de rédiger ses textes en leur donnant une perspective historique ce qui aide beaucoup à la compréhension. Globalement, il ressort de son texte que le droit à l’autodétermination relève du droit international et non du droit constitutionnel. C’est une chose à se rappeler quand on entend des gens nous emberlificoter avec les « subtilités » des décisions constitutionnelles canadiennes. C’est tout simplement hors sujet.

C’est aussi au droit international qu’il faut se référer en ce qui concerne les droits autochtones. Ça l’est d’autant plus que ce droit a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. La dernière décision date de 2007 alors que l’ONU a adopté la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Le Canada, après avoir refusé d’y adhérer sous Paul Martin a fait un pas en avant limité sous Stephen Harper pour ensuite l’intégrer totalement avec Justin Trudeau. Cette déclaration reconnaît que « les peuples autochtones, dans l’exercice de leur droit à l’autodétermination, ont le droit d’être autonomes et de d’administrer eux-mêmes pour tout ce qui touche leurs affaires intérieures et locales, ainsi que de disposer des moyens de financer leurs activités autonomes" (article 4).

Pour André Binette, il est impératif que la volonté d’un Québec Indépendant de respecter cette Déclaration fasse partie de la Constitution du Québec. Il considère que ces obligations sont déjà remplies dans la Convention de la Baie James négociée avec les Cris et les Inuits ainsi que dans la Convention du Nord-est québécois conclue avec les Naskapis. Restera donc à négocier des traités semblables avec les 8 autres nations autochtones. Le mouvement indépendantiste doit s’y préparer le plus tôt possible.

Le premier intervenant à réagir à l’exposé d’André Binette a été Denys Delage, spécialiste renommé sur ces questions. Dans un premier temps, M. Delage a été bref pour souligner la qualité du travail de M. Binette. Il est cependant revenu par la suite pour souligner un point qu’il ne faut jamais oublier : le fait que les épidémies ont décimé les peuples autochtones. M. Delage s’appuie sur le témoignage de Joliette qui, au cours d’un voyage de Québec à la Nouvelle-Orléans, a constaté la multitude de terres travaillées mais abandonnées.

La deuxième à réagir aux propos d’André Binette à été Mme Johanne Grenier qui a notamment participé au livre « Le livre qui fait dire oui" et fait de la question autochtone une spécialité. Les autochtones n’étaient malheureusement pas représentés à ce débat mais on peut dire que Mme Grenier s’est assurée de défendre leur intérêt. Globalement très favorable à la présentation d’André Binette, elle a exprimé des réserves quant à l’entente de la Baie James ainsi que mis l’emphase sur la commission parlementaire permanente tel que proposée par René Levesque et reprise par André Binette.

La dernière intervenante était Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec. Elle a commencé en faisant état de ses expériences dans le relations avec les autochtones qui ont été nombreuses et significatives autant comme gestionnaire d’Hydro-Québec que comme Ministre de Richesses Naturelles. D’emblée, Mme Ouellet a nommé les 11 nations autochtones. De ce nombre, elle considère que trois sont des réfugiés (Hurons-Wendats, Mohawks et Abenaquis) ayant fui des guerres et provenant d’autres parties de l’Amérique du Nord.

Elle a poursuivi en affirmant qu’un Québec Indépendant devra mettre fin à la loi sur les Indiens qu’elle qualifie de raciste. À la définition basée sur le sang inhérente à cette loi, elle met de l’avant une définition civique fidèle à l’idée qu’on se fait d’une république. Mme Ouellet a soulevé la question qui tue : Qui donc est autochtone ? Elle a souligné que le mélange autochtone-français s’est réalisé dès le début, ces derniers étant là d’abord et avant tout pour la traite des fourrures qui n’a pu se faire qu’en collaboration étroite avec les autochtones. Pour elle, il ne fait pas de doute que pour une grande partie d’entre nous, du sang autochtone circule dans nos veines tout comme la spiritualité autochtone basée sur le respect de la nature occupe une large place dans la mentalité québécoise. À partir de là, commencer à analyser le sang pour déterminer qui est autochtone s’inscrit dans une logique raciste. Les Québécois(e)s adhèrent majoritairement à une définition civique qui inclue les autochtones. De même, les francophones expérimentent depuis 1759 la précarité d’une langue et d’une culture en danger. Ils sont donc bien placés pour comprendre le besoin vital pour les autochtones d’assurer le maintien et le développement de leurs langues et leurs cultures. Pour arriver à tout ça, une décentralisation s’imposera d’autant plus qu’un Québec Indépendant se retrouverait avec plusieurs nouveaux pouvoirs.

Ce débat constitue un pas en avant important dans la vaste question des relations des différentes nations qui composent le Québec. L’indépendance du Québec devient ainsi une occasion en or pour établir un pacte de collaboration dans le même esprit que dans La grande Loi de la paix des Mohawks : « Leurs cœurs seront remplis de paix et de bonne volonté et leurs esprits remplis du désir de bien-être pour les gens de l’alliance entre les peuples. » (Tiré du texte d’André Binette)

Pour ceux et celles qui le désirent, il est possible visionner l’ensemble du débat sur la page Facebook du Mouvement Québec Indépendant ou encore sur YouTube (MQI-Mouvement Québec Indépendant).

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