Pour une fois, la thèse marxiste de la primauté de l’économique et du social sur le culturel se trouve inversée. L’orientation pro-israélienne de la majorité des classes politiques occidentales non seulement ne leur rapporte rien (en termes de profits financiers et politiques) en proportion de l’appui qu’elles accordent à l’État hébreu, mais elle nuit à leur influence auprès des opinions publiques arabes : l’intérêt bien compris dans le long terme des pays occidentaux consisterait au contraire à nuancer bien davantage leur appui aux Israéliens et à le rendre conditionnel au respect du droit à l’autodétermination des Palestiniens. Pourtant, on assiste à l’application de politiques inverses poussées parfois jusqu’au délire, et ce au mépris des droits les plus élémentaires des Palestiniens. Pourquoi donc en est-il ainsi ?
Des arguments spéciaux
Un argument couramment utilisé veut qu’Israël soit le seul État démocratique du Proche-Orient et qu’à ce titre, il mérite un appui solide de la part des « démocraties occidentales ».
Un autre veut que les Juifs-ves ont été chassé-e-s de leur pays par les Romain-ne-s et qu’ils-elles avaient donc droit au retour dans leur « patrie » après 2000 ans d’errance et de persécutions, lesquelles ont culminé comme on le sait, avec l’Holocauste perpétré par les nazis. Dans cette logique, les Juifs-ves bénéficieraient donc d’un « droit au retour » dans le pays de leurs ancêtres présumé-e-s.
Un argument corollaire porte sur les souffrances qu’ils ont endurées depuis deux millénaires ce qui leur vaudrait le droit à « un havre de paix, sûr et reconnu ».
On invoque par conséquent ce qu’on nomme « l’antisémitisme » comme une forme de racisme, les Juifs-ves actuel-le-s étant censés descendre de ceux que les Romain-ne-s ont expulsé-e-s et qu’on qualifie de « Sémites ».
Selon cette thèse, les Arabes seraient surgis après en remplissant le « vide » laissé par le départ forcé des Juifs-ves. Ceux-ci et celles-ci jouiraient donc d’un droit de priorité sur les premier-e-s, fondé sur une présumée antériorité d’occupation du territoire de la Palestine.
Bref, sous l’impulsion de l’idéologie sioniste, ils-elles n’auraient fait depuis la fin du dix-neuvième siècle que de renouer avec leurs racines.
Ce qui frappe le plus dans cet argumentaire, c’est moins son caractère faux et superficiel que l’adhésion intransigeante des dirigeant-e-s occidentaux dans leur ensemble à leur égard. Cette attitude ne peut qu’entraîner de leur part par contrecoup un point de vue très négatif sur les Arabes en général, et les Palestinien-ne-s en particulier, ces derniers-ères étant les ennemi-e-s les plus directs (et les plus vindicatif-ve-s) d’Israël. Ce qui peut étonner aussi, est la persistance des politiques pro-israéliennes de la part des classes politiques occidentales, en dépit de la spoliation flagrante dont les Palestinien-ne-s ont été victimes de la part des sionistes.
Remise en perspectives
Avant de tenter de trouver une réponse à ces questions, il faut d’abord démonter les mythes qui fondent la « légitimité » de l’État hébreu.
Tout d’abord, lorsqu’on parle de « Juifs-ves », on se réfère à une religion (le « judaïsme ») et non à une ethnie, de quelque façon dont on définisse celle-ci. Le judaïsme est une religion, une philosophie de vie, tout comme le christianisme, l’islam ou le bouddhisme. Il existe des Juif-ve-s européen-ne-s, d’autres nord-africain-ne-s, et même asiatiques. Le judaïsme recrute des adeptes partout. Qualifier les Juif-ve-s de « Sémites » renvoie donc à une conception erronée de la réalité juive. Les Juif-ve-s européen-ne-s descendent d’Européen-e-s qui se sont converti-e-s au fil des siècles au judaïsme et ont donc de ce fait, renoncé au christianisme.
Leurs ancêtres n’ont jamais vécu au Proche-Orient
Les Juif-ve-s forment une réalité religieuse et culturelle, pas « ethnique » ou nationale. De même qu’il y a des nations à majorité catholique ou protestante, mais pas « d’ethnie » chrétienne. Pour ce qui regarde l’hostilité aux Juif-ve-s, plutôt que d’antisémitisme, mieux vaudrait parler de « judéophobie ».
Oui, une partie de la population juive a quitté le territoire d’Israël lors de la répression romaine, et elle a « exporté » sa religion là où elle a trouvé refuge. Elle et ses descendant-e-s ont fait des converti-e-s en Europe et ailleurs, mais la plus grande partie de la population juive est demeurée sur place. Elle s’est convertie à l’islam quelques siècles plus tard lors de la conquête arabe. Si on tient à aborder cette question sous l’angle « ethnique » ou « génétique », il s’agit là des ancêtres des actuel-le-s Palestinien-ne-s. Ironiquement, les vrai-e-s Juif-ve-s, ce sont eux et elles ! Ce sont les descendant-e-ss de ceuet celles qui sont resté-e-s sur place après la déportation des insurgé-e-s par les Romain-ne-s quelques siècles auparavant. Ils et elles se sont converti-e-s à l’Islam, adoptant par la même occasion l’identité « arabe ». Évidemment, tous ces gens n’ont pas pour autant renié leur religion juive, cohabitant au fil des siècles avec les musulman-ne-s. Sans oublier ceux et celles qui ont opté pour le christianisme.
Toute la région, y compris la Palestine (entendue au sens de l’actuel État hébreu et de la Cisjordanie) n’a cessé d’être soumise à diverses influences politiques, culturelles et religieuses durant tout ce temps.
Au Moyen-Âge, on rencontrait donc sur ce territoire une mosaïque religieuse : une majorité de musulman-ne-s ainsi que des minorités juives et chrétiennes. Il importe donc d’éviter les amalgames douteux entre les notions de nation et de religion. Nous sommes plutôt en présence de réalités culturelles bien distinctes mais pas incompatibles pour autant.
On est donc très loin de l’interprétation simpliste et fausse des tenants du sionisme qui font des Juif-ve-s d’origine européenne les descendant-e-s de ceux de l’Antiquité.
Le sionisme est une idéologie nationaliste moderne apparue au dix-neuvième siècle dans la foulée des mouvements d’émancipation nationale un peu partout en Europe et en Amérique latine. Il ne fait même pas l’unanimité chez les Juif-ve-s dont certain-ne-s l’accusent de dénaturer la spiritualité et l’humanisme juifs pour les détourner vers des objectifs politiques et territoriaux.
Le sionisme prônait le retour des soi-disant descendant-e-s des Juif-ve-s de l’Antiquité dans le pays de leurs « ancêtres » où ils et elles se mettraient enfin à l’abri des persécutions qui sévissaient contre les gens de confession hébraïque depuis des siècles dans l’Occident chrétien. Noble intention certes, mais qui ne pouvait se réaliser qu’au détriment de la population palestinienne déjà sur place.
Si les sionistes étaient par définition de confession judaïque, il s’agissait aussi d’Occidentaux-ales qui partageaient bon nombre de stéréotypes répandus à l’époque (fin dix-neuvième siècle, première moitié du vingtième) à l’égard des peuples non occidentaux. Cela explique en partie la présente politique israélienne vis-à-vis des Palestinien-ne-s.
Dès l’origine de l’élaboration du projet sioniste, la dimension nationaliste a primé sur le droit de la population arabe en place à ses terres, même si certains sionistes prévoyaient lui accorder une place dans le futur État juif rêvé. La majorité voulait qu’on partage ce territoire entre Juif-ve-s et Arabes, jugeant que les Juif-ve-s avaient préséance sur les Arabes au moins sur une partie du pays.
Mais les choses ne sont pas déroulées comme prévu (ou espéré) par les sionistes. Beaucoup de Juif-ve-s européen-ne-s et nord-américain-ne-s (donc, des « Blancs ») se sont installé-e-s en Palestine (alors sous mandat britannique), fuyant les persécutions et imposant de ce fait à la population arabe majoritaire une présence de plus en plus encombrante, puis spoliatrice. Bien entendu, la population d’origine a résisté aux empiétements des Occidentaux-ales juif-ve-s, ce qui a entraîné de multiples conflits toujours plus aigus et a abouti à l’exil forcé d’une partie substantielle d’entre elle dans certains pays voisins, où plusieurs de ses descendant-e-s vivotent encore dans de misérables camps de réfugié-e-s.
Il était naïf (au sens le plus péjoratif du terme) pour ceux et celles des sionistes de bien disposé-e-s à l’endroit des Palestinien-ne-s de croire que ceux-ci et celles-ci accepteraient de bonne grâce de céder leur patrie aux Juif-ve-s.
Ces dernier-ère-s fuyaient les persécutions européennes ? Bien sûr, mais ces déboires les autorisaient-ils et elles pour autant à chasser les Arabes palestinien-ne-s de leurs terres et de s’en emparer ? Par exemple, les Américains, grands soutiens de l’État hébreu, consentiraient-ils à donner un de leurs États aux Juif-ve-s en pleine souveraineté pour les dédommager des persécutions passées ?
Les origines de l’État d’Israël n’ont donc rien de démocratique. Elles découlent au contraire du remplacement forcé de la population palestinienne par une autre venant d’Europe et d’Amérique du Nord, motivée par une idéologie nationaliste souvent empreinte de préjugés à connotation raciale contre les Arabes.
Si on voulait prendre au pied de la lettre l’argument d’Israël « seule démocratie du Proche-Orient », il faudrait commencer par exiger des autorités israéliennes qu’elles respectent le droit au retour des Palestinien-ne-s dans le pays de leurs grands-parents et arrière grands-parents. Ce qu’elles ne feront bien entendu jamais, sauf sous forte pression internationale. Mais rien ne se dessine en ce sens dans un avenir prévisible.
Les classes politiques occidentales soutiennent bien davantage le nationalisme israélien que sa démocratie, toute relative au demeurant. Mais elles sont trop hypocrites pour l’admettre.
Le régime libéralo-électoral israélien ne doit pas faire illusion puisqu’il profite avant tout à la majorité juive (et aux colons juifs établis en Cisjordanie et à Jérusalem-Est), en violation flagrante du droit international et des résolutions de l’Onu. Certes, sous la pression de certains gouvernements occidentaux, une centaine de milliers de personnes réfugiées palestiniennes ont pu regagner leurs foyers vers la fin de la décennie 1940, après la proclamation de l’État hébreu, rejoignant leurs compatriotes demeuré-e-s sur place en dépit des pressions terroristes juives, mais ils subissent un régime de discrimination qui se rapproche d’une forme d’apartheid. Ces gens représentent environ le cinquième de la population israélienne totale. Étant beaucoup plus féconds que les Juif-ve-s, leur nombre est appelé à s’accroître au fil des décennies ; s’ils-elles en venaient à former une importante minorité, voire la majorité de la population israélienne, quelle serait la politique du gouvernement israélien à leur endroit ? Respecterait-il la volonté de la majorité arabe ou assisterait-on au contraire à l’utilisation de divers stratagèmes pour les écarter du pouvoir ? Si on se fie aux tendances actuelles, la réponse s’impose d’elle-même...
Une politique de double standard
Les Palestinien-ne-s forment une nation dispersée et divisée, les Palestinien-ne-s de l’exil (les camps de réfugié-e-s), les autres, la majorité de la population en Cisjordanie (mais dont le territoire est grugé par la colonisation israélienne) et une minorité en Israël. L’attitude de la plupart des gouvernements occidentaux à l’endroit de la nation palestinienne contraste avec l’appui inconditionnel qu’ils accordent à Israël : pour l’essentiel, un boycott. L’OLP en a longtemps été victime, malgré sa représentativité (de l’aveu même de Washington).
On a assisté (et ça continue) à un véritable déni de démocratie à l’encontre des Palestinien-ne-s. On posait comme préalable à un « dialogue » avec le centrale palestinienne qu’elle reconnaisse la légitimité de l’État hébreu et qu’elle renonce au « terrorisme ». Pourtant, on n’a jamais exigé la réciproque de la part d’Israël, c’est-à-dire que Tel-Aviv reconnaisse sans équivoque le droit à l’autodétermination des Palestinien-ne-s ni que le gouvernement israélien mette fin à sa colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Les gouvernements occidentaux ont toujours pratiqué une politique de double standard dans le dossier des relations israélo-palestiniennes : exigence forcenée du « droit à l’existence » d’Israël et de son « droit » corollaire à l’autodéfense militaire, mais négation en pratique des droits équivalents aux Palestiniens dont la résistance armée était toujours qualifiée de « terroriste ».
Question de définition
On constate bien par là le caractère très partisan de la notion de « terrorisme ». Tout dépend dans quel camp on se situe, lequel on appuie. On est toujours le ou la terroriste ou le ou la résistant-e de quelqu’un-e. Par exemple, les Allemand-e-s ont qualifié les maquisards français de 1940 à 1945 de « terroristes » et le général De Gaulle de mercenaire au service des intérêts britanniques. De même, les révolutionnaires américain-ne-s de 1775 à 1783 étaient présenté-e-s par les loyalistes comme des félons qui se révoltaient contre leur roi légitime.
C’est encore plus vrai des organisations juives clandestines qui en Palestine,utilisaient la violence clandestine contre les Britanniques et la population arabe pour « faire place nette » et poser les bases du futur État hébreu.
D’ailleurs, la généralisation de cette accusation de « terrorisme » en Occident à l’encontre des opposant-e-s armé-e-s à l’impérialisme témoigne du virage à droite des classes politiques, en particulier l’américaine depuis le début de la décennie 1980 (en dépit de « l’exception » Obama). Il est impossible de ne pas y voir une mauvaise foi bien enracinée, un aveuglement volontaire, notamment dans le conflit entre Israël et les Palestinien-ne-s. On confond dans cette accusation des organisations clandestines (religieuses ou pas) aux ramifications plus ou moins vastes, d’authentiques mouvements populaires de libération nationale et des groupuscules radicaux (souvent islamistes), sans oublier des individu-e-s déséquilibré-e-s qui se soulagent de leurs frustrations en tirant sur des foules. Pour revenir au conflit israélo-palestinien, la violence établie, institutionnelle même lorsqu’elle est illégale en regard du droit international (comme la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est), et même l’abus de la force militaire par les militaires sont toujours présentés, au mieux comme des « erreurs » de parcours des autorités israéliennes, au pire comme l’exercice légitime du droit à l’autodéfense.
On jette ainsi l’opprobre sur la résistance palestinienne et on nie par conséquent le droit à l’autodétermination des Palestinien-ne-s. Là se situe le véritable scandale dans ce dossier explosif, d’une part la complaisance américaine même envers les délits graves israéliens à l’encontre des Palestinien-ne-s, d’autre part le dénigrement de ceux-ci et celles-ci en dépit de leur situation désespérée. Il faut y ajouter la fréquente lâcheté de la plupart des classes politiques européennes qui se contentent presque toujours de molles condamnations verbales lorsqu’une confrontation armée éclate entre Israélien-ne-s et Palestinien-ne-s, se contentant presque toujours de mols appels à la « retenue » de la part des deux parties et leur refus de faire pression efficacement sur Israël dans les domaines financiers et économiques afin de ne pas se mettre à dos les États-Unis.
Par ailleurs, les classes politiques américaine et israélienne ont longtemps procédé à un amalgame douteux, sinon révoltant entre les résistant-e-s palestinien-ne-s et les nazis. Il n’est plus possible de le faire ouvertement de nos jours, depuis que la situation désespérée des Palestinien-ne-s est mieux connue en Occident. Pourtant, alors que les films hollywoodiens dénonçant des épisodes de l’Holocauste (comme « Le choix de Sophie ») sont assez courants et que d’autres clouent au pilori les « terroristes », on n’en compte aucun qui fait pareil pour les abus israéliens en Palestine et pas davantage en Europe.
La dignité des Palestinien-ne-s n’est toujours pas assez reconnue dans les milieux cinématographiques occidentaux pour qu’ils et elles y deviennent des sujets positifs de plein droit.
Il est facile et de bon ton de dénoncer les horreurs nazies commises contre le Juif-ve-s et par la même occasion de bénir l’intervention britannique et américaine qui a permis la victoire des Alliés contre l’Allemagne et le Japon. À la limite, cette attitude revient à demander : que choisissez-vous ? Le bon anglo-américain supposément libéral, démocrate et pacifique, ou à l’opposé, l’affreux nazi directeur de camps de concentration et grand persécuteur ? Bien sûr, la réponse s’impose toute seule.
Cette logique permet de donner le beau rôle aux États-Unis et de s’apitoyer sur le sort des Juif-ve-s dans les camps de la mort. C’est entendu. Mais elle conduit aussi à occulter le fait que les nazis ne sont pas les seuls salauds à avoir sévi au cours de l’histoire et que d’autres agissent toujours en toute impunité. Dire cela ne revient pas à « banaliser » les crimes nazis, mais le régime de Hitler a disparu ; il faut donc éviter de faire une fixation intéressée à des fins stratégiques sur le défunt « Führer ».
En quoi la souffrance d’une Palestinienne enceinte, tuée dans le camp de Chatila par exemple en 1985 fut-elle moindre que celle d’une Juive morte en 1944 dans un camp de concentration ?
Supposons l’inverse : que 1,500 à 2,000 civil-e-s israélien-ne-s sans défense aient été tué-e-s par les fedayins palestiniens avec la bénédiction de Yasser Arafat. Tous les pro-israéliens occidentaux auraient hurlé d’indignation et allègrement comparé Arafat à Hitler, les fedayins aux SS...
Pourtant, ce massacre n’a fait l’objet d’aucun film, d’aucune commémoration en Occident.
Posons-nous la question suivante : si les nazis au lieu d’exterminer six millions de Juif-ve-s européen-ne-s (des Blanc-he-s) avaient trucidé autant de Noir-e-s, la réaction des classes politiques occidentales aurait-elle été la même ? Les gouvernements occidentaux auraient-ils appuyé et soutenu une République noire au Proche-Orient ?
Conclusion
La justification de la création de l’État hébreu et de sa colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est reposent sur une série de sophismes (l’erreur sous le manteau de la vérité) et de faussetés historiques auxquels l’adhésion à des degrés divers de plusieurs classes politiques occidentales a permis la dépossession des Palestinien-ne-s, eux et elles les authentiques descendant-e-s des Juif-ve-s de l’Antiquité. Tout un paradoxe !
Il s’explique par une série de facteurs, au premier chef la mauvaise conscience à la suite de l’Holocauste nazi de 1939-1945, une méconnaissance de l’histoire du Proche-Orient, des affinités idéologiques profondes entre une partie de la droite religieuse évangélique américaine et la droite sioniste israélienne, pendant longtemps un embellissement de la réalité israélienne, la crainte de la part des Européen-ne-s d’un affrontement d’importance avec les États-Unis en cas de pressions financières et économiques à l’encontre de l’État hébreu et en définitive, une forme de mépris envers les Palestiniens.
La politique américaine très pro-israélienne condamne les Palestinien-ne-s à une confrontation permanente avec Israël. Il en résulte une iniquité brutale à leur égard, injustice qui contredit de front les prétentions américaines de soutien à l’État hébreu pour des raisons « démocratiques ».
Répétons-le : quel pays occidental serait prêt à céder une partie de son territoire aux Juif-ve-s pour les dédommager des dommages qu’ils et elles ont subis en Europe depuis des siècles ? Aucun.
Alors, pourquoi exiger des Palestinien-ne-s qu’ils et elles acquittent la facture pour des crimes qu’ils et elles n’ont pas commis ?
Le classe politique américaine doit reconnaître sans ambiguïté le droit à l’autodétermination des Palestinien-ne-s, y compris celui d’édifier un État indépendant en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sans soumettre ce droit élémentaire à des négociations hasardeuses et inégales avec leur ennemi héréditaire israélien ; pour y arriver, elle doit cesser son soutien inconditionnel à Israël et faire comprendre à ses dirigeants que le temps de la complaisance américaine à son endroit est révolu.
Cette orientation constituerait une révolution non seulement politique dans la politique étrangère américaine, mais culturelle surtout une remise en question de ses prédilections les plus chères...En ce qui concerne l’État hébreu, on pourrait affirmer qu’il est son meilleur ennemi ! En un sens, son pire « ennemi juré ».
Jean-François Delisle
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