Si madame Clinton avait été élue, comme la plupart d’entre nous le souhaitaient, plein de monde, de la grande finance aux diplomaties étrangères, aurait poussé un immense soupir de soulagement : ouf, nous avons évité le pire ! Et nous aurions continué, comme si de rien n’était, avec les mêmes énormes problèmes que nous affrontons si mal depuis des décennies : changements climatiques, guerres au Moyen-Orient, répression sécuritaire au nom de la lutte au terrorisme, repli sur nos frontières face aux migrations croissantes, etc.
L’élection de Trump fait éclater toutes les conventions, les nuances et le « politically correct ». En espérant qu’il ne poussera pas le « bouton nucléaire » dans une saute d’humeur et que le processus américain de « check and balance » nous évitera le pire, nous devrons désormais affronter la réalité dans ce qu’elle a de plus « cru » : le désabusement et l’inculture politiques, l’écoeurement face aux élites et aux experts, le racisme ordinaire, la violence larvée, la montée de la droite populiste, la disparition d’un projet politique collectif au profit des intérêts individuels, etc.
Ce n’est pas réjouissant. Mais cela s’avérera peut-être, à terme, salutaire.
Dominique Boisvert, le 9 novembre 2016