Édition du 17 décembre 2024

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Le blogue de Louise Chabot

L’AECG se négocie au profit de qui au juste ?

Les accords de libre-échange se suivent et se ressemblent depuis des décennies. Négociés en secret, ces accords viennent chambouler plusieurs pans des sociétés signataires, tant en accélérant les processus de privatisation des services publics qu’en favorisant l’arrivée massive sur le marché de produits importés venant remplacer des produits locaux qui pouvaient être protégés auparavant par des tarifs douaniers.

Perte de souveraineté

Autre élément récurrent de ces accords : des dispositions permettent aux multinationales de poursuivre les États lorsque ces derniers « osent » mettre en place des mesures législatives qui pourraient leur faire perdre des « profits potentiels ». Ces dispositions se trouvent au cœur de l’Accord économique commercial et global (AECG). En bref, on se retrouve face à des États qui abdiquent leur souveraineté au profit d’entreprises privées surpuissantes1.

Méfiance justifiée

Avec le recul, lorsqu’on observe les conséquences des accords adoptés par le passé, la société civile des pays concernés par l’AECG a raison de s’inquiéter. Dois-je rappeler l’absence totale d’évaluation des bénéfices ou des conséquences des accords de libre-échange déjà signés par le Canada dans le passé (ALENA, AMI, etc.) ? L’arrogante quasi-unanimité de nos classes dirigeantes et d’affaires ne suffira pas à apaiser ces craintes.

Impossible de tenir un véritable débat public

En effet, quand on tente de s’opposer à ces accords commerciaux, on se bute à un mur chez nos dirigeants. Pour le ministre des Affaires étrangères du Canada, Stéphane Dion, tous les opposants à l’AECG ne sont que des « populistes de droite ». Cela ferait de moi une populiste de droite. Permettez-moi de remettre en question le jugement éclair du ministre !

De son côté, selon ses propos rapportés par la Presse canadienne, le premier ministre Couillard attaque aussi la crédibilité des opposants à l’AECG en les traitant d’ignorants. « Quand on dissèque et qu’on analyse les objections, souvent elles ne reposent que sur des perceptions, ou même parfois des rumeurs, et non des faits », affirme-t-il sans rire.

Un débat public vaut toujours mieux que la culture du secret

Le processus même d’élaboration et de négociation des accords de libre-échange participe d’une culture du secret qui inspire la méfiance de la population.

Seul un véritable débat, à livre ouvert, sur les tenants et aboutissants de l’AECG permettra à la population de se faire une tête sur cet accord fort complexe qui viendra changer la façon dont nos sociétés se gouvernent. Et pourquoi ne pas faire participer la population des États signataires à une véritable réflexion sur le type de développement et de libre-échange que l’on veut encourager et bâtir ensemble ?

1 http://rqic.alternatives.ca/IMG/pdf/aecg-marchanderdemocratie_2ed-2016fr.pdf

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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