Édition du 18 juin 2024

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États-Unis

Gaz de schiste - les déboires de l'état de New York

Le moratoire sur la fracturation dans l’état de New York tire à sa fin, et les législateurs tentent bien que mal à satisfaire tout le monde, sans grand succès. Voici une traduction libre d’un article récent du journal The New York Times. (Traduction Les AmiEs du Richelieu)

Les dernières propositions pour les projets de lois attirent des objections. Les règlements proposés par l’état de New York pour encadrer une méthode controversée d’extraire le gaz naturel reçoit des commentaires optimistes mitigés de la part de l’industrie, mais des objections venant de certains environnementalistes qui disent que les lois ne protègent pas assez les sources d’eau potable.

Des groupes environnementaux disent que l’état a fait des changements positifs en tant que sécurité pour l’eau, surtout en interdisant la fracturation dans les State Parks, dans les réserves fauniques et les bassins versants et les aquifères qui fournissent l’eau potable aux résidents de la ville de New York. Mais certains disent qu’il y a encore de l’amélioration à faire, comme cartographier les zones tampons où le forage serait interdit. Ces zones pourraient ne pas être assez pour protéger les vieux tunnels souterrains qui acheminent l’eau vers New York et seraient en danger à cause des vibrations du forage et les fluides de forage, selon certains groupes. La fracturation injecte des millions de gallons d’eau mélangée avec des chimiques et du sable dans le roc pour extraire le gaz naturel.

Pendant que l’état projette d’en faire plus que les autres dans le pays pour ce qui est de la transparence, les compagnies devront dévoiler les chimiques et les formules qu’elles utilisent, même celles qu’elles considèrent comme secret commercial. Elles devront remettre ces renseignements aux autorités de l’état, mais pas toujours au grand public, et les environnementalistes dénoncent le fait que le projet de loi n’interdit pas l’usage des chimiques les plus toxiques employés dans la fracturation, comme le benzène. "C’est désappointant." dit Katherine Nadeau, la directrice des ressources en eau et naturelles de l’organisme Environmental Advocates of New York. "Les New-Yorkais ont répété maintes et maintes fois qu’ils ne veulent pas que leur eau potable soit exposée à des chimiques toxiques."

Les règlements proposés, révisés pour la 2e fois et rendu public ce mois-ci par le State Department of Environmental Conservation (DEC), est dans le dernier mille dans un effort pour permettre la fracturation hydraulique horizontale dans New York, démarche qui aura duré 3 ans. Après des rapports de consultants dans quelques semaines sur les impacts potentiels sur les communautés locales et une période de 2 mois de consultations publiques, suivront une révision finale. Les autorités prédisent que les règlements seront ensuite émis et que l’état commencera à émettre des permis de forage l’année prochaine.

Plusieurs résidents de l’état de New York et des environnementalistes ont demandé une interdiction complète de la fracturation. Les promoteurs du forage répliquent que cette méthode libérera une source abondante d’énergie à un prix raisonnable et sera source d’emplois dans des régions affligées par de hauts taux de chômage.

Jim Smith, un porte-parole pour la Independent Oil and Gas ASsociation de New York, dit que les interdictions de fracturer dans les bassins versants n’étaient pas particulièrement contraignantes pour l’industrie parce que ces régions ne sont pas considérées comme prometteuses en gaz dans le Marcellus. De toute façon, cette interdiction laisse quand même plus de 80% de la région de schiste disponible pour le forage. Dennis Holbrook, un VP de Norse Energy, l’une des compagnies qui forent dans l’état de New York, dit que l’une des préoccupations de l’industrie est que l’état demande que les sites de forages respectent les lois locales de zonages, ce qui laisse entrevoir que certaines municipalités pourraient interdire le forage, agrandissant ainsi les régions où l’état avait déjà interdit de forer.

Certaines villes comme Buffalo qui sont au-dessus de la formation de l’Utica (comme le Québec !), ont déjà un moratoire en place, et plusieurs municipalités veulent faire de même. Mais M. Holbrook dit qu’il est d’un optimisme prudent. "L’opposition vient du fait qu’après 3 ans d’attente, nous avons enfin une idée des procédures à suivre pour développer l’industrie du shale dans l’état de New York." dit-il. "Si c’est çà que çà prend pour rassurer le public et faire avancer les choses, alors mon idée est que nous allons trouver un moyen pour que çà marche."

Une autre préoccupation majeure pour les environnementalistes est la disposition des déchets de forage. Le projet de loi demande aux foreurs de soumettre un plan de travail pour que l’état l’accepte avant qu’un permis soit émis et la création d’un système de suivis pour que l’état puisse faire le monitorage du cheminement des déchets liquides et solides. Les critiques disent que l’état devrait faire un peu plus et déclarer que ces déchets sont des déchets industriels dangereux, ce qui exigerait des tests pour des matériaux dangereux et qu’ils soient traités à un site de déchets dangereux.

"Faire le suivi, c’est bien, mais il faut faire plus." dit Kate Singing, une avocate sénior pour le Natural Resources Defense Council et membre du nouveau groupe de travail nommé par le commissaire de l’environnement de l’état Joseph Martins. Le groupe de travail doit se porter sur les façons de faire respecter les lois sur la fracturation. Mais M. Martens dit que les sites de traitement existants pour les déchets non-dangereux sont plus nombreux et pourraient accepter les eaux usées des forages avec de petites modifications à leurs opérations.

Dans une entrevue, M. Martens disait que les propositions de son département venaient des leçons apprises des activités de fracturation dans les états comme la Pennsylvanie, dont les fuites et les accidents, et s’assureront que les forages seront fait d’une façon sécuritaire. Il dit que les lois exigent des couches de coffrages en ciment pour prévenir les migrations de gaz. Et avant d’employer des chimiques les plus toxiques, selon lui, les compagnies devront faire la preuve qu’elles ne peuvent pas utiliser les chimiques les moins toxiques. "Je sens que nous avons établi des normes nationales pour la fracturation hydraulique à grand volume." dit M. Martens.

L’EPA fédéral étudie également la sécurité de la fracturation hydraulique, mais ses données initiales ne seront pas disponibles avant la fin de l’année prochaine. Le rapport final devrait être publié en 2014.

Les groupes contre le forage prétendent que peu importe les précautions qu’imposeront l’état de New York ou le gouvernement fédéral, les méthodes de forage viennent avec un niveau de risque inacceptable. Une coalition menée par le groupe de consommateurs Food & Water Watch a débuté une campagne de publicité télévisée demandant aux gens de dire au gouverneur Cuomo d’interdire la fracturation.

Par contre, le Natural Resources Defense Council et d’autres groupes environnementaux importants disent qu’ils ne demandent pas une interdiction complète parce qu’ils s’attendent à ce que l’état trouvera des règlements assez sévères pour assurer la sécurité des gens et de l’environnement.

Selon les prédictions de l’industrie, l’état devrait recevoir des applications pour des permis de forer de 1,600 à 2,500 puits par année dans le Marcellus, pendant les 30 prochaines années.

Cet article est tiré du blogue des AmiEs du Richelieu (http://lesamisdurichelieu.blogspot.com/)

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