De Paris, Omar HADDADOU
Des retraités (es) réduits à aller frapper à la porte du Secours populaire. L’ancien premier Ministre, Edouard Philippe - fier d’avoir activé l’Article 49-3, et tout enclin à taper sur les pensions qui constituent, selon lui, le premier poste budgétaire (330 milliards d’euros), c’est-à-dire, plus d’un quart de la dépense publique et le premier foyer d’économies possibles – émerge, à point nommé, de la mêlée pour s’offrir un focus électoraliste invasif et semer la brouille et le courroux au travers d’un oukase qu’il se plait à qualifier de « raisonnable ».
Disposition visant à repousser l’âge du départ à la retraite à « 65, 66, ou 67 ! Autant sortir l’ancienne Pub ordurière, balancée à la radio dès le matin, au petit peuple par les annonceurs sans scrupule : « Combien de temps vous reste -t- il à vivre ? »
Ce coup de mortier en direction de Matignon a aussitôt fait interagir son locataire, Jean Castex. Conscient de l’ampleur de la grogne sociale qui occupe actuellement la place publique, il objecte : « Je n’ai pas souvenir que, dans le projet de loi qu’il avait lancé, il y avait écrit cet âge de 67 ans. Nous la ferons quand le moment sera le bon ", a déclaré, élusif, le chef du gouvernement, indiquant que la réforme des retraites, reste subordonnée aux " conditions posées par le président", qui ne sont pas encore réunies. Mais cela n’empêche pas de s’y « préparer au cas où ».
Dans ce contexte émaillé de vives tensions et de raccommodages, les 17 millions de retraités (es) ont lancé, ce vendredi, un cri d’alerte à l’Exécutif au cours des mobilisations nationales dont celle organisée devant le Ministère de l’Économie, Paris-Bercy, pour dénoncer des retraites dévalorisées, des salaires marmiteux, un pouvoir d’achat érodé, une inflation dévorante et une protection sociale biaisée par les emphysèmes des ponctions plâtrées.
Certains (es)pensionnés (es) figurent désormais dans la statistique des Français vivant sous le seuil de pauvreté, estimée à près de 12 millions en 2021, soit 18.46% de la population française. Il ne s’agit pas d’une statistique officielle de l’INSEE certes, mais la crise économique engendrée par le fléau sanitaire, corrobore une telle explosion de pauvreté en Hexagone.
D’où les rassemblements dans la capitale et en province pour crier haro sur l’exclusion, le gel et sous revalorisation des pensions (0,4% d’augmentation au 1er janvier 2021, 1% pour les complémentaires, alors que les prix ont augmenté de 1,6 %. Les acteurs de la contestation regroupant les retraités (es), les organisations syndicales et les mouvements associatifs, préconisent un alignement de la CSG des retraités sur celle des actifs et de réduire l’abattement de 10% pour le calcul de l’impôt sur le revenu.
Elles déplorent en outre, un système de santé frappé par les suppressions de lits dans les hôpitaux (115 000 en 25 ans) et de soignants (100 000 soignants en 10 ans). A cela se greffe l’abandon de de la loi « Grand Âge », la disparition des services publics de proximité aux personnes âgées, handicapées et des retraités (es).
Interpellés par ce cri de détresse et d’inégalité, nous sommes allés à la rencontre des retraités en proie à un profond désarroi, venus manifester au pied de l’édifice abritant le Ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance. Ancienne employée de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), Isabelle la retraitée se révolte : « Qu’ils abandonnent cette retraite à points inadmissible et injustifiée. Elle casse la solidarité intergénérationnelle. Ils veulent individualiser les retraites. C’est injuste. Aucune retraite en dessous du Smic ! Sinon, ce n’est plus vivre, mais survivre ». Infatigable militant velu de la CGT, Claude, Coco pour les collègues cheminots et les intimes, s’insurge, la pancarte franchement brandie à la face du Ministère, juste en face : « C’est une honte d’avoir une retraite en deçà du salaire minimum ! Et que des gens aillent au Secours populaire, pendant que certains médias parlent du top des 500 grandes fortunes de France ».
Même ressenti d’amertume chez Jean : « Depuis 30 ans que les retraites sont attaquées. On est perdants sur les deux dernières années par rapport au coût de la vie. Le gouvernement s’expose à une colère générale ». Pour Hayat, anciennement Technicienne chez Alcatel, un seul mot d’ordre : « Renverser le Capital et partager les richesses dans le monde entier ! ».
Malheureusement, l’appétit vient en mangeant, et l’émulation vers la fortune, par le défi du rival, chauffé à forte incandescence.
O.H
Un message, un commentaire ?