Une éducation de qualité
Tout d’abord, la grande absente de cette campagne électorale est : l’éducation. Il est navrant de constater l’absence de volonté en matière d’éducation primaire et secondaire de la part des partis en lice pour gouverner le Québec. Certes, on parle allègrement d’abolir, de fusionner ou de changer les commissions scolaires, de compressions et d’autres projets plus rassembleurs les uns que les autres, mais aucun parti ne songe à faire de l’éducation une priorité nationale. Il faut dire que les sondages ne mentent pas, l’éducation est la priorité de seulement 20 % des électrices et électeurs. On comprend donc, électoralement du moins, le manque d’enthousiasme des partis à son égard.
Pourtant, l’éducation est l’épine dorsale de toute société, tant pour sa vie démocratique, culturelle ou économique. L’éducation pour une société, c’est l’équivalent de la recherche et du développement pour une entreprise privée. Renforcer l’éducation, c’est renforcer la prospérité du Québec. On aura beau parler de lutte au décrochage ou à l’intimidation, sans investissements majeurs, tout cela ne restera que des paroles en l’air. On ne le répétera jamais assez, l’éducation a écopé de plus d’un demi-milliard de dollars en compressions de toutes sortes. Quel parti aura le courage de faire de l’éducation une priorité nationale en donnant au réseau les moyens de faire réussir la grande majorité des élèves, que ce soit au primaire, au secondaire ou en matière d’éducation aux adultes, de formation continue et de formation professionnelle ?
L’éducation, ça commence tout petit
Les enfants ne viennent pas au monde à l’âge de six ans, leur éducation commence bien avant la première année et la maternelle. Le réseau de services de garde que nous nous sommes donnés avec les centres de la petite enfance (CPE) et les services de garde en milieu familial régis font la fierté du Québec. Non seulement ces services à la petite enfance sont bénéfiques pour le développement des enfants (voir l’état de la recherche à ce sujet au www.petiteenfance.lacsq.org), ils permettent également à des milliers de femmes de réintégrer le marché du travail après un accouchement, contribuant du même coup à la prospérité du Québec.
Malgré cela, plusieurs semblent oublier qu’il s’agit d’un service public. À 5 $ par jour, la contribution demandée au parent était d’abord et avant tout symbolique et n’avait aucunement la prétention d’assurer le financement de ce réseau qui devait l’être par l’impôt sur le revenu, comme tous les autres services publics. Déjà, l’augmentation de la contribution parentale à 7 $ ne représentait que des grenailles pour l’État et incarnait beaucoup plus une philosophie de gestion des services publics axée sur la tarification. L’économiste Pierre Fortin a d’ores et déjà démontré que ce programme était non seulement à coût nul pour l’État québécois, mais qu’il était aussi rentable !
Où est passée la conciliation famille-travail ?
Le monde du travail est de plus en plus exigeant, on passe davantage d’heures au travail et cela rend la conciliation avec la vie familiale beaucoup plus difficile. Les femmes étant encore plus nombreuses que les hommes à s’occuper des tâches ménagères et des enfants, cet enjeu les touche directement. Si la participation des femmes au marché du travail nous intéresse, la conciliation famille-travail doit trôner au sommet des priorités des partis.
Pour un système en santé
Dans le domaine de la santé aussi, on parle beaucoup de structures. Garder ou non les agences, fusionner ou non les centres, faire toujours plus avec moins, tout ça au grand profit du contribuable. Le problème avec ce schème de pensée, c’est qu’il évacue le fait que le contribuable sera également le patient ou l’usager de ces services et que les compressions affectent ultimement la prestation de soins. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la Protectrice du citoyen !
Je vous reparlerai à un autre moment de ce qu’on nomme la nouvelle gestion publique qui afflige le système de santé et de services sociaux. Malheureusement, aucun des partis politiques ne parle d’impliquer les personnes qui sont en première ligne pour améliorer le système : les femmes et les hommes qui y travaillent ! Le personnel de la santé et des services sociaux n’attend qu’à être impliqué dans la détermination et dans la mise en œuvre de solutions pour améliorer les choses. Ça ne coûte pas plus cher de les écouter et chaque fois qu’on le fait les résultats étonnent !
Faire campagne sur les vrais enjeux
Malheureusement, les enjeux qui touchent véritablement la population du Québec au sens large ne sont pas, ou très peu, abordés. On parsème ici et là quelques mesures très ciblées, mais on ne sent pas de véritable plan d’ensemble pour le Québec. J’espère sincèrement me tromper, après tout, il reste encore 14 jours à la campagne !