Édition du 5 novembre 2024

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Environnement

Energie Est : un projet du mauvais côté de l'histoire qui menace l'intégrité de notre territoire (vidéo)

3 vidéos qui déboulonnent des mythes

Trois vidéos sur les sujets suivants :

Piège 1 : Énergie Est : le piège du transport sécuritaire

Piège 2 : : Énergie Est : le piège économique

Piège 3 : Énergie Est : le piège du pétrole local


Piège 1 : Énergie Est : le piège du transport sécuritaire


Piège 2 : : Énergie Est : le piège économique


Piège 3 : Énergie Est : le piège du pétrole local

Qu’est-ce que c’est ?

Énergie Est de TransCanada est un projet d’oléoduc qui parcourrait 4 600 kilomètres d’Hardisty en Alberta jusqu’à Saint John au Nouveau-Brunswick. D’une grosseur de 42” et transportant 1,1 million de barils de pétrole brut par jour, il s’agirait du plus gros projet d’infrastructure industrielle de ce type en Amérique du Nord.

Seule la portion du tuyau au Québec et au Nouveau Brunswick serait une construction totalement neuve. En Alberta, Saskatchewan, Manitoba et Ontario, le tuyau existe déjà mais sert à transporter du gaz. Cette portion devrait donc être convertie afin de permettre le transit de pétrole.

Pour pousser ce bitume qui a la consistance de la mélasse, dix stations de pompages devront être construites au Québec. Or, aux dires mêmes de la compagnie, 90% de ses déversements ont lieu dans ses stations de pompage.

L’objectif de ce projet est principalement de désenclaver le pétrole albertain afin de lui permettre de “toucher l’eau”, c’est à dire d’arriver à des terminaux pétroliers d’où il pourrait ensuite être envoyé sur les marchés internationaux et être vendu à un prix plus élevé. Ainsi, 80 % de ce pétrole est destiné à l’exportation.

Où est le problème ? Des risques de fuites toujours présents

Selon TransCanada, les oléoducs sont sécuritaires à 99,6%. Il subsiste donc un risque de 0,4%. Ce pourcentage peut paraître négligeable, mais pensez-y bien : sur un volume de 175 millions de litres transportés par jour, il équivaut à une fuite possible de 700 000 litres... par jour !

Or, une étude réalisée pour la MRC de D’Autray souligne que les systèmes de surveillance prévus par TransCanada ne peuvent détecter une fuite dont le débit serait de moins de 1,5 % du débit total de l’oléoduc, ce qui représenterait 2,6 millions de litres par jour. Quand on sait qu’un seul litre de pétrole peut contaminer 2 millions de litres d’eau, le risque est considérable.

Des risques pour l’eau potable

L’oléoduc de TransCanada doit traverser 860 cours d’eauau Québec dont les rivières des Outaouais dans l’ouest, des Mille-Îles et des Prairies dans la région de Montréal, puis le fleuve Saint-Laurent près de Québec. En cas de fuite, il pourrait laisser s’écouler 1,15 million de litres de pétrole en 13 minutes, ce qui correspond au temps de réponse nécessaire à TransCanada pour stopper le flux de pétrole. Comme les sources d’eau peuvent être contaminées dans un rayon de 60 kilomètres autour d’une fuite, il est estimé que les sources d’eau potable de 5 millions de Canadiens et de 3,2 millions de Québécois seraient mises en danger par Énergie Est.

Des risques pour l’agriculture

L’oléoduc de TransCanada n’aura pas seulement des effets négatifs sur les terres agricoles en cas de déversement. Dès le début de sa construction, la machinerie utilisée pour l’excavation et l’installation causera la compaction des sols aux endroits où elle circulera. De plus, ces travaux peuvent modifier les systèmes de drainage des sols, essentiels à de bonnes cultures.

Le tracé de l’oléoduc amputera de grandes superficies de terres agricoles du Québec qui subissent déjà la pression de l’étalement urbain et de l’industrialisation.
Des risques liés aux types de pétrole transporté

Le bitume dilué, qui est un des types de pétrole qui sera transporté dans cet oléoduc, est considéré par plusieurs chercheurs comme étant le plus dangereux. En effet, la pression exercée sur le liquide lors de sa traversée dans l’oléoduc le réchauffe et le rend ainsi hautement corrosif.

De plus, lors d’un déversement, les solvants toxiques ajoutés au bitume s’évaporent rapidement, nuisant ainsi à la qualité de l’air. Ce type de bitume, s’il se retrouve dans l’eau, devient très difficile à récupérer en raison de sa tendance à couler. Si le déversement a lieu en hiver, sur un cours d’eau gelé, il devient presque impossible de le nettoyer avant la fonte des glaces.

La méthode d’extraction de ce pétrole est également problématique car elle exige une grande quantité d’énergie et génère trois fois plus de gaz à effet de serre (GES) que la production d’un baril de pétrole conventionnel, notamment le méthane. Ce gaz, qui a un potentiel de réchauffement planétaire élevé, s’ajoute aux émanations de CO2 produites par l’exploitation elle-même.

Mais ce n’est pas le seul type de pétrole qui serait transporté. TransCanada prévoit faire transiter du pétrole de schiste issu du Dakota du nord dans son pipeline. Un pétrole dont la méthode d’extraction – la fracturation hydraulique – est, elle aussi, très polluante et fortement émettrice de gaz à effet de serre.

Un projet qui favorise l’augmentation des gaz à effet de serre

Alexandre Shield écrivait dans Le Devoirque « la production de pétrole nécessaire pour alimenter ce pipeline générera à elle seule 30 millions de tonnes (Mt) de CO2 par année, selon une analyse de l’Institut Pembina. Ces GES dépasseront les émissions de toutes les automobiles, camions légers et camions lourds en circulation au Québec (27,4 Mt). » Or, après l’Accord de Paris et un contexte international visant une accélération de la décarbonisation de l’économie, nous devons éviter tout projet augmentant nos émissions pour au contraire favoriser ceux qui nous permettent d’atteindre nos objectifs de réduction. Ce n’est définitivement pas le cas du projet Énergie-Est.

Peu d’avantages économiques

Les avantages de l’oléoduc de TransCanada pour les consommateurs sont à peu près inexistants parce que celui-ci ne fera pas baisser le prix à la pompe du pétrole. Effectivement, les pétrolières n’ont aucun intérêt à vendre le pétrole brut de l’Alberta à un prix inférieur à celui du marché pour les raffineries canadiennes.

En ce qui concerne les emplois, pour le Québec, si la phase 1 de développement et de construction, évaluée à 6 ans, devrait permettre de créer de 3000 à 4000 emplois directs et indirects, ce nombre passerait ensuite à une trentaine d’emplois pendant la phase 2 d’exploitation, évaluée à 40 ans. À titre de repère, Biscuits Leclerc à Saint-Augustin de Desmaures procure du travail à 360 personnes et le secteur des technologies et des communications représente environ 175 000 emplois… On parle donc d’un effet minime sur le bilan des emplois au Québec.

De plus, dans le contexte mondial actuel, il y a des risques financiers liés directement à l’exploitation des sables bitumineux. Globalement, l’économie canadienne est plus vulnérable, puisque basée sur une ressource extrêmement polluante, le pétrole, dont le prix est variable et dont l’avenir est plus qu’incertain. Jusqu’à maintenant, les « externalités » négatives, soit les conséquences de la pollution et des catastrophes naturelles (frais d’infrastructures, coûts de santé et services sociaux, prix d’une baisse de productivité, etc.) ont été ignorées dans l’équation économique. Mais, que réserve l’avenir à cette industrie et, surtout, quel sera son impact réel sur l’économie canadienne lorsque, en plus d’un cours du pétrole bas, les externalités négatives devront être considérées ? Continuer d’investir dans cette industrie au détriment de secteurs plus innovants et moins risqués fragilise l’économie du pays tout entier.

L’opposition des villes

La liste des villes et des villages s’opposant à Énergie Est s’allonge constamment. Parmi eux, notonsLaval,Saint-Augustin de Desmaures et la Communauté métropolitaine de Montréal. Par ailleurs, plusieurs municipalités, sans affirmer un désaccord clair, se disent inquiètes des risques liés à cet oléoduc, dont Lévis et la Communauté métropolitaine de Québec.

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