Québec, 6 octobre 2019 - Le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Québec-Charlevoix) est dans la rue aujourd’hui afin d’affirmer haut et fort que les femmes ont le droit de disposer librement de leur corps et que ce droit est non-négociable !
Plus de trente ans après la décriminalisation de l’avortement au Canada, il est incroyable que cette question revienne sur la table à l’aube des élections fédérales 2019. En effet, les positions de certains partis sur le fait que leurs députées et députés auraient le libre arbitre sur cette question, ont de quoi inquiéter les membres du Regroupement sur les reculs possibles pour les droits des femmes. Dans un contexte où le droit à l’avortement est attaqué de toute part, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, il est urgent d’agir pour réaffirmer ce droit fondamental et revendiquer l’accessibilité, la gratuité et la dépénalisation de l’avortement pour toutes les femmes d’ici et d’ailleurs.
Les militantes ont choisi d’organiser cette manifestation en réponse à un rassemblement anti-choix, appelé Chaîne pour la Vie où des personnes se rassemblent sur un trottoir désigné et prient pour dénoncer l’avortement. Nous voulions être présentes pour dire qu’il est hors de question de revenir 50 ans en arrière et que les femmes ne se laisseront pas faire ! Ce qu’on attend des candidates et candidats, ce sont des engagements clairs pour améliorer l’accès à l’avortement ! affirme Emilia Castro, présidente du RGF-CN.
Actuellement, plusieurs régions du Québec ont un accès limité à une clinique d’interruption de grossesse. Certaines n’ont qu’une seule clinique pour desservir toute la population et parfois sur de grands territoires comme l’Abitibi, alors que 3 à 4 déplacements sont nécessaires pour avoir recours au service. Certaines régions ont des cliniques avec des disponibilités très restreintes. Par exemple, pour tout Chaudière-Appalaches, la seule clinique, située à Lévis n’est disponible qu’une journée aux 2 semaines. Dans la région de Québec, il peut y avoir quatre à cinq semaines d’attente pour avoir un rendez-vous.
De plus, au Québec, la pilule abortive n’est pas toujours facilement accessible et les délais d’attente et les restrictions imposées par le collège des médecins limitent souvent son utilisation. C’est seulement 9 % des interruptions de grossesse qui sont effectuées grâce aux médicaments, contrairement à près de 40 % dans certaines provinces alors qu’augmenter les sites d’accès à la pilule abortive permet d’éviter aux femmes de longs délais d’attente, de longues distances à parcourir, des coûts à défrayer, de l’inquiétude et du désarroi et une intervention plus rapide.
Pour le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale, le droit des femmes de contrôler leur corps et leur maternité est fondamental et non-négociable, et ce droit a été acquis grâce à la lutte de militantes infatigables ! Dans le cadre des élections fédérales, il est impératif que les candidats et candidates s’engagent clairement à ne pas remettre en question ce droit fondamental. Au contraire, tout devrait être mis en œuvre pour améliorer les services actuels et faciliter l’accès à l’avortement libre, sécuritaire et gratuit pour toutes les femmes qui voudraient y avoir recours, et ce sans avoir à se justifier ! ajoute Nancy Beauseigle, directrice générale du RGF-CN. Le RGF-CN et ses groupes membres demeureront mobilisés dans les prochains mois afin de défendre et protéger ce droit fondamental !
Le RGF-CN est composé d’une quarantaine de groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale qui travaillent solidairement à la défense collective des droits et intérêts des femmes et l’amélioration de leurs conditions de vie.
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Chères femmes,
Nous sommes ici aujourd’hui, le 6 octobre 2019, aussi hallucinant que ce soit, pour réaffirmer –ENCORE !- que nos corps nous appartiennent et que nous aurons bien les enfants que nous voulons !
Il semblerait que les droits des femmes en matière d’avortement que nous avons acquis à coup de luttes féministes dans le dernier siècle soient encore aujourd’hui menacés par toutes sortes d’organes patriarcales rétrogrades qui s’agitent en cette période électorale.
On venait pourtant tout juste de célébrer le 30ième anniversaire de la cause de Daigle contre Tremblay, moment où la Cour Suprême du Canada a statué que le fœtus n’a pas de statut juridique et que le conjoint d’une personne enceinte n’a pas de droit particulier sur la grossesse. Ça fait 30 ans que ça a été clarifié par le système judiciaire, et c’est clair pour nous depuis toujours. Nos corps nous appartiennent ! Point !
Le droit à l’avortement est un droit non-négociable ! Nous continuerons la bataille, avec nos sœurs à travers le monde, pour que toutes les femmes qui le désirent aient accès sans délai, sans restriction à des avortements légaux, sécuritaires et gratuits.
En ce sens, nous décrions vivement tous partis politiques qui n’ont pas une position ferme en termes de respect du libre choix des femmes !
Nous décrions aussi les barrières inutiles imposées par le Collège des médecins autour de l’accessibilité à la pilule abortive.
Nous dénonçons également tout groupe religieux qui tente de faire reculer nos droits.
Nous serons toujours présentes lorsque se mettront en branle des groupes anti-choix. Si le droit à l’avortement est une lutte toujours inachevée, nous serons en marche sans répit. Car nous sommes les expertes de nos vie, les expertes nos corps, les expertes de notre sexualité, et on ne laissera pas le patriarcat se réemparer de nos corps, ni de nos droits ! On ne laissera pas le patriarcat nous imposer des grossesses non-désirées. Nous nous battrons tant qu’il le faut pour avoir facilement accès à des avortements sécuritaires et gratuits.
Que ceux qui s’opposent à l’avortement gèrent leur propre corps et leurs propres fluides : c’est la méthode par excellence pour réduire le nombre de grossesse non-désirées !
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