Le FRAPRU publie son bulletin de fin de campagne, attribuant des notes à chacun des partis pour leurs engagements dans le domaine du logement. Pour évaluer leurs engagements, il a tenu compte de leur lecture de l’état du droit au logement au Canada et des groupes visés par leurs promesses. Il rappelle à ce propos que selon les dernières données fédérales, pas moins de 1,7 million de ménages canadiens éprouvent des besoins impérieux de logement, dont la très grande majorité (1,2 million) est locataire et dispose d’un revenu médian ne dépassant pas 25 000 $ par an.
Parti conservateur du Canada (E) : échec sur toute la ligne !
Autant dans sa campagne que dans sa plate-forme, l’équipe d’Andrew Scheer a ignoré complètement les besoins des locataires et des personnes itinérantes. Cette absence complète d’engagements laisse croire qu’un gouvernement conservateur pourrait mettre fin aux investissements, pourtant insuffisants, découlant de la Stratégie fédérale sur le logement adoptée par le gouvernement sortant.
Parti libéral du Canada (D) : rien de mieux que dans son premier mandat ?!
Le parti de Justin Trudeau n’a pas tenu compte des critiques formulées depuis deux ans contre sa Stratégie fédérale sur le logement, notamment de ne pas avoir priorisé le développement de nouveaux logements sociaux et d’avoir repoussé en 2020 les plus importants investissements en habitation. Le FRAPRU constate que la plate-forme libérale ne mentionne aucun nouvel investissement pour le développement de logements sociaux, ni pour la remise en état de ceux déjà construits et la prolongation de l’aide au loyer versée aux locataires pauvres qui les habitent.
Parti vert du Canada (C) : des engagements mal orientés
Le parti d’Élizabeth May s’engage à reconnaître légalement et protéger le droit au logement comme droit humain. Cependant, le FRAPRU juge que, sans investissements adéquats, la reconnaissance de ce droit peut difficilement se concrétiser. Il note que la plateforme du Parti Vert dit vouloir renforcer la Stratégie nationale sur le logement et répondre aux besoins des différentes provinces en matière de logements abordables, ce qui est louable, mais ne clarifie aucunement de quelles façons il entend y parvenir. Le regroupement évalue que les 25 000 nouvelles constructions abordables promises à chaque année, pendant 10 ans, ne répondront pas aux besoins des ménages mal-logés s’ils ne sont pas sociaux ou communautaires, c’est-à-dire hors marché.
Nouveau parti démocratique (A) : relance d’investissements ambitieux dans le développement du logement social
La plateforme du NPD prévoit de s’associer aux provinces et aux municipalités pour créer un demi-million de logements sociaux et abordables au cours des dix prochaines années. Le FRAPRU lui a demandé de clarifier la proportion de logements sociaux. Finalement, dans une lettre adressée au regroupement le 17 octobre, le chef, Jagmeet Singh, confirme son intention d’investir au moins 2 milliards $ de plus, par année, pour la construction de nouveaux logements sociaux et que, « en collaboration et en respectant les juridictions du Québec, ces investissements viseront à construire 50 000 logements sociaux sur 5 ans au Québec ». Le plan fiscal du NPD prévoit d’ailleurs des investissements de 5 milliards $ dès 2020-2021 pour le faire. D’autre part, le parti néodémocrate s’engage à préserver le financement des logements sociaux existants, tant pour les remettre en état que pour maintenir l’aide au loyer. Il est également le seul à s’engager à réserver les terrains fédéraux excédentaires du Bassin Peel pour de futurs projets de logement social et communautaire, comme le demandent le FRAPRU et le milieu.
Bloc québécois (A) : un soutien important pour du logement social au Québec
Le Bloc québécois reprend dans sa plateforme les revendications portées par le FRAPRU et le milieu communautaire en itinérance. Il s’engage à travailler au maintien des subventions destinées aux logements sociaux existants et à exiger un réinvestissement progressif jusqu’à l’atteinte de 1 % des revenus annuels du fédéral, soit 3 milliards $ par année pour en développer de nouveaux. Le Bloc promet également d’exiger d’Ottawa des transferts d’argent sans condition au Québec, pour ne pas entraver le fonctionnement des programmes québécois mieux adaptés à la réalité. Le Bloc québécois continuera de défendre l’approche communautaire et globale en itinérance développée par les organismes québécois.
Le FRAPRU estime que, quelque soit le résultat du vote, le 21, plusieurs mesures doivent être adoptées rapidement et simultanément pour stopper le recul de droit au logement. « Et dans tous les cas, le logement social doit en être le cœur de ce plan de match », indique Véronique Laflamme, porte-parole du regroupement, précisant que « c’est le seul moyen véritablement efficace de mettre les gens vulnérables à l’abri de la spéculation immobilière, des reprises de possession et ultimement, de l’itinérance ». Tout en poursuivant ses pressions pour que le Québec fasse également mieux, le FRAPRU est persuadé que les investissements fédéraux sont nécessaires pour qu’un nombre significatif de ces logements puissent lever de terre. Ottawa doit aussi procéder rapidement à la réservation de ses sites excédentaires, en vue de les réserver prioritairement aux futurs projets de logements coopératifs, sans but lucratif, voire publics.
Le FRAPRU surveillera avec intérêt le dénouement des élections et il invite d’ores et déjà les partis qui formeront l’opposition à talonner, comme lui, le prochain gouvernement.
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