Édition du 8 avril 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Immigration

Déshabiller les personnes en demande d'asile pour habiller les personnes en situation d'itinérance : un très mauvais calcul

TIOHTIÀ:KE(MONTRÉAL), le 8 avril 2025 - Suite à l’annonce par la ministre Rouleau d’un fonds d’urgence de 10 millions $ sur deux ans pour lutter contre l’itinérance, le Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM), la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) et le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) unissent leurs voix afin de dénoncer le manque de constance dans les financements du gouvernement du Québec destinés aux organismes communautaires. Après avoir soutenu les organismes venant en aide aux personnes en demande d’asile, un fonds provenant du Plan d’action gouvernemental en action communautaire (PAGAC) 2022-2027 soutiendra maintenant des groupes intervenant en itinérance. Cette façon de faire n’est pas une réponse structurelle à la crise de la pauvreté vécue dans la métropole.

« Les groupes en ont ras le bol de se faire octroyer en mode urgence des financements de fond de tiroir qui ne leur servent souvent qu’à allumer des lampions alors qu’on a besoin plus que jamais d’actions gouvernementales profondes, concertées et à long terme. » C’est en ces mots que s’est exprimé Annie Savage, directrice et porte-parole du RAPSIM, qui regroupe plus d’une centaine d’organismes qui œuvrent en prévention et en réduction de l’itinérance à Montréal.

« En coupant le fonds d’urgence de 4,8 M $ par année pour les personnes en demande d’asile, après 2 ans, les organismes communautaires qui viennent en aide aux réfugiés se retrouvent à la case départ », déplore Stephan Reichhold, directeur de la TCRI. « Il s’agit d’un geste incompréhensible et irresponsable, car les besoins restent criants, surtout avec l’arrivée importante de réfugiés à la frontière canadienne que l’on observe actuellement. »

De plus, nous remettons en question le choix qu’a fait la ministre de confier au privé la gestion des fonds publics, évacuant du même coup la consultation des représentants du milieu communautaire. Ainsi, Centraide a sélectionné les organismes qui recevront des fonds publics, sans appel d’intérêt. Des programmes de financement d’action communautaire existent pourtant, avec des mécanismes qui permettent les financements ponctuels et récurrents. Ils sont administrés par des fonctionnaires qui assurent la transparence et l’équité dans la gestion des fonds publics. « Faire gérer l’argent public par des fondations, est-ce un désaveu de la ministre envers l’État ? », questionne Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, coordonnatrice du RIOCM.

En assurant à tous les organismes d’action communautaire autonome un financement suffisant à la mission, le gouvernement éviterait de mettre en compétition les groupes entre eux pour l’obtention de maigres fonds. Devant l’ampleur des crises sociales vécues à Montréal et la montée de l’intolérance, le communautaire, de même que l’ensemble des acteurs, doivent travailler ensemble et en cohérence.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : Immigration

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...