Bienvenue dans le désert politique de la Côte-de-Gaspé ! Vous entendez ces rires gras qui montent des chaumières ? Ces gloussements de fonds de ruelle ? La logique même de notre langue n’y manque pas : les rires “montent”, mais “descendent” rarement des sphères de la haute jusque sur nos chemins. C’est plutôt leurs armées, polices, agents de sécurité, mercenaires et espions qu’ils nous envoient. Le rire est l’arme des pauvres, des excluEs, des moins-que-rien. N’allez donc pas vous priver ! GAPPA vous présente ici le trio comique le plus invraisemblable de l’heure ! Rencontrez la préfète Délisca et ses serviles adjoints (Marc et Daniel), respectivement maires de Murdochville, de Cloridome et de Gaspé.
Mais ne vous y méprenez pas ! Cette Côte-de-Gaspé et la municipalité de Murdochville sont ici des théâtres de marionnettes aux leçons bien plus instructives encore que les films éducatifs de Coronet(1). Le capitalisme et ses libéraux défenseurs les plus “neufs” portent toutes et tous les mêmes marques, mangent à la même table et répondent des mêmes ordres stéréotypés sur des courbes normalement louches, séquencés par d’artificielles intelligences en amont des flux qu’ils détournent, stockent et nous revendent, chorégraphiés par d’absurdes agitateurs de fanions. Chaque sortie d’autoroute abrite son Couche-Tard et son Tim, parfois dans la même bâtisse ; de Sherbrooke à Gaspé et de La Malbaie à Saguenay, les grenailles et les miettes tombent équitablement de leurs banquets où nous assumons, au mieux, le service, mais toujours la facture. Et le monopole de la violence s’exerce de manière justifiée sur le continuum forcé que délivre cette ”nationale” école de police sur celles et ceux d’entre nous qui rechignent.
Ces municipalités démunies, ce sont les nôtres en fait et elles nous renvoient la grimace des pouvoirs qui nous échappent le plus directement. À un ou deux jets de pierres, elles peinent cependant à dissimuler complètement toutes leurs petites lâchetés et leurs connivences. Leur impuissance n’est pas accidentelle, mais désirée, organisée et savamment entreprise. Il suffit bien souvent de se saisir des pouvoirs qu’elles nous tendent encore pour la forme pour prendre la mesure de l’abyssal vide, dévoreur de montagnes et ouvreur des sols, dont elles ont la charge, qu’elles doivent contenir tout en nous en divertissant. Depuis plusieurs années, GAPPA documente de près ces petits théâtres “démocratiques” dont les marionnettes, plus ou moins privilégiées en coulisses, finissent par oublier que leur désarticulation elle-même est feinte, que les fils auxquels elles s’accrochent et pendouillent font aussi partie du décor, ces petits pantins allant même jusqu’à refuser de voir que leur corps s’anime encore d’une vie qui leur est propre.
Alors riez, oui, mais de grâce ! Riez jaune ! Riez même orange, “orange Pétrolia”. Et propager ce contagieux rire sans réserve.
Parce qu’une société qui se moque n’est jamais définitivement conquise.
Parce que le rire peut parfois courber les espaces-temps sociaux pour y sceller des sorts.
Parce que c’est en ce moment la frénésie électorale sur les chemins, l’heure de leurs pointages finaux, de l’impression de leurs bulletins, de l’origami des urnes et des répétitions générales.
Enfin et surtout, parce que notre respect ne s’achète pas.
(1) Vidéo détournée de Coronet Instructional Films
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