Édition du 17 décembre 2024

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Digeste introductif à la lecture de La république de Platon

Présentation nécessaire sous une forme non orthodoxe (Texte 7)

Les phénomènes de la vie ont été présentés ou analysés, par des grands auteurs de la Grèce antique, sous la forme de couples composés d’éléments opposés que nous désignons comme étant des dualités.

Sophocle a construit son théâtre autour de nombreux éléments contradictoires dont les principaux étaient les suivants : faiblesse/férocité ; vie/mort ; amour/haine ; bonheur/malheur. Dans Les Antigones, G. Steiner écrit :

«  Je crois qu’il n’a été donné qu’à un seul texte littéraire d’exprimer la totalité des principales constantes des conflits inhérents à la condition humaine. Elles sont au nombre de cinq : l’affrontement des hommes et des femmes, de la vieillesse et de la jeunesse, de la société et de l’individu, des vivants et des morts, des hommes et de (s) dieu(x).  » G. Steiner, Les Antigones, Paris, 1986, p. 253. Cité dans Guieu, Ariane. 2001. Antigone. Paris : Bréal, p. 63.

« Le Platon » se comprend tel un vocabulaire ou un lexique soutiré du philosophe lui-même et duquel se forment des structures sociales, politiques, économiques, scientifiques et spirituelles, autant pour l’individu que le groupe, rendant ainsi imaginable un proto-archétype de la civilisation. Nous vous présentons ici, sous la forme d’un digeste, certains des concepts clefs qui vous permettront d’accéder à la pensée duale présente dans La république de Platon. Nous sommes profondément désolés pour la longueur du texte. Il nous a été impossible, pour paraphraser Voltaire, d’en écrire un plus court.

Antagonisme (car le conflit est omniprésent et la vie dynamique), Sexe (à cause de la distinction), Homme (le dominant, l’antagonique multiplicateur étant responsable de la guerre ; l’être de la contradiction, mais l’être aspirant à la perfectibilité), Femme (l’inégal ou l’égal de l’homme — selon les normes, les lois, la nature —, symbole de la force reproductive, de la passion, de l’éducation de l’enfant, des soins), Homme libre (le vrai citoyen, le titre accordant des privilèges, l’antithèse de l’esclave, celui qui a le droit aux travaux de l’esprit et à la politique), Esclave (l’homme de la nécessité, l’antithèse de l’homme libre, celui qui subit, qui donne son corps), Or (métal ou symbole de convoitise, de régression, d’oppression, de luxure, de vice, à l’origine du capitalisme), Argent (métal ou symbole de remplacement de l’or, tout en moins que l’or, mais tout autant convoité, parce que l’échange les implique l’un comme l’autre, le rend substitut et établit une hiérarchie des métaux comme des hommes qui le possèdent), Airain et Fer (métaux utiles mais symboliquement déclassés par rapport à l’or et à l’argent, ils sont soumis aux mains des esclaves qui les frappent et les transforment dans le but de servir la classe des libres les utilisant dans leurs conquêtes de l’or, de l’argent, d’esclaves et de toutes ressources de subsistance et de prestige), Différence (qui scinde, qui distingue, qui sépare, qui forme des groupes homogènes, qui méconnaît l’individualité, qui est une contrainte à l’intimité et à l’élévation de l’âme), Aptitude naturelle (associée à la loi de nature, à la différence comprise selon un certain point de vue, à la volonté supérieure ou au talent inné), Force (parce que pour vivre il faut prendre sa place, voire même l’imposer aux autres, sinon à supporter celle d’autrui, dans la mesure de l’antagonisme), Supériorité (ce qui n’est pas infériorité, qui s’exprime souvent dans la force, dans l’aptitude naturelle, dans ce que le corps et l’âme sont en mesure de procurer à un homme libre ; c’est la supériorité qui doit gouverner, mais doit éviter d’être inspirée par le vice et devenir inférieure), Nudité (voire l’état d’être premier, originel, l’état du corps dans la pratique de la gymnastique, dans des exercices, comme l’âme mise à nu doit aussi s’exercer en vue de son ascension), Compagnon (parce que l’homme est un être social, un être d’interaction, parce que l’amitié, l’adoucissement de la phila, doit être partagée, parce que l’antagonisme n’existe pas sans la présence d’un autre), Compagne (la vie exige plus que l’amitié, mais la multiplication de l’espèce, possible uniquement par la nature d’une proximité avec la femme indispensable, devenue soudainement l’égal de l’homme, en raison d’un résultat presque magique), Collaborateur (parce qu’il faut atteindre des buts, parce que ces buts ne concernent pas toujours l’amitié, bien plutôt l’utilité et l’intérêt), Collaboratrice (au-delà du corps, il y a le développement de l’esprit, il y a le besoin de profiter des aptitudes des autres, parce que la femme a aussi le droit de socialiser), Chef (un groupe acéphale en est un perdu, sans but, autant qu’un tyran peut l’amener à la perdition, à la déroute ; ce qui implique que le chef doit être un homme singulier, un être d’équilibre, un être sage, un être supérieur), Peuple (groupe d’hommes et de femmes formant une collectivité structurée, une collectivité qui accepte l’autorité d’un chef ou d’un petit groupe de dirigeants, qui accepte d’évoluer ensemble dans un intérêt de subsistance dans une relative sécurité), Unité (il n’y a unité que là où la collaboration a le plus de chances d’être maintenue, autant dans l’individu — l’union de son corps et de son âme — qu’au sein d’un groupe, d’un peuple, dans un accord commun des factions sociales et des divisions des tâches à accomplir), Multitude (parce que l’homme et la femme doivent coexister, parce que le peuple doit compter plusieurs unités particulières, parce que la force vient du nombre, bien que sous l’influence d’un chef ou de chefs), Communauté (parce que le peuple comme agrégat n’a de valeur que dans les relations étroites, dans les échanges amicaux, dans le souci d’un bien-être commun, ce qui forge l’unité dans la collaboration), Vertu (tout ce qui plaît à l’esprit, à l’âme, et rend l’usage du corps profitable autant à l’individu que le groupe ; il s’agit du bien), Vice (ce qui augure le mal, la bataille pour la bataille, l’envie de l’or et de l’argent, qui détourne de la communauté, du peuple, du compagnon, de la compagne, de la collaboration, mais qui souvent s’exerce dans un désir de supériorité malfaisante), Fort (parce que la force doit se matérialiser quelque part, parce qu’est fort un corps et une âme équilibrés, est fort la supériorité, est fort le chef, est fort tout ce qui permet à un peuple de perdurer), Opinion commune (Opinion publique) (car le peuple et la communauté sont plus que l’addition des individus, et par des jeux de force ou de relations, ces ensembles expriment une vision de leur réalité susceptible de différer de celle du ou des chefs), Opinion (droite [vraie), vulgaire [erronée]) (parce que l’opinion individuelle et même publique demeure objet de foi, de croyance, et donc sujette à interprétation ou à réfutation, mais celle vraie repose sur un effort de compréhension de la réalité, sur un effort rationnel visant le savoir et non le sophisme, le préjugé, la paresse de l’esprit qui conduisent à l’erreur et détournent de l’objectif de perfectibilité), Morale (Science normative) (est un avatar de la philosophie, se conçoit comme l’objet du politique, qui rend harmonieuses les relations entre les individus, puisque la vertu, le vice, le bien et le mal ont été identifiés pour établir les normes du vivre ensemble autant pour le corps que pour l’âme), Religieux (qui implique une dévotion aux dieux, un exercice de l’âme destiné à reconnaître la supériorité du divin et de son rôle de juge dans l’autre monde, car le but de l’existence consiste principalement à l’élévation de l’âme), Mariage (parce que l’homme et la femme doivent être unis de manière officielle, par une cérémonie d’acceptation de cette union pour la communauté ; la suite, soit la procréation, engendre des enfants légitimes, des enfants ayant droit de succéder), Union incestueuse (union contraire au mariage, contraire à la cohésion et à la règle de la vertu), Enfant (légitime, illégitime) (comme résultat d’une union, mais avec distinction de rang, selon le sens de la vertu), Père (synonyme d’autorité, de statut supérieur à l’intérieur de la famille), Mère (comme deuxième autorité, mais comme éducatrice et statut de femme ayant pu enfanter), Hymen collectif (parce que le mariage s’impose en société et exige un lieu), Bercail commun (parce que les effets du mariage grandissent et impliquent des espaces communs ainsi que particuliers), Liens familiaux (parce qu’il faut savoir reconnaître la progéniture, reconnaître la lignée, reconnaître l’origine de chacun et chacune, dans le but de les situer, de les désigner, de déterminer les legs et successions), Difformité (ce qui est contraire à la forme naturelle et générale, qui relève d’une singularité antinomique aux proportions divines, de l’anomalie), Lieu secret (pourquoi pas synonyme d’intimité, de fantasmes, d’éloignement des normes sociales ou du jugement d’autrui), Eugénisme (parce qu’étant une forme comme une autre de perfectibilité, associée au corps spécifiquement), Métaphysique (Science explicative) (parce qu’il existe quelque chose au-delà de la réalité physique, une transcendance de la matière propre au règne de l’âme), Mythe (lorsque l’histoire devient morale et expose autant le vice que la vertu), Réminiscence (l’âme imparfaite ne peut que revenir pour parachever ses efforts de divinité ; ainsi va aussi le souvenir pour se rappeler à quel point nous sommes imparfaits), Semblable (qui se ressemble s’assemble), Contraire (qui s’oppose, se distance), Songe (pourquoi pas le pouvoir de la pensée dans sa réminiscence), Antinomie (qui est contraire, qui ne peut s’harmoniser, voilà plutôt ici le paradoxe des idées), Instruit (par la culture de l’esprit sur le monde matériel), Ignorant (qui ne connaît point, qui ne sait pas, qui n’envisage même pas que cela se peut), Sage (qui donne son nom à l’homme — ou à la femme — qui a pour compagnon la sagesse, qui possède les aptitudes supérieures, qui est digne de donner conseils et à qui nous nous devons d’obtenir conseils), Sagesse (représente en quelque sorte à la fois la compagne du sage et la finalité de l’existence, est un idéal de supériorité qui dépasse le force physique et la ruse), Méchant (qui s’oppose à la sagesse, à la morale et à la vertu, qui augure aussi l’être personnifiant le mal ou le mauvais, voire le vice), Mauvais (qui déplaît aux dieux, qui s’oppose à la voie de la supériorité et du perfectionnement, qui noircit les idées, la pensée et rend les actes difformes), Dieu (comme archétype de la supériorité divine), Dieux (comme supériorités et logos de l’agir humain dans différents domaines de développement), Collectivité (parce que la communauté et le peuple contiennent une multitude), Culte (parce que le pouvoir des dieux repose sur l’adoration de leurs fidèles, parce que la croyance ne vaut rien sans une pratique continue), Famille (comme unité élémentaire par laquelle se constitue ensuite un peuple, une collectivité, une communauté), Patrimoine (représente la valeur matérielle de la famille, transmise en héritage aux descendants), Fonction domestique (parce que le foyer, la maison, l’oikonomia, implique un ensemble de pratiques assurant son maintien, assurant la constitution d’un patrimoine), Théorie (ce qui rend une idée utile dans la pratique), Politique (comme art de la morale, comme régime de cohésion d’un peuple, d’une communauté, d’une collectivité), Souveraineté (ce qui rend un peuple, une communauté, une collectivité, une famille, libre, autonome, indépendant, supérieur), Oli (oligarchie = quelques-uns) (les quelques-uns détenteurs de pouvoirs dans un régime politique d’une morale biaisée par les intérêts du petit nombre), Démo (démocratie = plusieurs, le plus grand nombre) (lorsque la multitude dirige en pensant pouvoir satisfaire des besoins communs, alors que la foule ignore comment diriger), Obéissance (parce que l’homme doit obéir à quelqu’un, lorsqu’il ne possède pas la sagesse du dirigeant), Soumission (lorsque la supériorité surpasse le raisonnable et impose la nécessité ou la servitude), Harmonie (dans le sens de l’équilibre, de la symbiose utile à l’existence au sein de l’individu et pour lui au sein d’une communauté, d’une collectivité, d’un peuple, d’une Cité, d’un État), Cité (est le lieu physique où réside le peuple, la communauté, la collectivité, mais aussi synonyme d’État), État (est l’entité politique qui chapeaute la Cité, qui représente les institutions grâce auxquelles un peuple, une société, une collectivité trouvent leur cohésion), Cité idéale (l’utopie de la Cité la plus belle, la plus harmonieuse, la plus juste, la mieux administrée), État idéal (l’utopie de l’État le plus sage, le plus harmonieux, le plus juste, gouverné par les sages, les philosophes), État parfait (sans être synonyme de l’État idéal, il est celui susceptible d’exister dans une forme la plus près de l’idéalité souhaitée), État populaire (c’est l’État du peuple, c’est la démocratie), Populace (le peuple ignare, perverti ou peu soucieux de l’harmonie du corps et de l’âme), Cité juste (est la Cité presque idéale, du moins la Cité la plus sage, la plus ouverte à la vertu ou à l’usage du jugement rationnel dans les lois et la morale), Cité pervertie (Cité corrompue par le vice, l’or et l’argent, le mauvais, qui se détourne de la Cité juste et de la Cité idéale), Paradigme politique (instrument) et morale (parce que la politique est plurielle, parce que plusieurs idées peuvent la définir selon le régime d’État choisi, d’où également une morale distinctive, parce qu’il faut finalement suivre une ligne directrice), État sagement gouverné (constitue l’État juste gouvernant une Cité juste, la sagesse y étant roi et maître), Constitution (ce qui fonde l’État, ce qui rend légitime l’union dans une communauté, une collectivité, une Cité sous un apparat politique), Utopie (l’idéal ou l’archétype de l’impossible, dans la mesure où les conditions présentes ne lui permettent point d’envisager sa réalisation, elle dépasse la réalité, suppose un ordre politique original et avant tout idyllique), Vie publique (parce que vivre en collectivité ou en communauté, dans un État et une Cité, implique une responsabilité allant au-delà des échanges et des loisirs), Vie privée (parce que quiconque existe a droit à son intimité, à des occupations avec des proches privilégiés de sa présence, parce que la sphère privée sert de repos, de ressourcement, de développement personnel), Éloge (pour la reconnaissance, le mérite, le prestige, pour le rappel des vertus), Blâme (pour le rappel à l’ordre, le cas exemplaire, pour conditionner le rejet du mal et du vice), Réalisme (parce que le réel doit être compris, doit s’imposer dans la pratique), Irréalisme (suppose la fiction et le rôle de l’imagination qui toutefois détournent du réel et augurent la fausseté ou l’erreur), Réforme (parce que l’État et la Cité imparfaits méritent aussi des améliorations pour tendre vers la perfection, comme chaque individu est appelé à l’atteindre dans ses efforts effectués pour son propre développement), Individu (l’humain fait corps et esprit ou âme, homme et femme), Société (un peuple, une collectivité grandiose, un ensemble de communautés, sous l’égide de l’État, dans la Cité, dans une complexité culturelle), Foule (lorsque le peuple se rassemble pour s’affairer à une activité quelconque, pour échanger, pour riposter, pour revendiquer, pour festoyer, etc.), Philosophe (le sage amoureux de la sagesse), Philosophie (l’amour de la sagesse ou l’art d’accoucher des idées), Philosophe-Roi (homme excellent de nature divine, citoyen parfait) (l’homme supérieur, celui le plus apte de raison, de sagesse, de jugement pour gouverner), Honneur (à savoir la marque de la distinction, qui procure le mérite et crée la supériorité), Déshonneur (parce que toute thèse possède son antithèse, que la vertu se confronte au vice, que l’honneur dans le bienfait se distance du déshonneur dans le mal agir, dans la paresse, dans le manque de courage, dans les bassesses), Supérieur (parce que l’égalité naturelle n’existe pas, parce qu’il y a des individus aux talents, à la force et à la sagesse qui les élèvent comparativement à d’autres), Inférieur (ce qui est dit de l’honneur et du déshonneur, de la vertu et du vice, se répercute aussi sur le statut de supérieur et d’inférieur, cette dernière étiquette rappelant l’ignorance, la faiblesse, les bassesses du vaincu et de l’individu négligeant l’élévation de son âme), Vrai (est la vérité, l’unique et la seule), Faux (est la fausseté, le mensonge, l’erreur, dans sa multitude), Classes sociales (parce que l’honneur, la supériorité, la sagesse ne peuvent appartenir à tout le monde, certain-e-s sont habiletés à gouverner, d’autres pas, telle est la réalité de l’existence), Classe dirigeante (représente le groupe de personnes qui possèdent les qualités nécessaires pour gouverner, pour juger, pour offrir au peuple une destinée), Commandement (le gouvernement est une forme de commandement qui exige davantage de sagesse que celui d’une armée, dont l’utilité repose sur la défense de la Cité, voire de la population, de la société, de l’État), Législateur (celui qui transforme la morale et la sagesse afférente en loi), Magistrats (qui se destinent à faire respecter les lois), Affaires publiques (parce que les affaires de la Cité, de la collectivité, du peuple, de la société doivent être connues et traitées en public, sinon il s’agirait d’une arnaque, d’une dictature de la minorité ou d’un seul), Classe des gardiens (parce que la guerre reste omniprésente, il faut savoir défendre ses acquis), Classe des artisans et des hommes de négoce (parce que le corps a une grande appétit, parce que nous sommes encore des enfants à la découverte du monde ; il faut savoir produire, échanger, grandir, porter notre regard au-delà de nos anciennes limites, et s’organiser en tant que collectivité et société soucieuses de cohésion et de perpétuité), Classe supérieure (groupe d’individus dits supérieurs, dits bénéficiant de la supériorité, et donc possédant les qualités politiques nécessaires pour diriger, gouverner, pour être les meneurs de la Cité, de la collectivité, de l’État), Classe inférieure (groupe d’individus dits inférieurs, dits sujets à l’infériorité, à cause de qualités moindres, d’inaptitudes au statut supérieur, de vices et de bassesses, dans certains cas ; mais acceptant de suivre plutôt que de mener, même si cela ne fait pas nécessairement leur affaire), Hiérarchie (parce que les inégalités entre les personnes persistent, parce qu’il doit y avoir une classe supérieure — de dirigeant-e-s — et une classe inférieure — de dirigé-e-s —, parce qu’il a des hommes libres et des esclaves, parce qu’il a des travaux destinés à l’âme et d’autres aux nécessités du corps), Division du travail (parce que chaque personne est appelée à contribuer à la collectivité, à la Cité, à l’État selon ses capacités, parce que chacun et chacune doivent trouver leur place et qu’il est impossible que tout le monde puisse gouverner, même si tout le monde peut labourer et se faire guerrier), Spécialisation des tâches (car chacun et chacune doivent participer à la vie collective, selon leurs qualités, leurs forces, leurs talents à partager, parce qu’en devenant spécialiste, la qualité et la quantité s’obtiennent plus aisément), Droit de propriété (le droit de rendre une chose, un bien, un objet, un sol, un animal, un outil, un toit, à une personne sien, dans le sens plus globalement d’appartenance à la collectivité), Régime de communauté de biens (parce que même dans la communauté la propriété existe, mais suppose ici un droit de partage égal entre les membres admis), de femmes et des enfants (parce que si toutes choses sont communes et appartiennent à la collectivité, toutes et tous, peu importe l’âge, fait aussi partie du commun et ne peuvent être soutirés pour des bénéfices privés ; car la collectivité se comprendre comme l’antithèse du privé), Raison (source d’équilibre, de sagesse, de grandeur, d’élévation de l’âme), Passion (appétit, désir, qui se rapporte aux pulsions attribuées au corps, à la matière, à l’engin altérable), Courage (capacité de faire face à l’adversité, à faire ce qui est juste de faire, accorde de l’honneur), Lâcheté (être pusillanime au point de ressentir la honte et le déshonneur), Appétit sensuel (priorité accordée à une certaine pulsion du corps via des pensées animées par le bas ventre), Sens (car pour saisir le monde, il faut le sentir : il faut voir, il faut entendre, il faut toucher, il faut goûter, il faut humer), Sensible (en lien avec la sensibilité qui nous caractérise, à la fois des sens et du coeur), Monde sensible (Images, Ombres) (perception de la réalité transmise à la pensée à des fins interprétatives et représentatives), Illusion (une apparence de la réalité ou une imagination pure et simple sans support réel), Imitation (copie de la réalité, substitution à l’identique ou presque, dans un désir d’obtenir la même image ou la même sensation obtenue ou en désirant vivre une réplique de ce qu’autrui a éprouvé envers un objet désiré et désirable), Monde intelligible (Idées, Formes, Réel, Perfection, Science) (parce que la réalité évolue dans un monde saisissable, autant en idées qu’en sensations, et possible de répéter dans un but d’apprentissage et de connaissance), Monde réel (est ce qui existe autour de nous et en nous), Soleil (astre de la lumière, de la vie, des êtres diurnes, du corps), Lune (astre de la nuit, de la mort, des êtres nocturnes, de l’âme), Lumière (source de vie, rayon de Soleil, associée à la vertu), Ombre (lien avec le monde des esprits perdus, noirceur profonde, associée au vice ou à l’ignorance), Fou (qui se perd dans l’illusion de l’irréalisme), Vie (du corps et de l’âme, dans la lumière, hors de la caverne), Mort (du corps pour laisser l’âme suivre sa route et son jugement, périple d’émancipation ou de damnation), Salut éternel (l’atteinte du paradis, de la perfection), Cause efficiente (qui cause un effet, qui est responsable de ce qui s’est produit ; autrement dit la causalité), Cause finale (le but de la fin, la finalité), Inanité (vide, fantôme) (qui est donc sans contenu, qui vaut peu), Sophiste (qui prêche des logiques fallacieuses), Méthode (les moyens organisés de manière à atteindre une fin), Perception (qui est saisi par les sens), Représentation (qui est interprété par l’esprit, la pensée), Forme (par la forme nous appréhendons les objets autour de nous ainsi que nous-même, assurant ainsi notre apprentissage de l’existence terrestre en développant nos connaissances de la forme), Forme pure (contour, courbe ou autre sinuosité permise par la nature, par l’ingéniosité des dieux, sans que l’homme n’y soit intervenu), Absolue pureté (la transcendance, la supériorité, la pureté de la pureté, dans un idéal extrême, impossible de reproduire sans des mains divines ; d’une essence, d’une substance parfaites), Archétype (L’idée des idées, l’idée modèle, l’a priori des a priori), Apparence (qui ressemble à, qui revêt les apparats d’une chose, à savoir une métonymie saisissable par les sens), Réalité (ce qui est vrai, ce qui se transmet à nos sens sans obstruction ni dérivation imaginative), Essence (qui fait d’une chose ce qu’elle est, l’être en soi), Suprême essence (essence divine, l’origine, la causalité première), Suprême excellence (d’une perfection parfaite, en toute tautologie), Idée (le modèle, l’archétype, la base de la pensée qui oriente le mouvement, l’action), Idée du Bien (la vertu), Beauté (la vertu de l’esthétisme, le « bon » de la forme et de ses attributs, le « bien » à la vue), Formation (comme une création par la forme, autant dans la connaissance que dans la génération d’une idée ou de la matérialisation d’un objet en respect de sa nature), Gouvernement (aristocratie, timarchie, oligarchie, démocratie, tyrannie) (la tête de l’État, de la Cité), Liberté (est l’état naturel de tout humain, modifié ensuite pour tenir compte des conditions d’existence au sein d’un regroupement de semblables), Licence (qui donne le droit à la liberté dans la Cité, la collectivité, l’État, mais peut-être aussi considérée dans une liberté excessive qui détourne de la moralité, rend sauvage, rend ingrat, rend presque impossible l’élévation de l’âme), Servitude (qui doit servir), Science (telle la recherche de la vérité, de la connaissance), Savoir (l’objet de la connaissance pour la connaissance), Opinion (monde visible) (expression d’une pensée sans se donner la peine de la soupeser), Ignorance (qui ne sait pas, qui ne peut même pas envisager qu’une telle chose existe), Bonheur (le summum bonum, état de plénitude), Désir (pulsion de possession, la convoitise), Désir profitable (pulsion d’élévation individuelle et de groupe), Désir superflu (appétit du superficiel, de luxe, de luxure, de biens et qualités n’apportant rien de valable à la quête de perfectibilité, qui nuit même à l’élévation de l’âme), Volonté adverse (détermination opposée à la nôtre, dans le but de nous renverser), Économie (la subsistance pour le foyer), Richesse (qui est vertu de l’âme dans la réussite de son élévation, mais perte à la fois de l’âme et du corps si synonyme d’accumulation de biens et d’argent), Épargne (simplement au cas où), Parcimonie (épargne dans l’excès, dans toutes les plus petites choses, qui exprime une crainte de manquer ; parce qu’au fond la nature est peut-être avare de lois), Pauvreté (la faiblesse d’âme, le corps dépourvu de vêtements, de toit, de moyens), Amour (la phila, dans sa puissance ultra), Ami (qui est un bon compagnon), Haine (la rage au coeur, l’obnubilation destructrice de l’amitié), Ennemi (qui est un adversaire à éliminer, qui est l’opposé de l’ami), Bien (la vertu de la morale), Mal (le vice de la morale), Beau (la vertu de la beauté), Laid (le vice de la beauté), Plaisir (qui procure du bonheur pour le corps, qui est agréable), Déplaisir (qui rompt le bonheur, qui se révèle désagréable), Joie (sentiment de bien-être), Douleur (sentiment de souffrance), Vérité (qui est unique et tenu pour vrai), Mensonge (qui est tenu pour faux), Tempérance (savoir doser ses pulsions), Pensée (la conscience de l’idée), Connaissance (la vérité obtenue par l’expérience et l’apprentissage de l’existence), Connaissance discursive (connaissance moyenne) (acquérir par raisonnement), Connaissance noétique (connaissance de la pure intelligence) (acquérir par entendement), Connaissance véritable (qui appartient à la réalité), Connaissance illusoire (qui est simulacre, qui s’éloigne de la réalité pour sombrer dans la fiction et la fausseté), Voir (l’art de percevoir, de comprendre et d’anticiper les circonstances), Mathématiques (langage de la réalité par les chiffres et les formules), Géométrie (langage de l’espace), Arithmétique (langage des chiffres), Stéréométrie (langage des objets), Nomothète (le réviseur des lois), Astronomie (la connaissance de l’univers, des lois et des mouvements des astres), Solide (contraire du fluide, du liquide, des gaz, qu’on ne peut traverser), Solide en mouvement (parce qu’un objet visible, « intraversable », peut subir l’effet d’une force ou d’un choc avec un autre objet, peu importe sa nature, l’obligeant à quitter l’inertie), Idées pures (idées primaires, nettes, précises, sans complexité, dans toute simplicité, parce que complètes en elles-mêmes), idées mixtes (par combinaisons, par structures d’idées primaires et secondaires, créant de ce fait un phénomène unique), Hypothèse (idée d’une thèse possible, d’une raison destinée à résoudre un problème, sans être toutefois certaine), Hypothétique (qui repose sur une idée de thèse, de vérité, suppose le possible), Anhypothétique (quand la possibilité de thèse se déconstruit avant même d’être testée), Déduction (parce que le tout descend vers le particulier, parce que comprendre l’idée rend intelligible la pensée singulière et l’acte singulier), Principes (les sources de la conduite jugée bonne), Dialectique (vraie science, science suprême) (l’art de découvrir par opposition, puisque la non-existence prouve l’existence, autant que l’existence démontre la non-existence, parce que la vérité implique la synthèse), Antithèse (qui signifie l’opposée de la thèse, qui est la connaissance d’une chose par ce qu’elle n’est pas), Vrai nombre (parce que tout nombre possède sa vérité), Vraie figure (par que chaque forme est vraie), Vrai mouvement (parce que le mouvement suit la logique d’une vérité inéluctable), Être (est l’individu dans sa totalité, corps et âme, avec sa conscience, sa raison et ses sens), Objet (qui évolue dans l’espace et le temps, qui appartient au phénomène), Fini (limité, mortel, borné, déterminé, défini), Infini (illimité, immortel, sans bornes, indéterminé, indéfini), Perfection (l’ultime état), Universel (le Tout, l’unité, la généralité, l’absolu dans la totalité), Suprême (Extrême, inaccessible, absolu), Immuable (ne pouvant être changé, parce que absolu), Éternel (perpétuel, immortel, pérenne), Déchéance (Corruption) (qui constitue l’antithèse de la supériorité, du processus de perfectibilité, qui conduit vers le vice et le mal), Parfait (qui a atteint la perfection ou y est proche, qui est achevé), Imparfait (qui est contraire à la perfection, qui est bourré de lacunes, qui reste rudimentaire), Âme (la partie rationnelle de l’être, sujet à l’élévation, qui profite d’une expérience terrestre), Corps (la partie passionnelle et sensorielle de l’être, animée d’appétits, mortels, aux penchants terrestres et aidant l’âme à vivre son expérience), Éducation (parce que l’arrivée sur Terre exige d’être guidé), Cursus studiorum (l’Académie), Dix ans (première phase de la vie, fin de l’enfance, début d’un apprentissage de la Cité), Vingt ans (fin de l’adolescence, l’âge adulte faisant entrer l’individu dans les rouages de la Cité), Trente ans (entrée vive dans l’arène de la politique, du vivre ensemble public), Cinquante ans (début de la sagesse), Esprit (associé à l’âme, mais aussi à la pensée, à l’intelligence sinon l’intellect, voire encore à l’incorporel ou l’imaginaire par les revenants ou les fantômes), Monde de l’esprit (qui n’est pas le monde de la matière ou du corps, qui suppose la métaphysique), Monde réel (le monde saisissable par les facultés du corps et de l’âme ou encore de l’intelligence ou de l’esprit), Monde des sens (environnement saisissable par les facultés du corps), Exercice (parce que tout apprentissage s’acquiert par la pratique et un effort constant, parce que nous devons façonner ce que nous sommes à chaque moment de notre existence pour réaliser qui nous sommes réellement et tendre vers une maturité), Maturité (parce que vient un temps où les pulsions excessives et le cumul des erreurs et des succès nous apprennent à tempérer, à modérer notre course folle, et de comprendre l’importance de l’équilibre pour être heureux), Paix (parce qu’on ne peut pas toujours être agité dans la guerre, il faut savoir aussi se reposer et prendre du recul pour penser), Guerre (transposition extérieure et sur autrui de la contradiction intérieure de l’être humain, à la fois raisonné et passionnel, parce qu’aux amis se joignent des ennemis, parce que l’antagonisme est capable de se manifester à n’importe quel moment et même dans cet extrême), Sédition (parce que le pouvoir séduit et demande toujours à changer de main), Ordre (parce que vivre en commun exige des règles, des lois, une morale, afin d’offrir un milieu d’accord, de cohésion, profitable à ce choix d’être ensemble), Désordre (parce que la manière d’organiser l’ordre ne plaît pas à tout le monde, n’est pas chose unanime), Autorité légitime (les parties forment un tout lorsqu’il y a un organe supérieur de sens qui lui procure une direction convenable, d’où l’importance d’une autorité, et encore plus lorsque celle-ci est approuvée et légitimée par ce tout), Révolte (parce que l’autorité a été usurpée ou a perdu sa légitimité en raison de ses abus contre le tout), Révolution (lorsque la révolte se généralise et devient l’ultime moyen de se libérer), Lutte politique (parce que la vie en commun est politique et que l’unanimité est presque impossible, il faut alors des luttes pour trouver le meilleur terrain d’entente), Agitation populaire (parce qu’un peuple, une communauté, une société, possède ses propres appétits, envies, besoins et désirs, voire une convoitise facilement excitable), Convoitise (qui influe sur le désir de posséder ou d’être l’objet de ce désir, à cause de la comparaison), Réussite (lorsqu’on réalise de la bonne manière une tâche, une épreuve, un travail, une pensée, une action), Échec (comme antithèse de la réussite, suppose une déviance, une visée contraire à la bonne manière de penser et de faire), Meilleur (l’optimum de l’ensemble des moyens pour atteindre une fin, et ce, avec succès, avec réussite), Santé (bonheur dans un équilibre du corps et de l’âme), Maladie (tel un déséquilibre du duo corps-âme, soit par abus, soit par manque de volonté, soit par vice, soit par des pensées déraisonnables), Imagination (comme images réelles mises en action par la pensée, mais dans une interprétation différente, voire déformée de la réalité), Poète (qui est l’artiste des émotions mises en histoire, qui prêche le lyrisme), Légende (simulacre et amplification d’une ancienne réalité), Artiste (qui a choisi l’émotion, l’idéel de l’imagination et de la fiction, plus que la raison), Musique (langage virtuose et distinct de l’écriture, de l’art oratoire et de l’arithmétique, mais qui est utile dans la transmission de messages et de connaissances), Harmonie (ici dans le sens d’une vibration et d’un son musicaux, d’une suite ou d’un enchaînement mélodieux), Vie terrestre (suppose l’existence au sein de la matière, à savoir celle du corps voué à appréhender un monde lui ressemblant à des fins d’apprentissage), Loi du devenir (parce que vivre implique des épreuves destinées à une transformation de l’être), Sphère céleste (la sphère qui encercle le monde visible et celui de la matière, là où règne les âmes incorporelles, les esprits, les logos, les dieux, soit dans les cieux qui représentent un monde transcendant le nôtre), Ici-bas (sur terre), Au-delà (dans les cieux), Tombeau (lieu de repos du corps ayant été le véhicule de l’âme pendant son séjour dans l’ici-bas), Vie future (parce que toute vie a un but, un futur, une direction nécessaire, parce que la vie présente doit devenir passé et subir une évaluation ; de là réside la perfectibilité).

Guylain Bernier

Yvan Perrier

27 août 2020

yvan_perrier@hotmail.com

Yvan Perrier

Yvan Perrier est professeur de science politique depuis 1979. Il détient une maîtrise en science politique de l’Université Laval (Québec), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département des Sciences sociales du Cégep du Vieux Montréal (depuis 1990). Il a été chargé de cours en Relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (de 2008 à 2016). Il a également été chercheur-associé au Centre de recherche en droit public à l’Université de Montréal.
Il est l’auteur de textes portant sur les sujets suivants : la question des jeunes ; la méthodologie du travail intellectuel et les méthodes de recherche en sciences sociales ; les Codes d’éthique dans les établissements de santé et de services sociaux ; la laïcité et la constitution canadienne ; les rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec ; l’État ; l’effectivité du droit et l’État de droit ; la constitutionnalisation de la liberté d’association ; l’historiographie ; la société moderne et finalement les arts (les arts visuels, le cinéma et la littérature).
Vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante : yvan_perrier@hotmail.com

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