Les participants en sont venus à la conclusion que des actions devraient être faites dans plusieurs domaines inter-reliés : a) mieux conscientiser la population sur les problèmes environnementaux et les solutions, b) soutenir une agriculture plus locale, c) protéger et encadrer notre économie locale, d) agir pour diminuer nos comportements polluants et e) mettre en place des mesures de transition. Ces différents éléments seront maintenant abordés en détail dans ce texte.
CONSCIENTISATION ET INFORMATION
Dès le départ, nous considérons que les citoyens et les citoyennes sont insuffisamment informés pour bien comprendre les enjeux liés à la protection de l’environnement, en plus d’être mal outillés pour vouloir et pouvoir participer activement aux efforts qui doivent être faits pour régler les problèmes. Nous proposons de combler ces lacunes de différentes façons.
Premièrement, il faut trouver des moyens pour inciter les citoyens à agir d’une façon plus respectueuse envers l’environnement. Nous pourrions commencer par créer une radio d’État, contrôlée et financée par le gouvernement du Québec, qui aurait notamment comme mandat de mieux informer les citoyens sur les problèmes environnementaux et sur les conséquences de nos comportements dans notre société (ce ne serait qu’un de ses mandats, la création d’une telle radio d’État ayant un potentiel bien plus large).
Deuxièmement, nous devrions faire un meilleur usage de nos institutions d’éducation pour outiller la population, en commençant par les jeunes. Il devrait y avoir plus de cours sur l’écologie et la protection de l’environnement, dès le primaire, mais aussi à tous les autres niveaux (secondaire, collégial, etc.), tant dans le domaine général que technique et professionnel. Il faudrait aussi que le gouvernement conscientise et oblige les écoles à être elles-mêmes plus respectueuses de l’environnement. Par exemple : tous ces établissements québécois devraient se doter de l’accréditation EVB (établissement vert Brundtland).
Troisièmement, nous devons trouver des moyens pour réunir les gens et les faire participer à des activités visant à mieux les conscientiser. Nous pourrions par exemple organiser des activités à saveur théâtrale, visant à les mettre dans des situations où ils doivent trouver des solutions à différents problèmes environnementaux ou aux conséquences des changements climatiques sur leur milieu. De telles activités pourraient être organisées dans une école, par une municipalité, etc. Aussi, nous pourrions soutenir et favoriser l’organisation de conférences sur l’environnement, dans toutes les régions du Québec, accessibles gratuitement aux citoyens et citoyennes.
Quatrièmement, il pourrait être très utile de créer une campagne de sensibilisation aux conséquences qu’auront les changements climatiques sur nous et les autres peuples terrestres. Pour cela, nous pourrions commencer par lancer une série de publicités dramatiques sur les conséquences des changements climatiques tant dans nos régions urbaines, que dans les régions éloignées du Québec, ainsi que dans d’autres parties du monde. Ces campagnes viseraient autant à nous faire prendre conscience de notre responsabilité face aux changements climatiques, qu’à nous préparer à l’augmentation probable des réfugiés environnementaux que nous devrons probablement accueillir au Québec et ailleurs au Canada. De plus, il serait opportun d’informer et de conscientiser à grande échelle la population sur les stocks mondiaux de pétrole, ainsi que pour d’autres ressources importantes, et sur les impacts potentiels d’une baisse de ces stocks. Cela pourrait se faire, par exemple, en décrétant une semaine obligatoirement sans voiture dans les principales villes du Québec.
Dans tous les cas, nous devons parvenir à expliquer aux citoyens et citoyennes que la protection et le respect de l’environnement est autant une responsabilité individuelle que collective, puis qu’ils peuvent réclamer et exiger l’aide du gouvernement pour favoriser l’adaptation de la société.
SOUTENIR UNE AGRICULTURE PLUS LOCALE
Nous considérons qu’il devient de plus en plus urgent de favoriser le développement d’une agriculture plus locale, tant pour des raisons environnementales que pour assurer notre souveraineté alimentaire et économique.
Une agriculture locale serait bénéfique notamment pour mieux nous adapter à la hausse très probable du coût de l’essence et des transport. Il faudrait notamment mieux contrôler l’étalement urbain, favoriser la création de jardins communautaires dans les villes et les banlieues, mieux protéger nos terres agricoles et adopter des critères de dézonage de ces terres beaucoup plus sévères, tout en augmentant les conséquences punitives pour ceux et celles qui ne respecteraient pas ces zonages, etc.
Nous pensons aussi que nous pourrions recommencer à permettre l’élevage de certains animaux dans les villes, comme par exemple les poules pondeuses. Des permis pourraient être octroyés à ceux et celles qui répondent à certains critères assurant la sécurité et de bonnes conditions d’élevage à ces animaux.
PROTÉGER ET ENCADRER NOTRE ÉCONOMIE LOCALE
Il devient de plus en plus évident que le transport des marchandises est la source de production de gaz à effet de serre sur laquelle nous pourrions le mieux agir pour protéger l’environnement. En protégeant davantage notre économie québécoise et en favorisant un développement plus local de cette économie, pour pourrions réduire considérablement notre impact sur l’environnement.
Pour y parvenir, il faudrait remettre des tarifs douaniers aux frontières, notamment sur les produits agricoles (ces tarifs étant peu à peu retirés par le gouvernement fédéral de Stephen Harper, ce qui met en danger notre production agricole au Québec, car elle se voit concurrencée directement par l’industrie agricole étasunienne). Le but est autant de protéger notre agriculture (notre économie), de polluer moins (notamment pour le transport), que d’assurer notre sécurité et répondre à des exigences éthiques (notamment pour les règles de qualité, de production, etc.). De plus, il faudrait renégocier l’ALÉNA pour avoir un meilleur contrôle sur notre agriculture et les produits agricoles qui sont vendus au Québec. À la limite, si nous ne parvenons pas à adapter ce traité pour qu’il corresponde à nos besoins et aux nécessités actuelles de l’évolution de l’économie mondiale, nous devrions peut-être nous en retirer.
Et finalement, nous devrions mieux protéger nos ressources naturelles, notamment les terres agricoles, mais aussi mieux contrôler nos ressources naturelles, comme les ressources minières, entre autres pour nous assurer que leur exploitation se fasse dans un meilleur respect de l’environnement, mais aussi pour qu’elle profite réellement à la société québécoise. La nationalisation ou la socialisation de certaines ressources pourraient nous permettre d’assurer un développement plus harmonieux de leur exploitation avec les différentes communautés locales du Québec.
AGIR CONTRE LES COMPORTEMENTS POLLUANTS
Pour réellement parvenir à adapter notre civilisation aux limites des écosystèmes et de l’environnement, nous devons collectivement demander aux individus et aux entreprises de faire les efforts nécessaires.
Nous entendons trop souvent dire que l’adaptation aux changements climatiques et la modification de nos comportement nécessiteraient soit une approche individuelle, soit une approche collective, alors que nous considérons plutôt que ces deux approches doivent être adoptées, en parallèle, pour réellement parvenir à des résultats satisfaisants. Les individus doivent faire des efforts, mais la société a aussi la responsabilité de soutenir ces efforts individuels et de punir ceux qui n’en font pas. La société a aussi la responsabilité d’encadrer l’ensemble des activités industrielles, pour s’assurer que ces entreprises s’adaptent comme nous le voulons et punir celles qui refusent de s’adapter aux exigences du nouveau contexte dans lequel nous nous sommes forcés de vivre.
Pour mieux réglementer nos comportements qui ont des impacts sur l’environnement, nous pourrions par exemple appliquer des normes plus sévères aux entreprises étrangères qui veulent s’installer au Québec (ce qui aurait aussi un effet sur le transport des marchandises). Nous devrions aussi taxer les entreprises qui produisent des gaz à effet de serre, pour qu’elles aient un avantage économique à améliorer leurs technologies. Il pourrait même être souhaitable de mettre en place des mesures qui vont fortement nuire aux entreprises étrangères et avantager considérablement les entreprises québécoises : ce faisant, presque tout ce que nous achèterions proviendrait d’une entreprise locale, sauf dans le cas de produits qu’il nous est impossible de fabriquer au Québec. Pour parvenir à appliquer ces nouvelles règles, il semble nécessaire de renforcir les pouvoirs du Ministère de l’environnement, notamment lui permettre de contraindre plus efficacement les entreprises et les citoyens.
Pour diminuer la création des déchets que nous envoyons dans les dépotoirs et ralentir son augmentation, nous pourrions taxer la quantité de poubelles que les citoyens mettent au chemin et inciter les gens au recyclage et au compostage. Le fait de payer pour la quantité de déchets qu’on produit risque de faire en sorte que les citoyens prendront davantage conscience de leurs habitudes de consommations et des conséquences. De plus, il semble tout aussi important d’obliger les citoyens, incluant ceux qui vivent dans des blocs à appartements, à faire du recyclage, ce qui n’est pas le cas dans plusieurs municipalités du Québec. Il serait aussi intéressant de faire en sorte que les camions de recyclage et de compost passent plus rapidement dans les communautés (ex : 2 fois par semaine) et les camions de déchets moins souvent (ex : 1 fois aux 2 semaines) : un tel changement obligerait les citoyens et les citoyennes à mieux planifier la gestion de leurs déchets.
Aussi, la crise économique des récentes années a montré la vulnérabilité des entreprises de recyclage. Ce faisant, nous devrions subventionner davantage, voire nationaliser les compagnies de recyclage pour s’assurer qu’elles soient moins vulnérables aux aléas du marché. De plus, il faudrait obliger les compagnies de recyclage à améliorer leurs technologies pour pouvoir recycler une plus grande quantité de produits, puis il faudrait aussi favoriser l’utilisation de produits recyclés pour faire de nouveaux produits.
Néanmoins, pour réellement parvenir à diminuer la quantité de déchets que nous devons éliminer ou entreposer, nous devons surtout tenter de diminuer la consommation de produits polluants et la production de déchets en amont, avant que les produits ne soient vendus sur le marché. Nous pourrions notamment taxer les compagnies qui font du suremballage, qui utilisent des produits non-biodégradables, qui utilisent des produits polluants lors de la fabrication et de l’emballage des produits, etc.
Dans le cas de certains produits, comme le styromousse, son utilisation devrait être fortement taxée, voire carrément interdite. Et finalement, il faudrait subventionner le développement des énergies renouvelables (le vent, la géothermie, les marées, le soleil, etc.), puis taxer l’essence et les produits pétroliers.
METTRE EN PLACE DES MESURES DE TRANSITION
Nous considérons comme étant primordial de mettre en place des mesures de transition qui aideront notre société à mieux s’adapter à ce nouveau contexte, dans lequel nous devons protéger la survie des écosystèmes et devenir de plus en plus indépendants des énergies fossiles. Ces mesures pourraient premièrement s’intéresser à la mobilité des individus : améliorer la qualité et l’accessibilité du transport en commun, créer des droits de péage à l’entrée des villes ou dans les villes (taxes sur l’essence, taxes anti-congestion, etc.), favoriser les BIXI (vélos publics), etc. Pour y parvenir, nous devrons aussi inciter nos villes pour qu’elles favorisent le transport piétonnier, le transport cyclable, etc. Nous pourrions même évaluer la possibilité de construire un métro dans la ville de Québec.
Pour réaliser ces changements, l’État pourrait commencer par informer les villes sur les avantages reliés à l’adoption de nouvelles mesures d’urbanisme. Ensuite, l’État pourrait donner des subventions aux villes pour les aider à modifier leur règles d’urbanisme. Par la suite, le gouvernement pourrait créer des lois encadrant les villes et les obligeant à s’adapter aux nouvelles normes d’urbanisme.
Pour diminuer dès maintenant la consommation d’énergie fossile (ce qui nous maintient dans une dépendance face à une source d’énergie que nous ne possédons pas et qui deviendra de plus en plus onéreuse), nous pourrions commencer à taxer à l’achat les véhicules polluants, mais aussi les entreprises qui les fabriquent. Puis, en parallèle, nous pourrions subventionner l’achat de véhicules peu polluants. Il importe aussi de garder à l’esprit que si nous taxons les gros véhicules polluants sans proposer de compensations ou de solutions alternatives plus respectueuses de l’environnement, ces mesures risquent de ne pas être acceptées socialement. Il faut toujours garder à l’esprit que les mesures punitives doivent être appliquées parallèlement à des mesures incitatives et informatives.
De plus, à l’avenir, l’État devra aider et encourager davantage les initiatives citoyennes qui sont en faveur de l’environnement. Par exemple, lorsque des citoyens et des citoyennes le désirent, l’État pourrait favoriser la culture agricole locale en autorisant et en subventionnant la construction de toits verts ou de serres hydroponiques.
Et finalement, nous pensons qu’il serait important que les membres de Québec solidaire soient mieux initiés aux valeurs, aux analyses et aux propositions de certains groupes de citoyens, comme, par exemple, Ville en transition.
CONCLUSION
En conclusion, des débats publics devraient être lancés sur des idées qui sont présentement taboues dans notre société. Par exemple, devrions-nous favoriser l’immigration et l’adoption d’enfants étrangers, dans le but de limiter nos problèmes démographiques, tout en favorisant une meilleure répartition des gens sur la planète ?
Ou encore, devrait-on faire en sorte que les gens aient la possibilité de moins travailler, sans pour autant souffrir d’une baisse de leur pouvoir d’achat ? Si les gens travaillaient moins, puis développaient davantage leurs liens entre citoyens en mettant l’accent sur les activités sociales, ces personnes seraient probablement moins portées à (sur)consommer et pourraient être plus heureuses.
Et finalement, si nous voulons réellement parvenir à transformer la société, il semble bien qu’il faudra inciter les individus à se transformer eux-mêmes.