. Puis, ils lancent l’assaut contre la réunion propalestinienne. Christophe Oberlin, spécialiste de microchirurgie, professeur et praticien à Gaza, auteur de nombreux livres sur la tragédie palestinienne, témoigne : « Des personnes ont frappé avec des bâtons de fer contre la vitrine sans parvenir à entrer ». Une salle comble de cent-vingt places, avec des personnes âgées et des enfants. Une vitre est brisée. Une participante rapporte : « Nous avons été pris dans une souricière. Nous avons barricadé la porte ». La police débarque après coup, une fois les nazillons disparus ; Elle s’en prend au public. Plusieurs personnes sont plaquées au sol, interpelées avant d’être relâchées. Le maire écologiste de Lyon écrit sur Twitter : « La Maison des passages est une nouvelle fois la cible d’un groupe d’extrême droite. Ces attaques organisées par des groupuscules ultraviolents sont inacceptables ». La société française traverse des heures sombres.
Paris. Dimanche, 12 novembre 2023. La société française glisse encore plus dans la dérive. Les références s’inversent. La sémantique se renverse. Des propagandistes du nazisme, des nostalgiques du pétainisme défilent aux côtés des notables, deux anciens présidents de la République à la rescousse. La quasi-totalité des partis français adhère au sionisme sous bannière antisémite. La marche contre l’antisémitisme draine toutes les ambiguïtés, toutes les contradictions, toutes les confusions. Le journal Libération rapporte : « Passant à vélo sur le boulevard Saint-Germain à côté du cortège, un jeune crie à l’adresse du Rassemblement National : « Dégagez bande de fascistes ». Des membres de la Ligue de défense juive se jettent sur lui et le lynchent. Un autre jeune criant « Free Palestine » est tabassé. La marche pseudo-républicaine permet à une organisation suprémaciste, ouvertement raciste, d’écharper des antiracistes. Pour rappel, La Ligue de défense juive est la branche française du mouvement sioniste de Jewish Defense League, créé à New York en 2000, classé depuis 2001 comme organisation terroriste après l’attaque projetée d’une mosquée. L’extrême-droite s’accueille à bras ouverts. La gauche molle s’insulte. Des militants du collectif Golem tentent de barrer la route aux lepénistes. Ils sont repoussés et nassés dans une rue parallèle. La police confisque les pancartes antifascistes. L’antisémitisme tue. Les tueurs le brandissent comme une disculpation. Les palestiniens, des sémites, se désignent comme cibles à abattre. La marche contre l’antisémitisme s’avère une célébration de l’alliance de la droite et de l’extrême-droite contre les arabes. Tout rappelle les années ténébreuses d’avant-guerre. Une pancarte ironise : « Nos extrêmes ont du talent ».
Mustapha Saha
Sociologue, écrivain, artiste peintre
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