Diffusé sur Democracy Now, le 3 juillet 2017
Traduction : Alexandra Cyr
Présentation
Bernie Sanders : Je veux remercier tant et tant d’entre vous qui avez travaillé durant notre campagne présidentielle. Vous avez compris quelque chose que ni l’establishment, ni les commentateurs et ni les médias dominants n’ont compris : le peuple américain en a par-dessus la tête des élites politiques et économiques. Comme RoseAnn (dir. de National Nurses United) vient tout juste de le dire, les gens se demandent, partout dans le pays, quand leur vie s’améliorera. C’est certain que ça ne n’arrivera pas grâce aux élites économiques et politiques. En ces temps d’inégalité de revenu et de richesse profonde et grossière, où la nation se dirige vers l’oligarchie, où une poignée de multimillionnaires contrôlent notre économie, notre vie politique et la plupart des médias, vous avez compris que le peuple américain veut un gouvernement qui nous représente tous et toutes, non seulement le 1 %. C’est ce pourquoi nous nous battons. Je vous remercie profondément pour ce que vous avez fait, ce que vous faites et ce que vous ferez encore.
Au fait, nous revenons, Jane (O’Meara-Sanders, épouse de B. Sanders) et moi du Royaume-Uni. Je veux vous dire ce que vous savez déjà : le mouvement pour la justice économique, sociale, raciale et environnementale ne progresse pas qu’aux États-Unis ; il progresse dans le monde entier. Partout on se demande comment il se fait que, mondialement, le 1 % possède plus de richesse que les 99 % réunis-es. Comment se fait-il que les 8 personnes les plus riches possèdent à elles seules plus que ce que possède la moitié la plus défavorisée de la planète, soit 3 milliards 400 milles personnes ? Ces jours derniers, au Royaume-Uni, contre toute prédiction, le Parti travailliste a gagné 30 nouveaux sièges. Il a gagné, non pas en devenant plus conciliant ou en penchant vers la droite, il a gagné ces sièges en se tenant debout devant la classe dominante du pays. Chacun-e d’entre nous aujourd’hui, félicitons Jeremy Corbin (chef du Parti travailliste) et son équipe pour le travail accompli.
Ce soir, je veux vous transmettre de bonnes nouvelles comme je les vois. Je veux être honnête avec vous et vous communiquer les mauvaises également. Je vais terminer avec les très bonnes.
Les bonnes nouvelles. Ensemble, par les efforts de millions d’Américains-es de la base, d’un océan à l’autre, nous tenant debout devant la totalité de l’establishment politique, nous avons été capables de gagner dans 22 États au cours de la primaire, de récolter 13 millions de votes, soit environ 46 % du vote populaire.
Ensemble, dans pour ainsi dire tous les États et je crois dans chacun des États, nous avons remporté le vote des moins de 40 ans, des jeunes noirs-es, blancs et blanches, latinos-as, de ceux et celles d’origine asiatique et des Amérindiens-nes. Nous avons remporté ces suffrages en nombre écrasant. Je peux dire que nous avons eu 2 fois plus de votes chez les jeunes que Mme Clinton et D. Trump ensemble.
Ce qui veut dire, et s’il vous plaît ne l’oubliez pas, que nos idées et notre vision progressiste sont l’avenir de ce pays.
(Ici, la foule scande : BERNIE ! BERNIE !)
B. Sanders : Ce n’est pas moi, Bernie, c’est vous ! Nous sommes ensemble dans ce projet, nous l’avons toujours été et nous le serons toujours. Ensemble, durant la campagne, nous avons organisé les plus grands rassemblements, nous avons interpelé plus de 1,400,000 personnes. L’effet d’entrainement a été très important et quand j’observe cette salle ce soir, je vois que nous avons l’énergie pour transformer les États-Unis.
Voici ce que nous devons encore accomplir. La campagne électorale terminée, nous avons contribué à écrire la plate-forme la plus progressiste de tous les partis politiques de l’histoire américaine. Ensemble, nous avons transformé le financement des campagnes électorales de ce pays, montré au monde qu’il n’est pas nécessaire d’avoir l’argent de Wall Street et des entreprises pour mener efficacement une campagne. Quand on se tient debout pour défendre quelque chose, le peuple répond. Nous avons ramassé 2 millions et demi de dollars venant de contributions individuelles pour une moyenne,
La foule : de 27 $ !
B.S. : C’est vrai : 27 tomates ! Mais le plus important, c’est qu’il se peut que nous ayons perdu l’élection en 2016, mais il n’y a aucun doute, aucun doute, aucun doute que nous avons gagné la bataille des idées. Nous allons continuer à nous battre pour gagner et ce n’est pas une mince affaire mes frères et sœurs.
C’est grâce aux efforts de militants-es de la base comme vous, partout dans le pays, que nous avons fait d’immenses progrès dans la percée de notre programme progressiste. (…) Il arrive qu’on se dise en scrutant le quotidien : « Ma foi c’est un peu du pareil au même », mais ce n’est pas vrai. Les idées qui paraissaient radicales, intenables il y a seulement quelques années, reçoivent maintenant un large appui et même que certaines sont appliquées actuellement. Je veux que vous preniez conscience de ce que nous avons accompli ensemble et en évaluiez le prix, mais ne tenez rien pour acquis.
Il y a 5 ans seulement, ce n’est pas si ancien, le salaire minimum fédéral était de 7,25 $ de l’heure et c’était un salaire de misère, mais, il y a 5 ans, quelqu’un s’est levé et a dit : « Bernie, nous devons augmenter ce salaire minimum jusqu’à 15$ de l’heure », n’importe qui lui aurait répondu qu’il était fou ! Doubler le salaire minimum d’un seul coup ? Impossible ! En fait, il y a 3 ans, les dirigeants-es démocrates ne soutenaient que 10,10 $ de l’heure. C’était ça (et rien d’autre). Aujourd’hui, un projet de loi fédéral pour que le salaire minimum soit porté à 15 $ de l’heure a été présenté au Sénat il y a quelques semaines. Il reçoit l’appui de 31 sénateurs-trices des deux partis et de 155 représentants-es des deux partis de la Chambre. Il y a eu de nombreuses lois adoptées qui fixent le salaire minimum à 15 $ de l’heure, partout dans le pays, par les conseils municipaux et les parlements des États. Je crois comprendre qu’ici, en Illinois, une loi dans ce sens a été déposée devant le gouverneur. M. le gouverneur, signez cette loi ! Partout, ici en Illinois comme dans tout le pays, les travailleurs-euses de la nation ont besoin d’une augmentation et nous disons haut et fort, aussi clairement que nous le pouvons, qu’une personne qui travaille 40 ou 50 heures par semaines ne devrait pas vivre dans la pauvreté.
Il n’y a pas que cette lutte. Je veux que vous pensiez à ceci : il y a 5 ans, si nous avions été ici, nous aurions été dans un moment politique où dominait l’idée que les politiques commerciales étaient à leur meilleur. C’était la conviction des Démocrates comme des Républicains-es. Des problèmes avec l’ALÉNA, le traité avec la Chine ou le Partenariat transpacifique ? Qu’importe qu’ils nous coûtent des millions de bons emplois et nous mènent à une spirale descendante et dans une course vers les bas-fonds, nos politiques commerciales sont extraordinaires. C’était il y a 5 ans. Aujourd’hui, la population américaine de tous les secteurs demande de nouvelles ententes qui seront favorables aux travailleurs-euses, pas seulement aux PDG et autres administrateurs-trices des grandes compagnies.
Et nous n’avons pas eu d’influence que sur le commerce. Aujourd’hui, l’idée qu’un investissement d’un milliard de dollars pour reconstruire nos infrastructures décrépies puisse créer jusqu’à 15 millions de bons emplois, bien payés, est largement acceptée. Il n’y a que 3 ans, pas 5 ans, juste 3 ans, j’ai proposé un investissement de mille milliards de dollars et je n’ai pour ainsi dire eu aucun appui. J’ai dû diviser par deux ma proposition, mais, aujourd’hui, tous les politiques comprennent que nous devons réparer nos ponts endommagés, nos routes, nos systèmes d’aqueducs, nos usines de traitements des eaux usées, nos digues et jetées, nos aéroports. Nous devons aussi construire des logements abordables.
Il y a 5 ans, vous parliez de congés parentaux, de congés de maladie et personne ne savait de quoi vous parliez. Maintenant, non seulement l’appui pour ces mesures progresse. Et l’idée radicale que les femmes, en 2017, devraient gagner plus que 79% (du salaire masculin), qu’à travail égal il faut un salaire égal, progresse également.
Il n’y a que 5 ans, pensez-y, ce n’est pas vieux, l’idée que les droits de scolarité dans les collèges et les universités devraient être abolis n’était pratiquement pas discutée. Aujourd’hui, partout dans le pays, les gens comprennent que, dans le système de grande compétition économique mondiale dans lequel nous vivons, il est insensé que des centaines de milliers de jeunes brillants-es ne puissent accéder aux études supérieures, ou encore, être endettés-es au maximum, et forcés-es de les quitter (avant la fin). Nous voyons maintenant, dans les États et dans les communautés, partout dans le pays, des mouvements pour obtenir la gratuité scolaire dans les collèges et les universités et laissez-moi vous dire que j’ai présenté une législation (à cet effet). L’automne prochain, vous allez voir sur les campus du pays, de jeunes gens manifester en scandant : « Nous ne finirons pas nos études avec une dette de 100,000 $ ».
Rappelez-vous, il y a 5 ans. Il y avait une conviction largement partagée que l’Affordable Care Act, aussi appelé Obamacare, était le mieux que le pays pouvait faire en matière de financement des soins de santé. Rappelez-vous, il était impossible de faire mieux. Aujourd’hui, comme vous le savez, cette vision a complètement changé. Merci aux infirmières pour avoir contribué à ce changement. Maintenant, partout dans le pays, la population comprend qu’il y a quelque chose de profondément injuste dans le fait que nous soyons le seul pays avancé dans le monde à ne pas garantir à ses citoyens-nes que les soins de santé ne sont pas un privilège, mais un droit. Il y a aussi quelque chose de profondément injuste dans le fait que des millions de nos compatriotes ne puissent se procurer les médicaments de leurs ordonnances médicales. Les Américains-es de partout comprennent que la fonction du système de distribution des soins de santé est de fournir des soins de qualité à tout le monde, pas de permettre aux compagnies d’assurance et aux pharmaceutiques de faire des milliards de profit. Nous sommes ici ce soir alors que la Californie vient d’adopter un plan à payeur unique. Merci aux infirmières. C’est maintenant au Parlement californien et au gouverneur de nous aider à transformer le système de soin au pays et de prendre la tête du mouvement.
Maintenant, de plus en plus d’Américains-es comprennent que les changements climatiques sont réels, causés par l’activité humaine et constituent une sérieuse menace pour la planète. L’opposition aux énergies fossiles est forte et en continuelle augmentation et le nombre de ces opposants-es n’a jamais été aussi élevé. Du coup, l’appui à la transition vers un système d’énergies durables et efficaces (croit constamment). Malgré l’actuel Président américain, vous savez de qui je parle, le peuple comprend que nous avons une responsabilité morale à laisser la planète en santé et habitable pour nos enfants et petits-enfants, peu importe ce que ce Président peut penser ou ne pas penser, comme c’est le plus souvent le cas. Nous pouvons être le leader du monde dans ce combat contre les changements climatiques, et en passant, quand nous faisons cela, nous créons des millions de bons emplois bien payés aux États-Unis.
Et encore, en nombre de plus en plus impressionnant, la population américaine appuie une réforme globale (des lois) sur l’immigration contenant des procédures facilitant l’acquisition de la citoyenneté. Vous devez comprendre cela. Non, nous n’allons pas transformer tous les sans-papiers en boucs émissaires ; ce sont des gens honnêtes qui travaillent fort. Nous allons agir avec eux pour ouvrir cette voie vers la citoyenneté. Je le répète, ce n’est pas uniquement ma façon de voir ou la vôtre, mais c’est celle de la vaste majorité de la population américaine.
Un nombre très important d’Américains-es comprennent également que notre système de justice est complètement dépassé et que les États-Unis aient plus de gens en prison que n’importe lequel autre pays au monde, y compris la Chine, a quelque chose de choquant et d’inacceptable. En plus, la population des prisons est composée majoritairement d’Afro- Américains-es, de Latinos-as et d’Amérindiens-nes ; c’est totalement inacceptable. La population du pays, y compris un nombre croissant de conservateurs-trices, voit qu’il est absurde et insensé de dépenser 80 milliards par année pour enfermer quelque 2 millions de nos concitoyens-nes. Dans tous les courants politiques, y compris parmi les conservateurs, l’idée qu’il est plus adéquat d’investir dans les emplois et l’éducation pour les jeunes que de les emprisonner fait son chemin.
En plus, non seulement gagnons-nous la bataille des idées sur presque tous les grands enjeux auxquels ce pays fait face, la vaste majorité de la population est avec nous. Nous voyons de plus en plus de progressistes s’impliquer dans l’action politique, se porter candidat-e et gagner des sièges. Laissez-moi, brièvement, …Il y a eu des victoires partout dans le pays, laissez-moi vous en signaler quelques-unes. Je m’excuse à l’avance pour éventuellement mal prononcer certains noms. Jackson, Mississipi, a un nouveau maire, M. Lumumba ; la belle ville de Brotherly Love, à Philadelphie, c’est un nouveau procureur de district, M. L. Krasner. Christine Pellegrino, (…) a fait un balayage dans l’État de New-York, dans un district qui avait voté largement pour D. Trump. En Iowa, il y a une nouvelle progressiste au parlement, Monica Kurth. À South Fulton, en Georgie, c’est un nouveau conseiller municipal, Khalid Kamau. Au conseil municipal de Minneapolis, deux nouvelles conseillères ont été élues, Andrea Jenkins et Jillia Pessenda et John Courage l’a été au conseil municipal de San Antonio, Stephanie Hansen au Sénat du Delaware. Valdez Bravo élu à Portland Oregon, Rita Moore a un siège à la commission scolaire de l’Oregon, Nathalie Vowell à celle de St-Louis et Lori Kilpatrick à celle de Dallas. Mes frères et sœurs, ce ne sont là que quelques-unes de nos victoires. Puis-je vous demander combien d’entre vous avez été candidats-es ou avez été impliqués-es dans des campagnes locales ? Levez-vous ! Bien ! Mes frères et mes sœurs, c’est la révolution politique.
Bien sûr, nos amis-es progressistes n’ont pas gagné toutes les élections. Nous avons perdu des courses électorales difficiles au Montana, au Kansas et au Nebraska, mais, nous avons démontré que, même dans ces États notoirement très, très Républicains, les progressistes bien équipés-es peuvent faire mieux que personne ne pouvait l’imaginer. Avec une organisation adaptée et des ressources financières, nous pouvons remporter n’importe lequel district dans ce pays. Ce que je veux donc vous faire comprendre, et j’espère que vous donnerai toute sa valeur à cette analyse, c’est qu’à cause de vos efforts et de ceux de millions de personnes à travers le pays, nous faisons d’énormes progrès dans notre vision progressiste. Bon, ce sont les bonnes nouvelles.
Maintenant, permettez-moi de vous livrer les mauvaises que vous connaissez déjà. Aujourd’hui, à la Maison-Blanche, nous avons probablement le pire et le plus dangereux des présidents de toute notre histoire. Il ne faut pas oublier que l’extrême-droite est intégrée dans le leadership de la Chambre (des représentants) et du Sénat américain. Ce que je trouve particulièrement scandaleux chez D. Trump, ce ne sont pas tant ses politiques réactionnaires en économie, environnement et sur les questions sociales ou même le fait qu’il mente continuellement, non, ce qui dépasse tout entendement, c’est son incroyable hypocrisie. Voilà un homme qui s’est présenté à la Présidence en disant à la population qu’il allait défendre la classe ouvrière et confronter les élites politiques et économiques. Une fois élu, sans aucune hésitation, il fait entrer plus de multimillionnaires dans son administration qu’aucun autre président ne l’a jamais fait dans toute notre histoire. Il a choisi l’ancien président de Goldman Sachs à titre de conseiller en chef pour les affaires économiques. Quatre mois après son installation en poste, il a mis de l’avant les lois parmi les plus dommageables de l’histoire moderne du pays et celles-ci seront à Ces lois vont être à la source d’immenses souffrances et difficultés pour des millions de familles travailleuses.
M. Trump, ne nous dites pas que vous êtes l’ami de la classe ouvrière quand vous proposez de priver d’assurance maladie 23 millions d’Américains-es. Ne nous dites pas que vous vous souciez des familles travailleuses quand vous voulez retirer plus de 800 millions de dollars au programme Medicaid (qui paye les soins de santé aux pauvres de moins de 65 ans), que vous voulez augmenter le coût des primes d’assurance-maladie pour les travailleurs-euses âgées de manière outrageante et quand vous dites à 2 millions et demi de femmes qu’elles ne pourront plus être soignées par Planned Parenthood (Organisme communautaire qui assure les soins aux femmes de toutes catégories et qui prodigue des avortements). Président Trump, épargnez-nous vos mensonges et votre hypocrisie. Ne nous dites pas que vous êtes l’ami des familles travailleuses quand vous procédez à des coupes de budget dévastatrices à Head Start (Programme préscolaire), aux soins pour enfants et à l’éducation publique, et quand vous rendez plus difficile aux enfants de la classe ouvrière l’accès aux collèges en pratiquant des coupes massives dans le budget du programme Pell Grant (Programme de bouses pour les moins nantis-es). Ne nous dites pas que vous appuyez les travailleurs-euses quand vous proposez d’autres coupes massives dans les programmes nutritionnels dont WIC qui vise les femmes enceintes pauvres et leurs nouveaux bébés après l’accouchement.
Au même moment, à l’exact même moment et dans la même loi qui permet les coupes massives dans des programmes de vie ou de mort pour de millions et des millions d’enfants, d’ouvriers-ères, de personnes âgées, de malades et de pauvres, à ce même moment, il propose un budget qui, sur 10 ans, permettrait au 1 % de la population de mettre la main sur 3 milliards de réductions d’impôts. Ce budget constitue le transfert de richesse le plus massif de la classe ouvrière vers celle des multimillionnaires jamais vu dans ce pays. Pouvez-vous imaginer ? Il veut mettre fin à la taxe sur la propriété qui ne s’applique qu’aux premiers deux dixièmes du 1 %. Cela veut dire que, pendant que des enfants auront faim, que des gens vont mourir parce qu’ils n’ont pas accès aux soins de santé, la famille Walton (propriétaire de Walmart, n.d.t), valant 130 milliards de dollars, pourra profiter de 52 millions de dollars de réduction d’impôts. Au nom de quelle sorte de moralité ? Vous prenez aux plus vulnérables et vous remettez aux plus riches des riches. M. Trump, ce soir nous vous disons que vous ne pourrez pas vous tirer sans opposition de ces priorités absurdes.
Nous avons un président qui, chaque jour, démontre son manque de respect pour la démocratie, la tolérance et pour les valeurs américaines traditionnelles. Ses attaques sans précédent contre les médias ne sont rien d’autre qu’une tentative d’intimidation envers ceux et celles qui osent le critiquer, pour miner le respect dû aux dissidents-es et à la presse libre. Ses attaques contre le système judiciaire visent à affaiblir la séparation des pouvoirs prévus par la Constitution. Aucun autre président des États-Unis avant lui n’a jamais menti de manière aussi flagrante. Il maintient outrageusement que 5 millions de personnes ont voté illégalement durant la dernière élection, ce qui n’est qu’un moyen de dire aux gouverneurs républicains, partout dans le pays, d’amplifier leurs efforts pour (retirer le droit de vote à encore plus d’électeurs-trices).
Je trouve aussi étrange que nous ayons un président qui semble plus à l’aise en compagnie de politiciens autoritaires et autocrates qu’avec les dirigeants-es des pays démocratiques. On se gratte tous et toutes la tête pour tenter de comprendre pourquoi il est si aimable avec V. Poutine, un homme que réprime sévèrement les démocrates de son pays, qui a passé les dernières années à tenter de déstabiliser les pays démocratiques dans le monde, dont le nôtre. Les Américains-es se demandent pourquoi D. Trump paraît avoir une affection particulière pour les dirigeants de l’Arabie saoudite, une monarchie qui traite les femmes comme des citoyennes de troisième classe et qui promeut le Wahhabisme, une version extrême de l’Islam qui se répand partout dans les pays musulmans.
Finalement, il répète ce que tous les démagogues ont toujours fait historiquement. Au lieu de rassembler le peuple pour qu’il puisse faire face aux problèmes sérieux auxquels il est confronté, il nous divise par religions, par races, par genres et par nos origines géographiques. Au moins, les véritables présidents conservateurs, comme G.W. Bush, comprenaient qu’une des importantes fonctions d’un dirigeant dans une société démocratique est de rassembler la population et non de la séparer. Je dis ceci au Président Trump : « ce pays a combattu depuis trop longtemps, trop de gens se sont battus, trop de gens sont morts, trop de gens ont été battus, trop de gens ont été emprisonnés pour avoir combattu le racisme, le sexisme, la xénophobie et l’homophobie ». Nous avançons !
Les médias et d’autres personnes me demandent souvent : « comment se fait-il que D. Trump, le plus impopulaire des candidats-es de l’histoire moderne de ce pays, a gagné l’élection » ? Je réponds : « D. Trump n’a pas gagné l’élection, le Parti démocrate a perdu ». Je vais être très clair, le modèle actuel du Parti démocrate et sa stratégie sont un échec absolu. Ce n’est pas mon opinion, c’est un fait. Vous savez, nous nous concentrons beaucoup sur l’élection présidentielle, mais nous devons comprendre que les Démocrates ont aussi perdu le contrôle de la Chambre et du Sénat. Les Républicains-es contrôlent maintenant presque les 2/3 des postes de gouverneurs du pays. Au cours des 9 dernières années, les Démocrates ont perdu presque 1,000 sièges dans les législatures des états du pays. Aujourd’hui, dans presque la moitié des états, le Parti démocratique n’a pour ainsi dire aucune présence. Si ça n’est pas un échec, si ça n’est pas un modèle en faillite, je ne sais pas ce qu’un modèle en faillite veut dire.
Le Parti démocrate doit changer fondamentalement ; il a besoin d’un changement fondamental. Il doit ouvrir ses portes aux travailleurs-euses, aux jeunes et à ceux et celles qui veulent se battre pour la justice sociale. Finalement, il doit savoir de quel côté s’engager et ce ne peut pas être du côté de Wall Street, de l’industrie des énergies fossiles et des pharmaceutiques.
Frères et sœurs, frères et sœurs, il y a des temps difficiles et des temps de revirement dans l’histoire américaine. Je suis extrêmement conscient des obstacles politiques auxquels nous devons faire face. Je comprends très bien la nature de notre système politique corrompu. (L’arrêt de la cour Suprême), Citizens United, permet aux multimillionnaires comme les frères Koch de dépenser des sommes illimitées, (…) des centaines de millions de dollars pour diffuser d’horribles clips de 30 secondes qui ne visent qu’à démolir l’honnêteté et l’intégrité des progressistes qui font campagne. C’est d’ailleurs tout ce qui est à leur portée ; ils et elles sont incapables de se tenir debout et de défendre leurs points de vue sur différents enjeux. Nous avons vu ce qui est arrivé à Rob Quist, il y a quelques semaines au Montana, et cela va se reproduire. Voici : Rob a fait un gros travail. Il amassé plein de petites contributions, je pense que la moyenne est de 25 $. Fantastique ! Il a ainsi accumulé de 5 millions à 6 millions de dollars. Fantastique ! Beau travail ! Mais, la classe des multimillionnaires est devenue de plus en plus nerveuse. Après qu’elle ait investit presque 7 millions de dollars de dépenses indépendantes, pour dépasser 10 fois les dépenses de Rob, il a perdu.
Je suis aussi bien conscient que les médias ne s’intéressent pas particulièrement aux enjeux qui sont les nôtres : à ceux qui affectent les familles travailleuses, ils préfèrent généralement les clips de 60 secondes et les interminables discussions autour des ragots politiques. En fait, au cours de la dernière campagne présidentielle, il y a eu moins de discussions sur les véritables enjeux qui affectent la population que dans n’importe laquelle des élections de toute l’histoire américaine. Je sais aussi que plus de 90 % des émissions de radio sont de droite ou d’extrême-droite. Je comprends tout ça. Je sais tout ça. C’est ce contre quoi nous nous élevons.
Nous devons aussi, en ce moment, composer avec le fait que la population américaine est extrêmement démoralisée et que nous avons le plus bas taux de participation aux élections de tous les pays sur la terre. Et je suis plus que conscient que les gouverneurs républicains font du zèle pour restreindre le droit de vote, pour que les gens de couleur, les pauvres, les personnes âgées et les jeunes aient plus de difficulté à l’exercer. En ce moment, nous faisons face à cela. Ce sont de nombreux obstacles.
Mais je sais aussi autre chose. Je sais aussi quelque chose de l’histoire américaine. Je sais qu’il y a 150 ans, dans ce pays, les travailleurs n’avaient pas de droits. On leur infligeait le même traitement qu’aux animaux. On les obligeait à travailler 12 à 14 heures par jour. Les enfants de 10 ou 11 ans devaient travailler dans les manufactures et y perdre leurs doigts ; ils travaillaient aussi dans les champs. Et, il y a 150 ans, les travailleurs se sont soulevés-es, et ce, malgré une opposition magistrale. Et ils et elles ont dit à leurs patrons-nes : « Nous ne sommes pas des animaux. Nous ne sommes pas des bêtes de somme. Nous sommes des humains-es. Nous allons créer nos syndicats ». Je remercie le mouvement syndical américain pour tout ce qu’il a fait et je m’engage devant vous à ce que nous adoptions une loi qui facilitera la syndicalisation. Quand nous nous rappelons l’histoire américaine, nous pensons aux Afro-Américains-es qui, il y a 100 ou 120 ans, se sont soulevés dans les pires conditions imaginables pour conquérir leur dignité. Nous ne saurons jamais, jamais nous ne saurons combien ont été battus-es, lynchés-es, emprisonnés-es dans cette bataille pour la plus élémentaire dignité humaine. Mais, nous savons, qu’au fil des ans, des millions de personnes, noires et blanches et beaucoup d’autres, ensembles, se sont tenues debout et ont déclaré que nous viendrons à bout du fléau du racisme dans notre pays.
Beaucoup d’enfants ne le savent pas, mais il y a environ 100 ans, les Américaines n’avaient pas le droit de vote, pas le droit de travailler et ni d’être éduquées à leur guise. Il y a 100 ans, ce n’est pas si loin dans l’histoire, mais elles se sont soulevées. Elles ont fait la grève de la faim, ont été emprisonnées et elles ont dit, avec leurs alliés masculins : « Les Américaines vont cesser d’être des citoyennes de seconde classe ».
Il y a 20 ou 25 ans, ce n’est vraiment pas si lointain, les homosexuels-les qui le laissaient savoir publiquement, étaient humiliés-es, battus-es. Mais leur communauté, avec leurs alliés-es hétérosexuels-les, malgré les énormes pressions, se sont tenus-es debout et déclaré qu’aux États-Unis les gens avaient le droit d’aimer qui ils voulaient, qu’importe leur sexe.
Je vous ai brossé ce bref portrait de l’histoire américaine pour dire simplement que ce n’est pas le temps de se lamenter, de dire qu’on se retire de l’action, qu’on est désespérés-es ou trop épuisés-es. Je veux que vous pensiez aux incroyables héros et héroïnes de notre histoire qui, devant des obstacles quasi insurmontables, ont risqué leurs vies pour la justice sociale, économique et raciale.
La lutte dans laquelle nous sommes engagés-es est dure, difficile, aucun doute là-dessus. Nous nous attaquons à la classe des multimillionnaires extrêmement puissante. Elle ne représente que 1 % de la population, mais son avidité a détruit la classe moyenne du pays et réclame encore plus que ce qu’elle détient déjà, soit la richesse des 90 % qui vivent au bas de l’échelle. Ce n’est pas encore assez ; elle veut tout. Eh bien ! nous lui disons aujourd’hui : « nous allons nous opposer à cette avidité, à cette témérité. Cette nation nous appartient à tous et toutes, la démocratie nous appartient à tous et toutes ».
Nous sommes réunis-es, tous et toutes debout et nous allons empêcher les démagogues de nous diviser par la couleur de nos peaux ou par nos origines géographiques ou par nos orientations sexuelles ou nos genres. Quand nous nous tenons debout ensemble rien ne peut nous arrêter !
Merci beaucoup à vous tous et toutes.
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