On s’alarme de l’arrivée à la présidence de Donald Trump, pour la seconde mais dernière fois, puisque la constitution américaine limite à deux les mandats qu’un président peut exercer. Lui-même d’ailleurs, de son propre aveu, n’en briguerait pas un troisième, même si c’était possible. L’âge fait aussi partie des tendances lourdes en politique...
Demandons nous : de quelle marge de manoeuvre dispose-t-il donc en politique étrangère ? En dépit de son autoritarisme et de son tempérament colérique, il ne pourra imposer ses quatre volontés à la planète.
Tout d’abord, un repli marqué des États-Unis sur eux-mêmes (l’isolationnisme) est impensable. Trump et sa garde rapprochée ne peuvent pas ne pas en être conscients. Le gouvernement américain a trop d’intérêts majeurs économiques, commerciaux et militaires à défendre partout dans le monde pour retourner à l’ancien isolationnisme. Trump devra donc les administrer et s’impliquer dans les tensions et conflits qui déchirent des pays-clés. Un certain repli est toutefois possible, mais l’impérialisme américain va se maintenir, vaille que vaille. Mais Trump va sans doute devoir modifier sa ligne d’action, puisque l’impérialisme américain est affaibli et toujours plus contesté par des puissances montantes comme la Chine.
Prenons deux exemples d’une actualité frappante : l’Ukraine et la Palestine.
Dans le premier cas, Trump a laissé entendre qu’il pourrait cesser(ou diminuer beaucoup) la fourniture d’armes et de munitions à Kiev et dans la foulée, qu’il inciterait Volodymyr Zelenski, le président ukrainien à négocier avec Vladimir Poutine. De ses allusions à ce problème, il ressort que le gouvernement ukrainien devrait faire les concessions territoriales nécessaires pour satisfaire le Kremlin, c’est-à-dire lui céder l’essentiel des territoires qu’il a déjà conquis. Pour Zelensky, l’entrée à la Maison-Blanche d’un président républicain constitue une défaite. Arrivera-t-il à convaincre Trump de changer d’idée ? Cette hypothèse paraît peu probable. Le président américain tient à détendre les relations de son pays avec la Russie ; après tout, il considère Poutine comme un allié et un ami.
Passons au cas palestinien à présent. On sait que Donald Trump est un pro-israélien fini. Mais sur ce plan, il ne fait que suivre la politique américaine traditionnelle de soutien à l’État hébreu, que le gouvernement soit démocrate ou républicain. Biden, son prédécesseur, s’est beaucoup querellé avec Benyamin Netanyahou au sujet de la guerre avec Gaza , mais il a toujours refusé d’adopter envers Israël les mesures de rétorsion économiques et commerciales pour l’obliger à cesser le massacre des Gazaouis et Gazaouies. Au contraire, il a continué à approvisionner l’armée israélienne en armes et munitions.
Mais l’actuel conflit ne peut durer indéfiniment sous peine de saborder le peu de crédibilité que conserve Washington auprès des populations arabes. Même le gouvernement saoudien a du geler le processus de normalisation de ses relations avec l’État hébreu. Le Hamas (approvisionné en armes et munitions par Téhéran) a démontré une surprenant capacité de résilience devant la puissance militaire israélienne et il continue à la harceler. Le conflit s’est étendu au Sud-Liban où le Hezbollah, lui aussi soutenu par l’Iran), tient bon. Le risque d’un embrasement régional de la région par le conflit demeure, ce qui ne peut que déplaire à Trump, qui n’aime pas ;la guerre, perturbatrice de la bonne marche du commerce. Devant les pertes qui s’alourdissent, la population israélienne montre des signes de lassitude et de colère vis-à-vis du gouvernement Netanyahou, corrompu et incompétent. Notamment les familles des otages encore détenus par le Hamas manifestent avec ténacité contre l’extrême-droite au pouvoir à Tel-Aviv.
Même aux États-Unis, l’électorat en a marre de ces deux conflits qui s’éternisent. Les organisations arabo-américaines font de plus en plus sentir leur présence auprès de la classe politique. Le printemps dernier, d’importantes manifestations étudiantes propalestiniennes ont secoué plusieurs campus. Rien ne dit qu’elles ne reprendront pas éventuellement.
L’administration Trump devra donc trouver au moins une amorce de solution permanente à l’affrontement entre Israël et la Palestine. Pour y arriver, il lui faudra prendre une certaine distance à l’égard de son protégé du Proche-Orient. Jusqu’où est-elle prête à aller ? Impossible à dire pour l’instant, Trump n’étant sans doute pas encore fixé lui-même sur ce problème.
L’abandon de l’Ukraine par la Maison-Blanche serait sûrement mal considérée par l’Union européenne, ce qui l’éloignerait des États-Unis. Elle vient d’ailleurs de signer avec le Japon un pacte de sécurité et de défense qui vise le rapprochement entre la Russie et la Chine et dont Washington est exclu.
Tout ceci sans même aborder la question des relations des États-Unis avec l’Iran, ennemi juré d’Israël. Une guerre commerciale américano-chinoise se dessine aussi à l’horizon. Ces problèmes et bien d’autres requerront des mesures nuancées et mesurées pour éviter une détérioration accrue de la situation générale dans le monde.
De quoi contraindre même le plus chauvin des présidents américains à tenir compte des rapports de force complexes et souvent empoisonnés qui gouvernent le monde.
Affaire à suivre...
Jean-François Delisle
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d’aide financière à l’investissement.
Un message, un commentaire ?