Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le mouvement des femmes dans le monde

Le 16 novembre, ensemble contre les violences faites aux enfants et adolescent·es

Texte collectif Associations, collectifs, personnalitéEs et organisations syndicales, engagéEs contre les violences faites aux enfants et aux ados appellent à une mobilisation générale le samedi 16 novembre 2024 à 14h à Paris et dans plusieurs villes de France.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/12/le-16-novembre-ensemble-contre-les-violences-faites-aux-enfants-et-adolescent%c2%b7es/?jetpack_skip_subscription_popup

Pour les enfants et les ados, nous appelons la société à dire stop aux infanticides, à l’inceste, à la pédocriminalité, à l’exploitation sexuelle, aux mutilations sexuelles, aux maltraitances, au mariage forcé, à la violence éducative ordinaire, aux violences intra-familiales et institutionnelles, aux multiples discriminations et à toutes formes de violences qui leur sont faites.

Certaines figures publiques et/ou politiques orientent l’attention de la société vers une image d’enfants et de jeunes prétendument incontrôlables ou délinquantEs, occultant ainsi la réalité de ces violences qu’iels subissent partout, tout le temps et dans tous les milieux. La jeunesse n’est vue par la classe politique que sous un angle autoritariste, considérant qu’il faudrait simplement « dresser » les enfants et les jeunes.

Pendant que nous critiquons les supposés enfants-rois, des bébés dépérissent dans nos pouponnières, des enfants se suicident, des ados sont violéEs, chaque jour iels meurent un peu plus, dans l’indifférence générale. Mobilisons-nous pour que cela change !

La protection des enfants et des ados est une urgence pour notre société

Les discours et les actes en faveur de la protection des enfants et des jeunes sont trop peu nombreux. 80% des violences sexuelles en France, commencent ou ont lieu avant 18 ans [1]. Cela concerne 130 000 filles et 30 000 garçons par an. 1 enfant meurt tous les 5 jours [2], tué majoritairement par ses propres parents. 400 000 enfants sont victimes de violences conjugales parentales [3], 129 sont devenus orphelinEs de féminicide en 2022 [4]. Que fait la France pour tous ces enfants ? Elle les abandonne parce qu’il y a d’autres priorités et des économies à faire. Cette société semble de plus en plus déconnectée des besoins primaires des enfants, oubliant parfois l’importance de les écouter et de les protéger. Mobilisons-nous pour que cela change !

Des enfants vulnérables qu’on ne veut pas voir

Les enfants et les ados raciséEs sont parmi les plus vulnérables. Iels sont stigmatiséEs et exposéEs à un racisme décomplexé, systémique et quotidien. Cela affecte gravement leur développement et leur confiance en la société.

Les enfants en situation de handicap sont 3 à 4 fois plus exposés aux violences sexuelles [5] que les autres. Iels n’ont pas tous·tes Toustes accès à la scolarité alors que l’école est un droit pour tous·tes Toustes en France. Les enfants placéEs sont, quant à eux, elleux invisibles. Personne ne se préoccupe de leur sort. Iels peuvent subir des maltraitances au sein de leur famille d’accueil, mourir seulE dans leur foyer, sans que cela suscite la moindre réaction. En moyenne, les enfants issus de l’ASE ont 20 ans d’expérience de vie en moins [6]. Le harcèlement des jeunes LGBTQIA+ est en constante augmentation et conduit à des suicides que nous aurions pu prévenir. Les enfants trans sont aujourd’hui particulièrement victimes de campagnes réactionnaires visant à pathologiser leur situation et à remettre en question leur libre-arbitre. Les enfants intersexes sont mutilés dès la naissance sans justification pour leur santé et avec souvent des conséquences néfastes durables sur leur corps et leur vie.

Chaque année, environ 2000 enfants et ados dorment dans la rue [7] et 1 enfant sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté [8]. En Outre-mer, les difficultés d’accès à l’éducation, à la santé, à l’eau, à la nourriture et à la protection affectent de enfants. A Mayotte, ce sont 8 enfants sur 10 en situation de pauvreté [9], certainEs n’ont pas accès à l’eau potable. Tous les territoires ultramarins sont touchés par ces inégalités et l’Hexagone semble bien muet. La précarité impacte gravement le développement des enfants, comment pouvons-nous laisser faire cela ?

Les enfants et les ados sont victimes de violences partout dans le monde, premières victimes des guerres actuelles, premières victimes de la colonisation, on leur enlève leur culture et leur humanité pour mieux contrôler les peuples. Actes de torture, mutilations, éducation coloniale, placement, emprisonnement : de nombreux enfants seront détruitEs par nos sociétés. Nous en sommes tous·tes responsables.

Mobilisons-nous pour que cela change !

Des institutions en crise

A cela s’ajoutent des institutions en crise : petite enfance, éducation nationale, aide sociale à l’enfance, justice, santé à bout de souffle, elles n’ont ni les moyens, ni parfois les formations adéquates pour prendre en charge les nombreux enfants et ados victimes de violences. De plus, dans un contexte de réduction systématique des dépenses publiques et de dégradation de la qualité de vie au travail, même les professionnels formés, et aux pratiques adaptées, sont conduits malgré eux, à adopter des comportements inappropriés. Il est urgent de mettre en place une véritable politique publique dédiée à la protection des mineur·es et de redonner des moyens financiers conséquents pour restaurer pleinement le fonctionnement de ces institutions essentielles.

Mobilisons-nous pour que cela change !
La libération de la parole face à une société adultiste

Les enfants et les ados parlent, mais leurs voix restent souvent ignorées voire niées. 92 % d’entre elleux ayant dénoncé des violences sexuelles n’ont pas été protégéEs [10]. Trop souvent, iels sont réduitEs à leur statut de mineurEs, perçus comme insignifiants, soumisEs à un devoir d’obéissance aveugle envers leurs aînés. Pire encore, la présence des enfants est considérée comme si dérangeante que certains espaces leur sont désormais interdits alors même que l’espace public, largement occupé par les adultes, n’est en très grande partie déjà pas conçu pour les enfants. Notre société est adultiste. Mobilisons-nous pour que cela change ! Un pays qui ne s’occupe pas des enfants est un pays qui va mal, une société qui a peur des ados est une société à la dérive. Comment notre société pourrait bien se porter quand elle accepte sans broncher qu’un enfant ou un·e ados soit violéE toutes les 3 minutes dans notre pays [11]. Qui décide des priorités pour l’avenir de notre peuple ? Qui se lèvera pour dire stop ?

Aujourd’hui, nous comptons sur vous tous·tes pour vous lever avec nous et dire stop aux violences faites aux enfants et aux ados. Nous invitons les enfants, les jeunes et toute la société à se mobiliser le 16 novembre. Montrons à tous les enfants et aux ados que nous sommes là, que nous nous indignons face à leur souffrance et que nous ferons tout pour que ces jeunes puissent grandir en toute sécurité.

« Chaque monde sera jugé sur ce qu’il a considéré comme négociable ou non négociable ». – Charles Peguy

[1] Enquête IPSOS – Violences sexuelles de l’enfance – 2019
[2] Rapport Igas, IGJ, IGAENR – Mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles – 2019
[3] Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes – 2019
[4] Ministère de l’Intérieur – Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple – 2022
[5] Etude publié dans The lancet child & adolescent health – 2022
[6] Association Impactes
[7] Unicef – 2024
[8] Unicef–Insee–2018
[9] Rapport Unicef – 2023
[10] Rapport Ciivise – 2023
[11] Rapport Ciivise – 2023

Premiers et premières signataires : Collectif Enfantiste ; Cofrade ; Protéger l’enfant ; Association Allegria ; AVI – Action contre les Violences Infantiles ; Chris-à-VIF ; Collectif féministe contre le viol (CFCV) ; Collectif Nos Enfants Trans ; Embrase Le Monde ; Enfance sauvage 84 ; EspacCollective des mères isolées Mineur.e.s Trans Toulouse (EM2T) ; FAGE ; Fondation pour l’enfance ; FNAREN ; FSU ; Héroïnes 95 ; Fédération Nationale des victimes de féminicides ; IELES ; Je te crois, je te protège ; Justice des familles ; Le déni, ça suffit ! ; Le monde à travers un regard, groupeFemmes avec.. de parole Chateaulin ; Les chiens de justice ; Les Unschorrigibles ; Les Midis du MIE ; Mendorspas ; Mouv’enfants ; NonSco’llectif ; #NousToutes ; Observatoire des politiques du handicap ; OVEO ; Pépite sexiste ; Pour une M.E.U.F. (Pour une Médecine Engagée Unie et Féministe) ; Prévenir & protéger ; Renaitre après l’inceste, agir avec les Bonnes Mères Organisation de Solidarité Trans (OST) ; SNJMG Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes ; SNPPE ; Soutien Ciivise ; Stop Bébé Secoué ; StopVEO Enfance sans violences ; Team Eunomie ; Toustes en colo ; UNEF, le syndicat étudiant ; Union syndicale Solidaires ; SOS Inceste & Violences Sexuelles

Publié dans le Courrier N° 437 de la Marche Mondiale des Femmes

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