La réponse n’a pas tardé à se faire connaître et elle est d’une franchise déroutante. À la page 4 du discours sur le budget nous pouvons lire :
« Pour 2020-2021 comme pour 2021-2022, les déficits annoncés incluent une gestion prudente de l’argent public, avec une provision pour risque et la poursuite des versements au Fonds des générations. » http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2021-2022/fr/documents/Budget2122_Discours.pdf. Consulté le 25 mars 2021.
Pour la prochaine année, la cagnotte additionnelle du Fonds des générations s’élève à la rondelette somme de 3 milliards de dollars. Pourquoi en cette année de déficit verser de l’argent à ce Fonds ? Dans les lignes qui suivent, nous nous posons principalement une seule question : à quoi servira ce budget 2021-2022 pour les 560 000 salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic et comment les huit organisations syndicales qui les représentent critiquent-elles les choix du ministre Girard ?
Allons-y de quelques chiffres
Dépenses du gouvernement du Québec pour l’année 2021-2022 : 134,9 milliards
Revenus du gouvernement du Québec pour l’année 2021-2022 : 122,6 milliards
Déficit anticipé : 12,3 milliards
Taux de croissance de l’économie en 2021 selon le ministère des Finances : 4,2%
Cette prévision du taux de croissance est en déca de ce qui est anticipé par des experts des institutions financières privées.
Mesures intéressantes pour le patronat :
1,3 milliard de dollars pour brancher 116 000 nouveaux foyers aux services d’Internet haute vitesse ;
Réduction du fardeau fiscal pour 70 000 petites et moyennes entreprises ;
4 milliards de dollars supplémentaires pour accélérer le redécollage de l’économie et améliorer les perspectives de croissance future ;
200 millions de dollars supplémentaires pour le programme d’aide financière d’urgence ;
246 millions de dollars pour favoriser une meilleure intégration des immigrantEs au marché du travail ;
158 millions de dollars au soutien de la formation et la requalification de la main-d’œuvre ;
1 milliard de dollars en mesure d’aide au développement régional.
Le ministre Girard a également annoncé que le « Plan québécois des infrastructures 2020-2030 atteindra plus de 130 milliards de dollars, soit 15 milliards de plus que l’an dernier. » (Voir l’annexe 1).
Avouons que devant cet amoncellement de dollars il y a de quoi faire saliver un investisseur capitaliste.
Un budget qui réjouit le patronat
Dans les circonstances, la réaction de la Fédération des Chambres de commerce est positive. Elle se dit même satisfaite « des grandes lignes du budget ». Elle regrette par ailleurs que les programmes d’aide d’urgence s’avèrent difficiles d’accès et elle joint sa voix aux Manufacturiers et exportateurs du Québec qui demandent à ce que la formation professionnelle puisse être donnée à l’extérieur des murs d’une école. En clair, ces deux organismes réclament que la formation professionnelle donnée sur les lieux de travail soit financée par l’État.
Du côté syndical
Pour ce qui est des salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic, le discours sur le budget prévoit deux dispositions qui les ciblent plus particulièrement. Dans un premier temps, le cadre financier de la présente négociation dans les secteurs public et parapublic demeure inchangé. Le gouvernement Legault maintien toujours à 5% l’augmentation salariale pour les trois années de la durée du contrat de travail (de mars 2020 à mars 2023) et à 1,2% le coût des mesures de bonifications récurrentes (voir à ce sujet l’annexe 2).
Ce budget que le ministre Girard présente comme s’il ne comportait aucune mesure d’austérité annonce une réduction de 5000 postes administratifs au sein de l’État. Ce qui devrait s’accompagner d’une économie récurrente de 2 milliards de dollars.
Les réactions syndicales
Les réactions syndicales à ce budget sont nombreuses et certaines organisations ont clairement identifié les problèmes que ce budget fera subir à leurs membres.
Voici des extraits des communiqués de presse que nous avons reçus de jeudi le 25 au vendredi le 26 mars :
FIQ
« La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ est déçue du budget 2021-2022 présenté par le ministre des Finances. Les attentes étaient élevées pour soutenir celles qui sont au front depuis le début de la pandémie. S’il y a de nouveaux investissements en santé, les mesures robustes attendues pour assurer la pérennité des soins et l’ajout d’effectifs sont carrément absentes. Une fois de plus, aucune mesure pour l’attraction et la rétention des professionnelles en soins n’apparaît au budget. Le gouvernement n’a pas traduit ses paroles de reconnaissance du travail des professionnelles en soins en gestes concrets. »
CSN
« On ne peut nier les efforts consentis par le ministre des Finances quant à la croissance des dépenses de programmes, reconnaît le président de la CSN, Jacques Létourneau. Mais il reste tellement de manque à gagner pour rattraper les effets dévastateurs des années d’austérité que nous avons connues, il reste tant de besoins de la population auxquels nos réseaux publics sont incapables de répondre que nous sommes en droit de nous demander si les investissements seront suffisants. D’autant plus que l’on poursuivra les versements au Fonds des générations, même dans un contexte déficitaire. Juste pour l’année qui se termine, c’est une somme de trois milliards, dont nous aurions eu grandement besoin. C’est un non-sens complet que le gouvernement envisage de se priver de ce même montant pour l’année qui s’amorce. »
Le gouvernement demeure muet quant au renouvellement des conventions collectives du secteur public, déplore la centrale syndicale. « On le sait et le gouvernement le sait aussi : le principal obstacle à la dispensation des services de santé et d’éducation, c’est le manque criant de main-d’œuvre dans nos réseaux publics, rappelle le président de la CSN. Et tout le monde le reconnaît, la principale raison de ce manque de main-d’œuvre, ce sont les mauvaises conditions de travail du secteur public, tant sur le plan des salaires que de la charge de travail. Or, le budget ne contient aucune indication laissant envisager le nécessaire coup de barre que nous attendions de la part du gouvernement. »
SPGQ
Dépôt du budget 2021-2022 du Québec - L’art de rater le coche avec brio, juge le SPGQ
QUÉBEC, le 25 mars 2021 - Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) dénonce vivement les coupes de 5 000 postes annoncées dans le cadre du budget 2021-2022 du Québec que vient de déposer le ministre des Finances, Éric Girard.
« C’est ainsi que le ministre remercie son personnel après plus d’un an de pandémie à tenir l’État à bout de bras ? C’est complètement indécent, d’autant plus qu’il ne négocie même pas de bonne foi actuellement, juge Line Lamarre, présidente du SPGQ. « Le personnel de l’État a fait des miracles au quotidien en plus de s’adapter au télétravail dans des conditions loin d’être idéales. Malgré tout, il a augmenté sa productivité et permis au gouvernement de réaliser des économies importantes. Le gouvernement va continuer de presser le citron alors que nos membres vivent de la surcharge et plusieurs sont au bord de l’épuisement. »
Le personnel de l’État devra continuer de faire plus avec moins, puisque les dépenses des ministères seront réduites de 0,2 %. « Comme tous les coûts augmentent, cela signifie que moins de ressources seront disponibles pour assurer les services à la population », ajoute Mme Lamarre.
Discrimination et retard salarial
En plus, ce budget n’offre rien pour régler la discrimination systémique envers les milieux de travail majoritairement féminins. « La mesquinerie de ce budget est flagrante, car il ne propose rien pour combler le honteux retard salarial qui afflige encore de trop nombreuses personnes au Québec. L’occasion était pourtant belle de contribuer à la relance économique en remettant des dollars dans les poches des Québécoises et des Québécois. Quel effroyable rendez-vous manqué pour dynamiser la croissance, l’employabilité et la productivité » exprime Line Lamarre.
APTS
Budget du Québec 2021 - Rien pour améliorer les conditions de travail du personnel professionnel et technique au front depuis le début de la pandémie (APTS)
LONGUEUIL, QC, le 25 mars 2021 - C’est avec déception, quoique sans surprise, que l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) a accueilli le Budget 2021-2022 du Québec déposé par le ministre des Finances, Éric Girard, puisqu’il ne prévoit aucune mesure pour régler la négociation des conventions collectives dans le réseau de la santé et des services sociaux alors qu’elle stagne depuis plus de 16 mois.
« Quand il faut réinvestir dans les secteurs traditionnellement masculins ou quand il faut donner de meilleurs salaires à Investissement Québec, le gouvernement trouve toujours de l’argent. Mais quand il faut réinvestir dans le personnel qui procure les services de santé et les services sociaux, majoritairement féminin, il n’y a jamais d’argent disponible. Le pire, c’est que nous n’en sommes même plus surpris·es. Ce ne sont pas les gestionnaires d’Investissement Québec qui analysent les tests de la COVID-19, qui font les scans et les radios, qui entretiennent les respirateurs, qui gèrent l’apport nutritionnel des personnes hospitalisées, qui font la rééducation physique des survivant·e·s, qui s’occupent de la santé mentale de la population confinée depuis des mois, qui protègent les enfants vulnérables. Encore une fois, ce sont les femmes les grandes perdantes de ce budget », a commenté Laure Letarte-Lavoie, 4e vice-présidente de l’APTS.
L’APTS est également déçue que la CAQ ne suspende pas les versements au Fonds des générations. Le gouvernement se prive ainsi de sommes qui auraient été des plus bénéfiques pour réinvestir dans le personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, dont la rémunération accuse toujours un retard d’environ 8 % en comparaison avec celle des autres salarié·e·s québécois·es.
« Malgré la crise, le taux d’endettement de l’État demeure sous contrôle et le coût de notre endettement est à un plancher historique. Pourquoi le gouvernement s’entête-t-il à mettre de l’argent dans le Fonds des générations alors que les salaires des personnes qui tiennent le réseau à bout de bras ont diminué constamment au cours des 20 dernières années ? C’est sans compter les agences de placement et les compagnies privées qui vampirisent les forces vives du réseau public en offrant des conditions de travail qui font paraître celles du gouvernement dérisoires », a ajouté Laure Letarte-Lavoie.
Les investissements dans les programmes-services sauvent la mise
L’APTS salue la décision du gouvernement de poursuivre des réinvestissements majeurs en santé publique, en santé mentale, en hébergement, dans les services à domicile et les programmes jeunesse. Du même souffle, elle l’encourage à franchir la dernière étape pour combler le sous-financement de 1 milliard de dollars qui perdure dans le programme « Services dispensés à la population ». Il s’agira maintenant de s’assurer de la pérennité de ces réinvestissements.
Toutefois, si le gouvernement veut qu’ils se traduisent véritablement par une augmentation des services à la population, il doit miser sur le personnel de la santé et des services sociaux.
« À un moment donné, il faut arrêter d’essayer d’attirer les mouches avec du vinaigre. Le gouvernement aura beau débloquer des sommes pour augmenter les services en santé mentale, dans les services à domicile et dans les centres jeunesse, personne ne viendra les donner à la population si les salaires et les conditions de travail ne sont pas attrayantes. Il faut valoriser l’expertise du personnel professionnel et technique et cela passe obligatoirement par une augmentation importante des salaires et une amélioration significative des conditions de travail », a conclu la vice-présidente de l’APTS.
SFPQ
Négociation du secteur public
Près de 18 mois après le début des négociations pour le renouvellement des conventions collectives du secteur public, le gouvernement Legault n’a toujours pas d’argent frais à mettre sur la table pour attirer et retenir la main-d’œuvre, constate le SFPQ. « Plutôt que d’offrir des conditions de travail attractives à l’image du secteur privé, des municipalités et du fédéral, le gouvernement Legault met du sable dans l’engrenage des négociations. Il n’y a toujours pas de volonté réelle du gouvernement de reconnaître que son personnel mérite d’être mieux valorisé et respecté pour le travail accompli, et ça passe par une rémunération comparable aux autres employeurs », conclut monsieur Daigle.
FTQ
Budget 2021 de la CAQ ; réaction de la FTQ - Un budget qui aurait pu être plus ambitieux
MONTRÉAL, le 25 mars 2021 - La Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) réagit de façon mitigée au troisième budget du ministre des Finances, Éric Girard. La centrale accueille favorablement le report de l’atteinte de l’équilibre budgétaire, mais est déçue de constater que le gouvernement poursuit ses versements au Fonds des générations.
« Le ministre Girard aurait pu utiliser ces sommes pour proposer une relance plus ambitieuse, autant sur le plan économique, environnemental, social et de nos services publics. La crise a mis en lumière la fragilité de notre filet social et des failles de notre système de santé. Ces sommes devraient servir à financer les services publics et les programmes sociaux qui profiteront également aux générations futures ! », explique le président de la FTQ, Daniel Boyer.
La FTQ se questionne sur la façon dont les montants prévus au secteur public seront investis. « À quand des mesures de rétention et d’attraction du personnel ? À quand une amélioration des conditions d’exercices d’emploi et une meilleure rémunération des travailleuses et travailleurs ? Ça doit être la priorité ! Monsieur Legault, j’en profite pour vous rappeler qu’on attend toujours vos représentants à la table de négociation. Ce n’est pas parce que le ministre retarde l’atteinte de l’équilibre budgétaire qu’il doit retarder la signature des conventions collectives dans le secteur public », déclare le président de la FTQ, Daniel Boyer.
CSQ
Budget du Québec - Réaction de la CSQ en lien avec la négociation du secteur public
QUÉBEC, le 25 mars 2021 - Représentant 200 000 membres œuvrant essentiellement en éducation, en petite enfance et en santé, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) émet une réaction préliminaire de sa présidente, Sonia Ethier, au budget 2021-2022 :
« L’immobilisme du gouvernement aux tables de négociation est confirmé. Le cadre financier de la négociation n’a pas bougé d’une miette : il était à 6,2 % l’automne dernier, il est toujours à 6,2 %, six mois plus tard !
» On ne s’attendait pas à voir une nouvelle proposition de négociation dans le budget, mais, pour nous, les informations sur le cadre financier confirment publiquement ce qu’on répète depuis un an : le gouvernement se présente aux tables, mais il ne bouge pas. Il refuse d’accorder des ressources financières suffisantes pour qu’on puisse améliorer durablement les conditions de travail et les services à la population, qui sont occupés en majorité par des femmes. La CAQ continue de proposer une relance où le masculin l’emporte sur le féminin. Ça va prendre plus que des beaux mots, "des propositions novatrices" ; il faudra que le gouvernement investisse concrètement pour ses employés et les services à la population.
» Ce qu’on recherche pour nos conventions, ce sont des mesures récurrentes. Le gouvernement "innove" en mettant en place du temporaire : lettre d’entente hors convention, montant forfaitaire sur une année. Les problèmes de surcharge de travail et de manque de ressources ne sont pas apparus avec la COVID-19. Il faut trouver des solutions durables et prendre des engagements concrets. L’éducation et la santé, ça nous concerne tous. »
Enfin, la Centrale salue le report de l’équilibre budgétaire de deux ans, mais estime que le gouvernement aurait également dû annoncer la suspension de versements au Fonds des générations. À défaut, il convie le Québec à un retour à l’austérité et aux compressions à partir de 2023, après la prochaine échéance électorale. »
Y trouvez-vous vraiment de quoi vous réjouir ?
Nous avons abondamment entendu à la radio comme à la télévision que les décisions difficiles viendront après 2022. En clair, ce sera après la prochaine élection générale que le ministre des Finances annoncera les mesures d’austérité qu’il imposera pour équilibrer les finances publiques et ramener le déficit structurel (présentement à 6,5 milliards de dollars) à 0$. Pour la prochaine année, il accepte d’ouvrir les coffres du trésor public à certainEs de ses collègues. Est-ce le « Bar ouvert » ? Pas nécessairement. Il peut y avoir des ajouts de ressources là où cela sera jugé nécessaire pour combattre la pandémie. À ce sujet, le ministre Girard a même annoncé à l’émission de Michel Auger (le 25 mars 2021) que certaines demandes du ministère de la Santé et des Services sociaux sont « automatiquement acceptées ».
Quoi qu’il en soit, le plan budgétaire du ministre Girard pour les prochaines années se décline comme suit :
2021 : vaincre la pandémie ;
2022 : retrouver le plein-emploi ;
2025 : retrouver le plein potentiel de l’économie
2027 : retrouver l’équilibre budgétaire en 2027-2028.
Il faut avoir la franchise de se le dire, pour les 560 000 salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic ce plan quinquennal n’augure rien de bon. Le gouvernement Legault prévoit toujours accorder des augmentations salariales rachitiques pour la période allant de 2020 à 2023. Pour ce qui est des années suivantes : il est déjà question de mesures d’austérité.
Préparer une riposte
Celles et ceux qui ont à cœur la qualité des services et les conditions de travail et de rémunération des personnes qui font leur carrière dans ces deux secteurs essentiels à notre développement social, culturel et économique, doivent commencer à élever la voix. Il n’y a aucune raison pour que les salariéEs syndiquéEs ne soient pas rémunéréEs à la hauteur de la valeur de leur prestation de service. Il faut dénoncer les faibles hausses salariales qui sont proposées par le gouvernement à ses salariéEs syndiquéEs tout comme d’ailleurs il faut envisager des actions susceptibles de contrer les mesures d’austérité déjà présentes dans le budget 2021-2022. Ces orientations gouvernementales relèvent d’une logique comptable insensée et elles durent depuis beaucoup trop longtemps. Pour les salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic, ce budget annonce que des économies seront encore une fois effectuées sur leur dos et que leur rémunération va continuer à accuser un retard de plus en plus prononcé avec les travailleuses et les travailleurs des autres secteurs de l’activité économique.
Conclusion
Ce montant de 3 milliards qui sera englouti, encore cette année, dans le Fonds des générations est tellement élevé et disproportionné dans les présentes circonstances qu’il s’apparente à de la douce musique aux oreilles des PDG de certaines institutions financières. Il s’agit même, osons-nous l’affirmer sans exagération de notre part, d’une mélopée hypnotique dont l’effet euphorisant semble être pour les richissimes banquiers et spéculateurs de la finance une source de bonheur extatique inégalable. Manifestement, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette histoire de Fonds des générations et nous nous demandons toujours pourquoi il n’y a qu’au Québec où un tel fonds existe. Nous y reviendrons peut-être un jour sur le sujet.
Le ministre des Finances a fait la lecture de son discours sur le budget en parlant « (d’)objectifs ambitieux » et en insistant sur la volonté du gouvernement auquel il appartient de « relever les défis de richesse et du développement économique ». Soit. Mais, il y a une limite à la croissance. Cela fait depuis la première moitié des années soixante-dix du siècle dernier que le Club de Rome nous invite à nous éloigner d’un mode de production productiviste et destructeur de l’environnement (voir à ce sujet le livre Halte à la croissance). Il faut sortir du paradigme économique qui nous emprisonne dans cette logique binaire (pour ne pas dire bipolaire) de la croissance versus la crise. Il faut plutôt analyser la situation économique d’un point de vue écologique et se demander où est l’abondance et où est la rareté ? Il faut aussi se demander si les mesures mises de l’avant favorisent uniquement l’enrichissement individuel d’une poignée de capitalistes et s’accompagnent d’un appauvrissement pour le plus grand nombre. Le budget qui donnera lieu à un débat à l’Assemblée nationale est-il obsédé par la multiplication des billets verts ou élaboré en ayant à la base un train de mesures qui s’inscrivent dans un plan vert ? Bref, sommes-nous devant un budget qui vise à atteindre le bonheur ou le malheur du plus grand nombre ?
Il faut scruter le budget et la politique de rémunération du gouvernement du Québec à travers le prisme de ses impacts selon les sexes. Il y a autour de 560 000 salariéEs syndiquéEs dans les secteurs public et parapublic. Environ 75% sont des femmes. Au Québec, une femme au travail sur trois occupe un emploi dans les secteurs public et parapublic. La politique de rémunération du gouvernement du Québec à l’endroit de ses propres salariéEs est également une cause des écarts salariaux qu’il y a dans notre société entre les hommes et les femmes.
Ce sont ces réflexions et pistes interrogatives que nous avons eues en tête quand nous avons lu des sections du discours sur le budget 2021-2022.
Yvan Perrier
26 mars 2021
14h15
yvan_perrier@hotmail.com
Annexe 1
1.6 Augmenter et accélérer les investissements dans les infrastructures publiques
Pour relancer l’économie, il est nécessaire d’investir dans les infrastructures publiques. Les investissements du Plan québécois des infrastructures (PQI) sont donc augmentés de 4,5 milliards de dollars pour atteindre 135,0 milliards de dollars.
Ces investissements majeurs contribueront à accroître le potentiel de l’économie et à créer de la richesse à long terme en plus de combler l’espace laissé sur le marché de la construction par les projets privés abandonnés en raison de la pandémie.
De manière à contribuer à la relance de l’économie, la mise en œuvre du PQI est par ailleurs accélérée.
— Près de 60 % des investissements du plan décennal auront lieu d’ici les cinq prochaines années.
Par ailleurs, le projet de loi no 66, intitulé Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure, a été adopté en décembre dernier.
— En vertu de cette loi, des procédures seront allégées, sans que les normes existantes soient réduites ou modifiées, afin de démarrer plus rapidement les travaux d’importants projets d’infrastructures, notamment des projets d’écoles, de maisons des aînés, d’hôpitaux ainsi que d’infrastructures routières et de transport collectif.
http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2021-2022/fr/documents/PlanBudgetaire_2122.pdf. Discours sur le budget 2021-2022. Page A.15. Consulté le 26 mars 2021.
Annexe 2
Les offres salariales du gouvernement aux représentants syndicaux des secteurs public et parapublic
Dans le cadre des négociations pour le renouvellement des conventions collectives des employés de l’État, des propositions d’entente de principe ont été présentées aux représentants syndicaux des secteurs public et parapublic.
Les ententes conclues avec la plupart des employés de l’État pour la période 2015-2020 sont venues à échéance le 31 mars 2020.
Dans le contexte particulier de la pandémie, le gouvernement a révisé au printemps 2020 sa proposition en ramenant la période couverte par le prochain renouvellement de cinq à trois ans, comme le demandaient l’ensemble des organisations syndicales au moment du dépôt de leurs propres propositions en octobre 2019.
Les bonifications récurrentes offertes totalisent 6,20 % sur trois ans.
Le gouvernement maintient son offre de paramètres salariaux de 5,00 % sur trois ans, alors que la variation prévue de l’indice des prix à la consommation (IPC) de 2020 à 2022 totalise 4,87 %. À cela s’ajoutent des bonifications récurrentes de 1,20 % afin de mettre en œuvre ses engagements visant certains groupes d’employés tels que les préposés aux bénéficiaires, les enseignants et les infirmières, et des marges de manœuvre sectorielles pour l’organisation du travail.
De plus, la prise en compte des montants forfaitaires offerts, soit 1 % en 2019-2020 et en 2020-2021, amène une bonification non récurrente additionnelle de 2 % pour la période de renouvellement proposée.
Cette proposition est avantageuse considérant l’inflation prévue et en raison d’un déficit structurel important qui devra être résorbé à la suite de la crise.
Ces éléments sont inclus dans le cadre financier du Plan budgétaire du Québec – Mars 2021.
http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2021-2022/fr/documents/PlanBudgetaire_2122.pdf. Discours sur le budget, page H46. Consulté le 26 mars 2021.
Précision
Le Fonds des générations est alimenté par des prélèvements fiscaux : redevances sur sur l’eau, sur les ressources minières, une partie des taxes sur l’alcool, etc. plus les revenus de placement du Fonds lui-même.
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