Climat vs météo
Quand il fait -39 degrés avec un vent du Nord vers la fin de janvier, c’est tentant d’affirmer avec air de détective privé que les scientifiques disent n’importe quoi et que les changements climatiques ne sont pas ce qu’on nous annonce depuis tant d’années, parce que le gros bon sens dit qu’il fait frette en crisse dehors. C’est tentant oui, mais seulement pour n’importe quel ignorant qui ne sait pas faire la différence entre la météo autour de lui, étudiée à très court terme, et les climats d’une planète étudiés dans tous les coins depuis 100 ans.
De plus, trouver une vieille coupure d’un journal local de Sherbrooke datant du 26 décembre 1964 annonçant un Noël vert n’est pas un argument valide qui prouve que l’activité de l’Homme n’a aucun impact sur la planète actuellement. C’est même très idiot.
Je vous recommande de toute urgence le livre Climat et météo pour les nuls. Pour garder le plaisir en apprenant (ainsi que le peu de crédibilité qu’il vous reste sur les changements climatiques), n’attaquez pas des sujets plus difficiles comme la fonte des glaciers ou l’acidification des océans avant d’avoir définitivement compris que la NASA ne fait pas le même type de prédiction que Météomédia.
Le pétrole
La plupart des chroniqueurs, et même des économistes de droite, adorent parler de pétrole. Le problème, c’est que vous n’y connaissez rien du tout à ce sujet non plus, sauf pour la partie sensible des taxes. Presque tous, vous avez un jour ou l’autre remis les rêveurs dans le droit chemin en leur rappelant que le pétrole, ce n’est pas seulement que de l’essence à la pompe.
Vous brandissez ensuite une liste des produits fabriqués à base de pétrole que nous perdrions avec une sortie du pétrole et vient ensuite le très très prévisible sophisme de la pente glissante : « Allons-nous revenir à l’époque où l’on vivait dans des cavernes avec ça !? Allô ! » De manière paternaliste, vous concluez à coup sûr que le pétrole, ce n’est pas super, mais nous n’avons pas le choix de continuer à l’utiliser.
La farce s’arrête ici, il faudra trouver un autre argument bidon que la perte des objets fabriqués à base de pétrole pour faire peur aux gens, et je vais démolir votre propagande avec une seule donnée :
Ce sont les secteurs du transport et industriel le problème avec le pétrole, rien d’autre, surtout lorsque l’on constate que la part du transport dans l’utilisation est en augmentation constante depuis 1973 et que la consommation totale a presque doublé. La réduction du secteur industriel dans l’utilisation du pétrole ne s’explique que par un retour au charbon depuis 1973. C’est même tentant de vous faire peur à votre tour, en vous rappelant que c’est en continuant de brûler le pétrole un litre à la fois dans le transport, que nous allons réellement finir par ne plus être capables de fabriquer des objets avec ce bon vieux jus de dinosaure, qui ne prend seulement que 350 millions d’années à se former.
La dette et l’argent
Souhaitons que 2016 soit finalement l’année où vous allez considérer une petite différence dans le coefficient de difficulté entre les dettes d’un État et vos dettes personnelles de 4000$ par mois. Non, équilibrer un budget de l’État n’est pas aussi simple que d’équilibrer son budget personnel, parce que l’État, ce n’est pas une personne qui travaille et reçoit un salaire fixe avec du chômage quand l’ouvrage manque, et ce n’est pas une entreprise privée pour votre information.
Je sais que c’est un sujet complexe qui demande beaucoup de temps à introduire, mais simplifier la dette du prochain budget en disant que ça se retrouve sur la « carte de crédit de nos petits enfants » est l’équivalent de se tatouer dans le front qu’on a rien compris a ce système monétaire basé sur le crédit créé par les banques privées. C’est rarement payant d’un point de vue intellectuel de répéter les lignes que François Legault lance dans les points de presse de toute façon.
La planète est endettée à 286% de son PIB (http://www.express.be/business/fr/economy/la-dette-mondiale-atteint-286-du-pib-de-la-planete/213518.htm), sommes-nous déjà rendus aux cartes de crédit des enfants qui vont venir au monde en l’an 2239 ou il vous manque quelques infos sur le sujet ? Ce système monétaire est ridicule, les dettes vont proliférer éternellement parce qu’il n’y a que de la dette en circulation plus les intérêts, avec virtuellement aucune limite à la création de crédits. Vous pourriez peut-être vous y intéresser un peu, comme votre idole néolibérale Milton Friedman qui proposait le 100% monnaie, au lieu de militer pour sacrifier votre prochain au nom de ce système.
En bonus, soutenir le 100% monnaie (http://fr.liberpedia.org/Monnaie_pleine) vous permettrait de ne pas trop modifier votre marotte qu’on doit vivre selon nos moyens, puisque qu’avec ce système « les banques détiennent des réserves correspondant à 100% des dépôts monétaires, soit une « couverture de 100% ». Autrement dit, cela voudrait dire, en termes simples, que les banques ne peuvent prêter que l’argent qu’elles ont, qui existe, et non de l’argent qu’elles n’ont pas, qui n’existe pas. »
Gauche, droite et le socialisme
Je ne voulais pas nommer de nom, mais cette section s’adresse surtout aux boys de la radio de Québec. Personnellement, j’en ai rien à battre vous utilisez la gaugauche comme bouc émissaire pour chaque problème de la société, même ceux mondiaux comme le terrorisme. Il est normal de voir des clous partout lorsqu’on ne possède qu’un marteau dans son coffre à outils. Le problème commence quand la définition de la gauche inclut les cyclistes, les autres médias qui n’utilisent pas un langage populiste (les mots complexes sont même devenus de gauche avec vous !), les autochtones, ceux qui prennent l’autobus, les chômeurs, les Montréalais, les scientifiques qui détruisent vos croyances ou tous ceux qui n’ont pas voté pour Harper.
Finalement, c’est qui la droite avec votre impressionnante liste de gauchistes ? Est-ce que Jérôme Landry décrit bien le profil ici dans un des succulents articles de Nathalie Petrowski paru avant les fêtes ?
« Les radios nous engagent parce qu’on ressemble à nos auditeurs, explique Jérôme Landry. On est des pères de famille. On vit en banlieue. On conduit des VUS. Ce qu’on raconte en ondes, on l’a entendu au Tim Hortons. »
Voilà qui expliquerait bien des choses des radios de Québec, si l’on prend sa déclaration au pied de la lettre. De la provenance de vos sources jusqu’à votre professionnalisme en ondes, en passant par cette manie de voir la gauche partout, sauf dans les banlieues de Québec qui forment le dernier bastion de résistants.
Par pitié, arrêtez aussi de parler de socialisme ou de communisme au Québec parce que vous avez vu de l’essence moins chère à Plattsburgh, ou avez parcouru 600 km en autobus pour aller acheter des bouteilles de vin à 8$ en Ontario qui en coûtaient 11$ à la SAQ. Ce n’est pas le socialisme que vous fait mal paraître ainsi, mais bien la crédibilité de ceux et celles qui répètent fidèlement vos propos ensuite.
Le contribuable et les taxes
Parfois en écoutant votre message, j’ai l’impression que payer des taxes et impôts, c’est de l’argent cash qu’on envoie dans un endroit sombre, avec des gens payés 250$ de l’heure qui brûlent le fric au lance-flamme. C’est comme si vous étiez toujours pris dans l’étape 1 du cycle, qui est de payer oui, et ensuite les lumières s’éteignent. Vous n’êtes subitement plus capable de suivre l’argent et ce qui en découle ensuite.
Par contre, un Walmart qui sort une tonne d’argent du pays chaque jour tout en employant une horde de gens à temps partiel qui n’arrivent plus à quitter le seuil de pauvreté, voilà de la grande économie qui roule et de la création de richesse ! Parce qu’encore une fois, vous restez pris à l’étape 1 du cycle, qui est le rabais sur le papier de toilette que vous achetez, sans être capable de voir les conséquences un peu plus loin. Si ce n’était seulement que votre parti prix à élever l’entreprise privée au rang de divinité en dénigrant la fonction publique, ce serait encore risible. C’est votre sélection de l’indignation sur vos maux de taxe qui m’écoeure.
Bombarder la Libye en y préparant ainsi le terrain pour l’extrémisme religieux, donner des milliards à des compagnies pétrolières ou compenser l’argent que les riches détournent via les paradis fiscaux, légalement ou pas, finissent par se payer avec les mêmes maudites taxes et impôts que les niaiseries que vous trouvez !
Même en ayant fait une spécialité de critiquer les dépenses des gouvernements, vous n’arrivez même pas à trouver des vrais os à gruger. Les fonctionnaires et les chômeurs font de bien meilleures cibles, c’est plus facile à comprendre, et pas de chance d’attaquer un commanditaire par la bande...
L’indépendance du Québec et le partage des compétences
Vous êtes presque tous fédéralistes, et ça ne me dérange pas du tout. J’ai cependant hâte de vous entendre avoir un peu de cohérence sur le sujet avec le reste de vos prises de position.
Vous trouvez que le gouvernement nous étouffe et que les fonctionnaires coûtent cher, mais vous tenez mordicus à être pris avec deux gouvernemamans, payer deux élections, deux registres des armes à feu et du dédoublement de fonctionnaires un peu partout.
Il serait peut-être temps de revenir à la base et jaser du partage des compétences, que tous semblent oublier. S’occuper de la santé, de l’éducation ou des routes au Québec est plus casse-gueule économiquement que de décider de la politique étrangère ou construire des grands ponts dans le Canada. Ajoutons à cela que la politique provinciale est beaucoup plus scrutée à la loupe qu’au fédéral et ça crée une distorsion de la réalité. Elle vient précisément de là votre impression que le « Canada gère mieux que le Québec » et que le gouvernement fédéral est moins envahissant.
Dans les faits, qui a le mieux survécu à la crise mondiale de 2008 ? Le gouvernement canadien de votre bon ami Stéphane a fait des déficits de 61, 36, 27 et 18 milliards respectivement entre 2010 et 2013. Le gouvernement du Québec s’en est tiré avec un déficit de 13,7 milliards pour la même période de 4 ans.
La bonne nouvelle, c’est que vous allez remarquer les déficits qui proviennent d’Ottawa à nouveau, puisque ceux-ci ne seront pas l’oeuvre d’un conservateur qui prive Radio-Canada de ses moyens.
Note : Non, je ne vous prends pas pour des imbéciles. Je suis très conscient qu’il y a un marché pour la duperie médiatique au Québec, comme partout ailleurs. Profitez-en pendant que la manne passe.