Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Accepter l’inacceptable ?

Les audiences du BAPE dit « générique » sur le « Projet Oléoduc Énergie Est – section québécoise » sont en cours. Promoteurs, experts et citoyens sont invités à s’exprimer. En novembre 2016, après avoir entendu toutes les parties, les commissaires présenteront au ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques un rapport qui étaiera sa position devant l’Office national de l’énergie du Canada.

Comme si cela ne suffisait pas, un deuxième BAPE dit « spécifique » portant sur le même projet devrait également tenir des audiences à une date ultérieure. Du moins si le promoteur du projet, la société TransCanada, condescend enfin à soumettre au gouvernement du Québec un avis de projet. En principe, il est tenu de le faire en vertu de l’article 31.1 de la Loi sur la qualité de l’environnement… et pour se conformer à l’injonction qu’a dû lui adresser le ministre, rappelé à l’ordre par des citoyens inquiets et de plus en plus perplexes. C’est en se fondant sur cette deuxième enquête, que le ministre délivrera ou non au promoteur un certificat d’autorisation.

On peut se demander pourquoi on multiplie ainsi analyses, études et consultations. Est-ce vraiment par prudence, par précaution, par souci du bien commun ? Ou est-ce parce qu’on attend que la population se lasse d’entendre parler de la chose et finisse par accepter le caractère inéluctable d’une décision qui de toute façon est déjà prise ?

Désemparées par la chute des prix du pétrole et par l’évolution des marchés de l’énergie, les pétrolières semblent préférer entraîner la population dans leur chute, plutôt que de se rendre à la raison et de mettre graduellement un frein à leurs activités pour sauver ce qui nous reste de planète. Confondant leurs intérêts avec ceux de l’humanité tout entière, elles veulent nous convaincre que « nous » n’avons pas le choix : il faut aller de l’avant, sinon toute l’économie va s’effondrer et le ciel va nous tomber sur la tête.

Déjà chroniqueurs et commentateurs, sur un ton fataliste, commencent à lâcher prise. Rien ne sert de résister ! C’est le rouleau compresseur du progrès, de « l’intérêt national », des « contraintes économiques ». C’est aussi inévitable qu’un orage, un tsunami ! Alors passons à autre chose et continuons de danser !

On sait pourtant aujourd’hui – cela fait presque l’unanimité chez les scientifiques – que la seule façon de sauver la planète et les humains qui l’habitent est de laisser dans le sol les deux tiers des ressources fossiles connues et de freiner dès maintenant l’extraction des hydrocarbures non conventionnels, comme le pétrole des sables bitumineux. On sait donc qu’en réalité, le seul choix que nous avons, le seul choix responsable, c’est d’assurer au plus vite une transition énergétique cohérente.
Bien sûr, ce sera difficile ! Il y aura des victimes. De grandes fortunes vont fondre, des emplois vont disparaître, l’équilibre des pouvoirs risque même d’être modifié. Mais, comme toujours, les cartes vont être rebrassées et d’autres emplois vont être créés, d’autres fortunes vont naître. Et tout le monde s’en portera mieux.

De toute façon, nous n’avons vraiment plus le choix, sinon le ciel va littéralement nous tomber sur la tête !
François Prévost
Membre du Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec

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