Pour se démarquer et ne pas mourir, j’ai l’impression que Jean-François Lisée veut revenir à la « social-démocratie » du PQ d’il y a plusieurs décennies ou plutôt s’en rapprocher un peu (nous ne sommes plus dans la période économique des « trente glorieuses »). La nomination de madame Véronique Hivon à titre de coprésidente, le retour de monsieur Aussant expriment à tout le moins, « la volonté d’en donner l’air ». Aussant n’adhère pas à l’ensemble du programme actuel de QS notamment sur le plan économique et des relations de travail, ni à volonté de faire de la politique autrement qu’il juge sans doute utopique. Ce qui n’est pas rien.
Il s’est fait remarqué tout particulièrement lors du printemps 2012 où il prônait la gratuité universitaire et, plus tard, par son discours lors du décès de Parizeau (réaffirmer haut et fort la nécessité de la souveraineté) et, enfin, par sa valorisation des entreprises d’économie sociale (importantes certes, mais qui présentent aussi des failles dans le cadre de l’économie dominante actuelle). C’est un homme qui, malgré ses valses hésitations, est « articulé » dans sa pensée de vouloir réformer les « excès » du capitalisme alors qu’en principe, sur le moyen et long terme, QS prétend vouloir travailler à son dépassement...
S’il retourne au PQ et qu’il gagne ses élections, son objectif est sûrement d’en devenir le chef. PKP parle de revenir et j’imagine qu’il anticipe de retourner à cette même place. Course à la chefferie très possible. On peut même penser qu’Aussant devenu éventuellement chef voudra faire front uni avec QS sur la stricte question de l’indépendance. Bon, ici, nous sommes dans maintes « spéculations », mais en même temps, d’autres scénarios sont-ils vraiment possibles pour un PQ qui bat de l’aile dans le contexte d’une montée du conservatisme au sein de la population québécoise ? On verra comment tout cela aboutira.
Bon, tout cela dit, je crois pour ma part, qu’il faudra plus que ces réaménagements d’individus au PQ pour changer la situation au Québec et de sa population, tirée par la « main invisible du marché » de l’économie mondiale à laquelle la nôtre est désormais inexorablement attachée comme c’est le cas pour la totalité des pays dans le monde. Le pouvoir réel est économique et transnational et les États le sont devenus tous plus ou moins - transnationaux - (puissance du capitalisme financier à laquelle nous sommes intégrés, accords de libre échange liant les États apparemment nationaux et qui en sapent l’autonomie, etc.) Ceci dit, cette réalité brutale que je décris sera également foudroyante pour un hypothétique gouvernement « solidaire ».
Ce retour reste donc pour moi un élément marginal et « non sauveur » dans le contexte actuel de la situation de la population du Québec. On voit poindre, par ailleurs, des poches de résistance populaire au Québec et ailleurs dans le monde. Même si cette résistance avorte souvent, qu’elle manque de solidarité et de stratégie dont sur le plan international, ce sont les mouvements populaires nationaux et internationaux, devenant eux aussi « transnationaux », qui pourront changer la donne. Je miserais d’abord là-dessus pour croire à un changement possible dans la durée, ici comme ailleurs. Les élections passent, la conscientisation et l’organisation multiforme permettent de construire quelque chose dans la durée.
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