14 octobre par La Via Campesina
Par le biais de leur vaste lobbying clandestin, les multinationales ont mis en place des cadres politiques, légaux, économiques et commerciaux en vue de légitimer leur avidité de profits et la destruction de la nature.
Par exemple, le Système juridictionnel des investissements (ICS en anglais) ou le Règlement des différends entre investisseurs et Etats (ISDS en anglais) ainsi que les accords de libre-échange (comme le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement [TTIP], l’Accord économique et commercial global [CETA], l’accord de libre-échange Nord-américain [NAFTA], le Partenariat Transpacifique [TPP], les accords globaux de partenariat économique régional [RCEP]) sont tous biaisés en leur faveur afin d’assurer le contrôle total de la production et de la distribution dans le secteur agricole au niveau mondial. Pour y parvenir, ils disposent d’outils, comme les régimes de brevets et de propriété intellectuelle. Ces outils entraînent l’illégalité des semences paysannes, fondement même de l’agriculture. Remplacée par des cultures uniformes, la biodiversité s’effrite. Par le biais de leurs nouvelles technologies destructives, ils accaparent les terres paysannes, en particulier dans les pays en développement, sous le prétexte qu’il faudra « nourrir 9 milliards de personnes vers 2050 ».
Pour autant, les peuples du monde ripostent et cherchent à faire reculer l’emprise de ces grandes entreprises en occupant des terres, en cultivant leurs propres semences et en luttant au niveau mondial. Dans le cadre de l’ONU, La Via Campesina et ses alliés continuent à se battre pour l’adoption d’une Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales afin d’assurer la reconnaissance et la protection de ce groupe qui contribue en grande partie à l’application du droit à la souveraineté alimentaire dans le monde |1|. La prochaine étape serait d’établir un Traité contraignant pour réduire le pouvoir des transnationales et les tenir redevables des crimes qu’elles commettent. Du 12 au 16 octobre 2016, se tiendra à La Haye, aux Pays Bas le Tribunal Monsanto lors de l’Assemblée des peuples pour entendre et juger les cas contre Monsanto ainsi que contre d’autres entreprises afin de statuer quant à leur responsabilité criminelle.
Depuis 2015, nous avons été les témoins de niveaux sans précédent de regroupements entre quelques grandes multinationales agro-alimentaires sous la forme de fusions et d’acquisitions comme Monsanto-Bayer, Dow-DuPont, ChemChina-Syngenta, Agrium Inc. et Potash Corp. Suite à ces regroupements, seulement quatre multinationales contrôleront plus des deux tiers de la production mondiale agricole, s’octroyant ainsi à leur profit la capacité de tenir en otage l’agriculture mondiale.
Il y aura une augmentation de la faim et de la pauvreté alors que ces multinationales, gagnent de gros bénéfices en secret, réduisent la biodiversité alimentaire et resserrent impunément leur contrôle sur les politiques agricoles des états souverains.
Alors que nous célébrons cette journée, nous réclamons une transformation radicale afin d’obtenir un système alimentaire équitable et digne pour tous, fondée sur les principes de la souveraineté alimentaire, reconnaissant les besoins des peuples, revendiquant la dignité, respectant la nature et mettant les peuples avant le profit !
La souveraineté alimentaire maintenant !
Solidarité et Lutte pour la terre et la souveraineté alimentaire !
Contact pour la presse :
Andres Arce Indacochea :
Source : La Via Campesina
Notes
|1| Les paysans produisent plus de 70% de l’alimentation consommée dans le monde.