Édition du 25 mars 2025

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Environnement

Val-Jalbert : « Face cachée » de la transparence péquiste

Pendant que la Commission Charbonneau enquête sur les agissements des firmes d’ingénierie et que l’on se questionne sur l’intégrité de nos élus, le chantier en cours pour la construction de la petite centrale hydroélectrique de 16 MW sur le site du Village historique de Val-Jalbert, au Lac St-Jean, passe sous les radars médiatiques, dans l’indifférence des Québécois et des Québécoises.

L’auteur est de la Fondation Rivières.

Pendant que notre première ministre, Pauline Marois, se targue de vouloir laver plus blanc que blanc en matière d’éthique et de transparence, le projet de Val-Jalbert (qu’elle a personnellement autorisé, en décembre), est en voie de devenir un dossier noir pour son gouvernement, une épine profondément accrochée à son pied.

Sur le site du chantier, on peut maintenant recevoir la propagande gratuite des promoteurs en visitant un petit kiosque baptisé « info mini-centrale ». Depuis le 1er juin, les touristes ont droit à des explications fournies par des employés bien dressés, au sujet des mesures d’atténuation des impacts occasionnés par les travaux, à des justifications bancales du projet sur les plans économiques et environnementaux, à de beaux panneaux montrant la future centrale, « modèle » de développement régional, et la future « chute à piton », qui sera artificialisée avec un débit fixe de 7 mètres/cube par seconde.

Évidemment, rien sur ce qui se trame depuis plusieurs mois derrière cette belle façade !

Ce dossier noir du gouvernement Marois contient des irrégularités qui contreviennent aux lois et règles administratives en vigueur dans la gestion des appels d’offres (fractionnement des contrats en lot de 25 000 $, attribution de contrats de gré à gré, absence de publication officielle sur internet), ainsi que des apparences de conflits d’intérêts. Elles ont fait l’objet de plaintes auprès du Commissaire aux plaintes au ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du Territoire (MAMROT).

Ce dernier a été saisi de toutes les preuves documentées, mais n’a pas répondu aux arguments évoqués autrement que par un avertissement sans conséquence pour les promoteurs, et il a refusé de dévoiler publiquement le contenu de son rapport. Comment le ministre Gaudreault et sa cheffe peuvent-ils justifier cette absence de transparence ?

Ce dossier noir contient aussi de la censure sur Internet, une poursuite-baîllon de plusieurs milliers de dollars contre certains opposants au projet, la limitation à son strict minimum du droit de parole du public lors des séances de la MRC Domaine-du-Roy (dont une sous haute surveillance par la Sureté du Québec), le saccage d’un campement de vigie, et ce sans que personne ne voie comment ce gouvernement ignore et semble cautionner de tels gestes. Val-Jalbert, c’est aussi une question d’atteinte à la démocratie.

Plusieurs autres irrégularités ont été soulevées dans la gestion gouvernementale elle-même :

 Non-respect de l’avis du Conseil du patrimoine culturel du Québec demandant de rehausser le débit minimal, mentionnant que l’acceptabilité sociale (critère obligatoire pour qu’un projet soit admissible au Programme de petites centrales au ministère des Ressources naturelles) est insuffisante, et qu’il existe un possible conflit d’intérêts de la MRC avec la nouvelle Loi sur le patrimoine culturel ;

 Décret gouvernemental émis sans avoir l’autorisation du ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto ;

 Rapport du BAPE complaisant rédigé par un ex-collaborateur libéral ;

 Non-respect de plusieurs recommandations de la Commission d’enquête Doyon, sur les petites centrales ;

 Non-respect de l’opinion publique exprimée dans deux sondages scientifiques indiquant que 61% de la population souhaite l’abandon ou un moratoire sur le projet ;

 Absence de consultation de la communauté Inue de Masteuiatsh ;

 Non-rentabilité pour la population québécoise, car ce projet occasionnerait à Hydro-Québec des pertes annuelles de 4M$, soit 80M$ pour la durée du contrat.

Si vous allez vous promener du côté du Village historique de Val-Jalbert cet été, n’oubliez pas qu’il n’y a pas que la lune qui possède une face cachée...

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