Kim Campbell a dit un jour qu’« une élection n’est pas le moment de discuter de questions sérieuses ». Alors que la plupart des politiciens rejetteraient la franchise de l’ancienne Première ministre, ils suivent largement sa logique, offrant des extraits sonores et des propositions percutantes plutôt que des réformes politiques substantielles.
Reconnaissant les paramètres souvent rigides de la campagne électorale, l’Institut canadien de politique étrangère a élaboré une plateforme de politique étrangère concise, pratique et gratuite que nous croyons que la plupart des électeurs progressistes pourraient appuyer :
1. Annuler le contrat de véhicule blindé léger de plusieurs milliards de dollars de la Société canadienne commerciale avec l’Arabie saoudite. Le Canada ne devrait pas armer l’un des pays les plus répressifs au monde, qui est responsable de souffrances incroyables au Yémen.
2. Renforcer la réglementation sur les exportations d’armes afin de rendre la législation canadienne pleinement conforme au Traité sur le commerce des armes.
3. Retirez-vous du Groupe de Lima des nations qui cherchent à renverser le gouvernement vénézuélien. Initié par le Canada et le Pérou il y a quatre ans, le Groupe de Lima a récemment perdu bon nombre de ses membres fondateurs.
4. Libérer Meng Wanzhou dans le cadre des négociations pour le retour de Michael Spavor et Michael Kovrig. Le Canada aurait dû ignorer la demande d’extradition de Donald Trump.
5. Mettre fin à la participation navale canadienne aux missions provocatrices dirigées par les États-Unis en mer de Chine méridionale.
6. Soutenir énergiquement une dérogation au brevetde l’OMC pour les vaccins contre la COVID-19.
7. Permettre à Biolyse Pharma du Canada de remplir son contrat avec la Bolivie pour produire des vaccins contre la COVID-19 si la dispense de brevet est accordée.
8. Signez le Traité d’interdiction nucléaire des Nations Unies. Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est entré en vigueur en janvier et 97 pays ont déjà signé cet effort de criminalisation des armes nucléaires.
9. Donner à l’ombudsman canadien pour l’entreprise responsable le plein pouvoir d’enquêter et de retirer le soutien public aux sociétés minières canadiennes jugées responsables d’abus importants à l’étranger.
10. Imposer un moratoire sur la négociation d’accords de promotion et de protection des investissements étrangers (FIPPA), qui accordent aux entreprises des pouvoirs spéciaux pour poursuivre les gouvernements pour manque à gagner devant les tribunaux internationaux.
11. Retirez-vous du Groupe de base qui façonne fortement les affaires haïtiennes. Le Canada ne devrait pas faire partie d’une alliance d’ambassadeurs internationaux qui dictent aux Haïtiens.
12. Retirer les troupes canadiennes de la frontière russe en Ukraine et en Lettonie.
13. Relancer les relations diplomatiques avec l’Iran rompues par le gouvernement de Stephen Harper.
14. Retirez les forces armées canadiennes d’Irak. Il n’est pas dans l’intérêt du Canada d’être impliqué dans un conflit par procuration avec l’Iran.
15. Retirer l’opposition canadienne à l’enquête de la Cour pénale internationale sur les crimes de guerre israéliens.
16. Appliquer la Loi sur l’enrôlement à l’étranger aux groupes qui recrutent pour l’armée israélienne au Canada.
17. Demandez à l’Agence du revenu du Canada d’enquêter sur les organismes de bienfaisance enregistrés qui enfreignent ses règles en soutenant l’armée israélienne, les organisations racistes et les colonies de Cisjordanie.
18. Appelez à la fin de l’exemption pour les émissions de gaz à effet de serre des militaires lors des prochaines négociations sur le climat de la COP26. Cesser d’exempter le ministère de la Défense nationale des cibles gouvernementales de réduction des GES.
19. Abandonnez le plan visant à dépenser jusqu’à 5 milliards de dollars en drones armés.
20. Imposer un moratoire sur l’achat de nouveaux avions de combat. Les 19 milliards de dollars – 77 milliards de dollars sur leur cycle de vie – mis de côté pour l’achat prévu devraient être redésignés vers une transition juste vers l’abandon des combustibles fossiles.
Aucun de ces 20 points n’est particulièrement radical. Aucune ne nécessite de nouvelles ressources importantes. Beaucoup permettront aux contribuables d’économiser des sommes importantes. De plus, le plan n’exige pas que le Canada se retire de ses alliances internationales ou de ses accords de libre-échange, et il s’aligne sur la Charte des Nations Unies. Ces propositions sont également conformes à la prétention du gouvernement de soutenir un « ordre international fondé sur des règles » et une « politique étrangère féministe ».
La mise en œuvre de ces propositions nous mettrait sur la voie d’une politique étrangère plus juste, augmenterait la position du Canada au sein de la communauté mondiale et réhabiliterait notre réputation internationale après avoir perdu une candidature très médiatisée pour l’un des sièges tournants au Conseil de sécurité des Nations Unies l’an dernier.
Avant les prochaines élections fédérales, il faudrait demander aux candidats de tous les partis s’ils appuient ces modestes propositions.
Bianca Mugyenyi est auteure, militante et directrice de l’Institut canadien de politique étrangère. Elle est basée à Montréal.
Un message, un commentaire ?