Mais qu’en est-il des autres options ? Un nouveau joueur sur la scène politique québécoise vient soudainement redonner une possibilité enthousiasmante pour l’électorat profondément attaché à l’option indépendantiste : Option nationale. Québec solidaire gagne du terrain aussi, une option bien attrayante à cause principalement d’un de ses leaders, Amir Khadir, qui est, incontestablement, le politicien avec le plus de charisme à l’Assemblée nationale, appuyé par son militantisme de terrain qui le classe vraiment à part des autres politiciens, et son sens aigu de la démocratie et des valeurs sociales qui en fait un chef des plus sympathiques pour des révolutionnaires socialistes, et aussi indépendantistes, même si Québec Solidaire ne place toujours pas cet enjeu comme une priorité nationale.
Cependant, le joueur important de la prochaine élection, qu’on soit d’accord ou pas, c’est le Parti Québécois, qui détient tout de même la majeure partie du vote souverainiste et anti-libéral. Récemment, nous sommes en train de constater le recrutement de vedettes politiques qui vont certainement donner un coup de pouce positif au parti, notamment Pierre Duchesne, qui sera un atout important au plan de l’information politique, Léo Bureau-Blouin, qui amènera un vent de fraîcheur en rajeunissant l’équipe, non pas seulement à cause de son âge, mais aussi par son discours plus actuel, et Jean-François Lisée, dont les analyses politiques sont indéniablement empreintes d’une grande expérience et d’un contrôle du discours qui est très bien rodé. Tout ça est bien beau, mais quelque chose vient vraiment perturber l’image de cette élection, c’est la propagande exaspérante des militants péquistes, qui n’en finit plus de polluer tous les babillards des indépendantistes déclarés sur les réseaux sociaux pour, soi-disant, unir le vote.
Les mêmes arguments sont répétés en boucle par une multitude de militants pro-PQ jusqu’à en faire une indigestion. Mais je me suis mis à faire ma propre analyse de leurs arguments, et je me rends compte que, malgré tout, la plupart ne tiennent pas la route, parce qu’ils ne visent pas la vraie source du problème, et surtout, leur discours n’est guère plus enthousiasmant que celui du PLQ.
J’ai mis en valeur les chiffres démontrant la participation aux élections provinciales, un graphique simple avec une comparaison toute simple qui remet en question les arguments des militants péquistes.
Voter ON ou QS ou tout autre parti souverainiste divise le vote souverainiste et donne l’avantage au PLQ.
C’est faux. On peut observer que la courbe orange, qui représente tous les autres partis, soit les autres à part le PQ et le PLQ, varie plutôt par opposition au PLQ qu’au PQ. La seule variation importante fut en 2007 alors que l’ADQ faisait une montée fulgurante pour prendre le dessus sur le PQ comme parti de l’opposition. Et pourtant, l’ADQ n’était pas souverainiste à l’époque. L’ADQ s’était affichée comme autonomiste. C’est la seule montée de la totalité des autres partis qui a fait dégringoler le PQ depuis son existence. Il faut comprendre que, souvent au Québec, on ne vote pas par conviction, mais par contestation. Ce fut le cas de la vague orange du NPD. Donc les votes pour Option nationale, de Québec solidaire et le PQ seront tous des votes de contestation du gouvernement actuel. Inévitablement, tous vont gruger la majorité du gouvernement libéral.
Voter PQ est la seule façon de déloger le PLQ...
C’est encore faux. Cette propagande bipartiste ne fait qu’entretenir le va-et-vient entre deux vieux partis qui conviennent de se partager cette place en maintenant intentionnellement le système électoral par représentation, ce qui nuit visiblement à la démocratie en reléguant tout autre option à la marginalité. L’argument que le PQ devrait plutôt utiliser, c’est VOTER est la seule façon de déloger le PLQ. Cette façon de présenter les choses est bien plus rafraîchissante au point de vue démocratique, et elle est tout aussi gagnante pour le PQ. Si on se fie encore au graphique précédent, vous remarquerez que le vote péquiste est pratiquement synchronisé avec la participation totale de l’électorat. Ce qui veut dire que faire la promotion du vote, de la participation à la vie démocratique va essentiellement mettre le PQ en avance, parce que si le vote ON et QS augmente, celui du PQ aussi augmente nécessairement, toujours par opposition au vote libéral.
En superposant la courbe du pourcentage de participation aux élections, on observe que depuis 1976, chaque fois que la participation était en haut de 80%, le PQ était au pouvoir, qu’il fut majoritaire ou minoritaire, par la peau des fesses ou pas. C’est une observation qui vaut quand même la peine d’être souligné.
Vous conviendrez avec moi que les citoyens qui s’abstiennent de voter le font par mépris pour la politique en général. Ce mépris envers la classe politique, le PQ y a grandement contribué dans les années du gouvernement Bouchard, comme mon ami Jean-Claude Pomerleau le souligne très bien dans son texte sur vigile.net, « La trahison de Lucien Bouchard ». Donc, un bonne partie des adeptes de l’abstention sont probablement des souverainistes déçus. On compte environ 2,5 millions de Québécois qui ne votent pas. L’électorat libéral a lui aussi dégringolé, mais il y a un groupuscule de gens qui héritent des échanges de mauvais principes, qui eux sont indélogeables. Les déçus du PLQ depuis les dernières années vont probablement voir une porte de secours dans la CAQ, malgré les frasques incroyables de ses candidats aux déclarations ridicules, tous plus clownesques que les autres, et j’inclus bien naturellement le numéro un des débilités, François Legault. On vivra probablement une première vraie division du vote fédéraliste.
La différence entre le Parti libéral et le PQ n’est que très mince, moins d’un quart de millions de votes, alors qu’il reste plus de 8 fois ce nombre de citoyens qui ne votent pas. Pourquoi le PQ s’obstine sans relâche à écœurer, et j’utilise le mot dans le sens étymologique, les indépendantistes qui ont fait leur choix avec ON ou QS et qui ne reculeront pas ? Pourquoi ne pas aller chercher les citoyens qui n’ont pas encore fait leur choix et qui n’ont plus d’espoir en ce gouvernement corrompu ? Est-il plus facile de ne pas proposer un programme électoral plus audacieux et plus enthousiasmant ? Personnellement, je ne voterais pas PQ, parce que ma vision actuelle des choses, c’est une vision révolutionnaire. Le système doit être complètement bouleversé, pas seulement pansé. Comme disait Marx, le prolétariat ne peut pas se contenter de s’emparer de la machine d’État pour la faire fonctionner à son profit, mais il doit la détruire de fond en comble. Il faut repenser complètement ce système et mettre la Mère-Terre, comme l’appellent les Autochtones, comme priorité et les peuples au service de sa protection, au-delà de toute autre priorité purement artificielle.