Nous espérons maintenant que ce rapport ne viendra pas trôner sur les tablettes de notre gouvernement », affirme le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent, réagissant au dépôt du rapport Ménard.
La concurrence entre les établissements : un grand oublié !
La CSQ constate toutefois que le rapport fait complètement abstraction des enjeux concernant la concurrence entre les établissements, qui mine l’école publique. Pas un mot sur l’érosion de l’école publique vers l’école privée, ni sur la concurrence entre les établissements qui sélectionnent les élèves pour des projets sélectifs en vidant les classes de leurs meilleurs éléments.
« Nous sommes profondément convaincus que le plan d’action proposé ne sera pas suffisant pour régler le problème du décrochage scolaire et améliorer la réussite éducative. Alors, si le gouvernement n’a pas le courage de s’attaquer à l’épineuse question du financement public de l’école privée, du déplacement de la clientèle du secteur public vers le secteur privé et de la concurrence malsaine que se livrent les écoles publiques entre elles à travers des projets sélectifs, nous reviendrons à la case départ », explique Réjean Parent.
Un objectif de taux de diplomation timide
De plus, l’objectif de porter à 80 % le taux de diplomation d’ici 2020 semble bien timide comparativement à la cible des États généraux sur l’éducation qui était de 85 % pour 2010. « Il est clair que ces beaux efforts seront anéantis si on ne revoit pas la composition des classes, entre autres, l’intégration des élèves en difficultés et le nombre trop élevé d’élèves dans les classes. Nous risquons de nous retrouver, en 2020, avec un autre brave citoyen qui devra revoir à la baisse ses objectifs parce que nous aurons joué une fois de plus à l’autruche avec certaines questions et que le Québec stagnera encore avec un taux de diplomation de 70 %, comme c’est le cas depuis 10 ans », ajoute le président de la CSQ.
La CSQ rappelle aussi la nécessité d’inclure le personnel de l’éducation dans la démarche proposée puisqu’il œuvre au quotidien avec les élèves et qu’il a à cœur la réussite du plus grand nombre d’entre eux. « Le rapport n’est pas très loquace sur la participation du personnel à la réussite éducative et semble oublier que l’école, cela se fait d’abord et avant tout à l’intérieur d’un établissement avec les élèves et le personnel. Ce dernier est en première ligne et, dans bien des régions, nous collaborons et entretenons des liens étroits avec les organismes de persévérance scolaire avec succès », déclare Réjean Parent.
De plus, le rapport omet de mettre l’accent sur l’importance de déceler les difficultés en lecture dès la première année du primaire, et celle de reconnaître très tôt les troubles d’apprentissage et de leur assurer un soutien professionnel.
L’État doit reprendre le leadership et convoquer un sommet
Pour le président de la plus importante organisation syndicale en éducation, « les constats sont faits et il est temps d’agir. Le rapport Ménard est clair à ce sujet, il faut un leadership fort. L’heure est à la recherche d’un consensus des acteurs de la société pour améliorer la réussite scolaire. La CSQ réaffirme la nécessité pour le gouvernement de convoquer, dès ce printemps, un sommet sur la question du décrochage scolaire des jeunes, des jeunes adultes, des autochtones et des communautés culturelles, de manière à définir les grands axes de ce que devrait comprendre une politique interministérielle contenant un plan d’action avec des objectifs clairs et des échéanciers précis pour y parvenir. Il revient au premier ministre de présider ce sommet et au comité des priorités d’en assurer le suivi. Les ministres responsables de l’Éducation, de la Famille, de la Santé et des Services sociaux, de l’Immigration, des Affaires autochtones, des Finances, de l’Emploi et de la Solidarité sociale doivent y être associés, car le décrochage scolaire concerne tous ces ministères.
« Le rapport présenté aujourd’hui s’ajoute aux nombreuses interventions des principaux acteurs de l’éducation qui demandent un sérieux coup de barre pour améliorer la réussite éducative. Après les syndicats, les instances régionales de concertation, les chercheurs, les représentants de la santé publique, les gens d’affaires et les citoyens, c’est maintenant à l’État de prendre le relais et à jouer pleinement son rôle », conclut Réjean Parent.
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