Édition du 17 décembre 2024

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Logement

Rapport sur le marché locatif de la SCHL : Le FRAPRU dénonce la cherté grandissante des loyers et rappelle l'urgence d'agir

MONTRÉAL, le 17 déc. 2024 - Même si le Rapport sur le marché locatif de la Société canadienne d’hypothèques et de logement montre qu’une sérieuse pénurie d’appartements continue de frapper presque tout le Québec, c’est la diminution croissante du parc de logements à plus bas loyer qui inquiète le plus le Front d’action populaire en réaménagement urbain. « Non seulement le loyer moyen a-t-il augmenté de 9,4 % en un an à l’échelle du Québec et encore plus dans certains centres urbains, mais ce sont les logements à plus bas coût qui sont les plus rares dans la plupart des régions métropolitaines », s’inquiète Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

L’organisme réclame que le gouvernement Legault prenne enfin note de cette situation alarmante et agisse rapidement en conséquence, entre autres en se dotant enfin d’objectifs de développement pluriannuels de logements sociaux, échappant à la logique du marché privé de l’habitation.

Des loyers à la hausse

En se basant sur les données de la SCHL, Véronique Laflamme constate que le loyer moyen au Québec est passé de 760 $ par mois au moment de l’arrivée au pouvoir de François Legault en octobre 2018, à 1119 $ six ans plus tard, soit une hausse de 47,2 %. Elle ajoute que « pendant ce temps, le gouvernement caquiste a refusé obstinément de contrôler plus efficacement les loyers et a aboli AccèsLogis, le seul programme québécois spécifiquement consacré au logement social ».

Le FRAPRU précise que depuis 2018, le loyer moyen a grimpé de 46,4 % dans la région métropolitaine de Montréal, dont 8,7 % dans la dernière année. Il est maintenant de 1167 $, toutes typologies confondues. Dans la région de Québec, le loyer atteint en moyenne 1119 $, soit 11,7 % de plus qu’en 2023 et 37,6 % de plus qu’en 2018. À Gatineau où le coût du logement atteint 1329 $ par mois, le plus élevé au Québec, la hausse a été de 10,9 % en 2024 et de 72,6 % en six ans. À Sherbrooke, ces pourcentages sont respectivement de 8,5 % et 60,5 %. Dans la nouvelle région métropolitaine de Drummondville, le loyer est de 956 $ contre 768 $ en 2022, soit 24,4 % de plus. Dans les quartiers centraux des grandes villes, la hausse est encore plus importante. En 1 an elle a été de 16,7 % à Hull, de 15,8 % en basse-ville de Québec, 19,3% au centre-ville de Trois-Rivières, 32,9 % dans l’Arrondissement Rosemont-Petite-Patrie et 24,4 % sur le Plateau-Mont-Royal à Montréal.

Il fait remarquer que dans les régions métropolitaines où les loyers étaient traditionnellement plus bas, ceux-ci ont beaucoup augmentés, en à peine deux ans. Dans la région de Saguenay, le loyer est passé de 686 $ par mois en 2022 à 846 $ en 2024, un accroissement de 23,3 %. À Trois-Rivières, le loyer mensuel moyen est de 850 $. C’est une augmentation de 23,7 % par rapport à 2022, alors qu’il était de 687 $. Véronique Laflamme y voit une « tendance très inquiétante, puisque les revenus y demeurent plus bas que dans les autres régions métropolitaines ».

Une pénurie qui fait surtout mal aux locataires à faible revenu

Le FRAPRU constate que, même si elle paraît moins profonde que l’an dernier, la pénurie de logements locatifs continue à affecter l’ensemble des régions métropolitaines et la plupart des centres urbains du Québec. Dans certaines villes, le taux de logements inoccupés qui devrait normalement être de 3 % est même inférieur à 0,5 %. C’est notamment le cas à Saint-Georges (0,1 %), Montmagny (0,1 %), Rivière-du-Loup (0,2 %), Sainte-Marie (0,2 %), Gaspé (0,3 %), Farnham (0,3 %) ou Alma (0,5 %). À Mont-Tremblant, Pont-Rouge et Saint-Raymond, il est carrément de 0,0 %. À Rouyn-Noranda, il est de 0,7 %.

À l’instar de la SCHL, le FRAPRU constate que c’est dans les logements où les loyers sont les plus bas que la rareté est la plus grande. C’est le cas dans la région métropolitaine de Montréal où les logements se louant 999 $ et moins ont un taux se situant entre 0,0 % et 0,8 %. À Québec, l’ensemble des logements se louant 1099 $ et moins ont un taux inférieur à 0,5 %. Le même phénomène est observé à Gatineau, Sherbrooke, Saguenay et Drummondville. « Ce sont les ménages à faible et modeste revenus qui vivent le plus durement les effets de la crise. Les données le démontrent : favoriser la construction de logements qui sont beaucoup trop chers creuse plus encore les besoins des locataires. Parce qu’il répond tant à la crise de l’offre que celle de l’abordabilité des logements, les efforts gouvernementaux canadien et québécois doivent diriger leurs efforts et leurs investissements vers le logement social, sans but lucratif », rappelle la porte-parole du regroupement.

S’adressant au gouvernement Legault, le FRAPRU lui demande de modifier le tir en finançant adéquatement au moins un véritable programme destiné à la réalisation de logements sociaux accessibles financièrement aux ménages à faible et modeste revenus. Il le presse aussi de cesser de mettre le financement de nouveaux logements sociaux dans la balance de chaque budget. C’est pourquoi il réclame le financement annuel d’au moins 10 000 logements sociaux, sous forme de coopératives, d’organismes sans but lucratif en habitation ou d’habitations à loyer modique (HLM) pour garantir qu’une part des 56 000 logements qu’il veut voir construits annuellement avec sa nouvelle stratégie en habitation ne soient pas tous hors de prix.

Selon le FRAPRU, le gouvernement fédéral, qui s’est beaucoup vanté de ses efforts en habitation dans sa mise à jour économique d’hier, pourrait faire encore beaucoup mieux en réaffectant vers le secteur sans but lucratif l’ensemble des milliards de dollars prévus dans sa Stratégie nationale sur le logement. Le regroupement demande aussi avec le RCLALQ la mise en place immédiate d’un registre public et universel des loyers et un contrôle obligatoire des loyers.

Afin que leurs politiques en habitation aient un effet réellement structurant pour lutter contre l’inflation des loyers, le FRAPRU insiste sur l’importance que tous les paliers contribuent à faire progresser la part occupée par le logement social sur l’ensemble du parc locatif. Selon le regroupement de défense du droit au logement, pour répondre aux besoins les plus urgents, il faudrait en doubler le nombre en 15 ans.

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